DeletedUser22852
Guest
Voici un petit texte écrit à l'instant, qui demanderait sans doute à être retravailler et qui n'est sans doute pas d'un niveau hors norme mais qui moi me plaît bien o.o
Bien sur n'hésitez pas à commenter, un comm' fait toujours plaisir même s'il n'est pas bien long ou très critique
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Elle aurait pu être belle cette femme en face de moi. Avec sa longue chevelure blonde, son visage d'ange et sa finesse. Elle aurait pu.
Sa tête posée contre la vitre du tramway glissait inexorablement, mais à une vitesse infime, vers ses genoux laissés à l'air libre par le port d'une mini-jupe en jeans. Ses yeux étaient dans le vide, ouverts mais sans doute ne regardaient ils rien. Si ce n'est peut être une multitude de points lumineux comme ceux qui nous assaillent lorsque l'on fixe une source de lumière trop longtemps. Au coin de ses lèvres fines, qui auraient pu me donner envie de l'embrasser, une bave blanche peu alléchante demeurait sans couler. Son bras droit gisait sur l'assise d’à côté, amorphe et laissant apercevoir de multiples piqûres.
Cette femme, son regard éteins fixé en ma direction, l'extrême pâleur de sa peau, son bras meurtris... tout en elle m'interpellait. A cette heure tardive, dans ce dernier tramway de la nuit, j'étais assis en face de cette créature tant blessé, si fragile, qui m'offrait un spectacle que je n'avais jamais vu. Je la fixais hébété, elle me semblait irréelle, en dehors de ce monde normé auquel j'appartenais. La fatigue m'étreignait, l'alcool me réchauffait, et cette femme me fascinait. Elle me semblait si calme, si paisible, sans qu'aucun mouvement n'émane de son corps si ce n'est sa tête qui se dirigeait sans discontinuer vers ses genoux.
Bien que le tramway fut relativement remplis pour cette heure tardive, nul autre que moi n'avait voulu s'approcher de cette femme. Moi, je n'avais pu m'empêcher de la rejoindre. Elle m'avait comme hypnotiser. Avait éveillé ma curiosité bien plus que ce travestis qui contait ses exploits sexuels à qui voulait l'entendre. J'avais eu envie d'aller vers elle bien plus que vers cette jeune femme à la mini jupe quasi inexistante et au décolleté ravageur. Des jeunes femmes dévergondées j'en avais déjà croisés plusieurs. Un travestis ? Cela, bien qu'étonnant à croiser, ne me semblait pas hors du commun tant sur eux l'on m'avait conté. Mais cette femme ! Son immobilisme, sa bave qui ne coule pas, son regard dans le vague, son aura de vide et de froideur, le fait que nul ne veuille l'approcher, la déchirure de cet être que l'on pouvait ressentir d'un regard ! Tout en elle m'avait crié de venir. Devant cette douce fleur d'une vingtaine de printemps ma curiosité était exacerbée.
Ma contemplation s'arrêta lorsque mon arrêt s'annonça. Je cessai ma fixation pour l'étrangeté de ce voyage et je me levai.
Les contrôleurs étaient là. Ils montèrent dans le tramway et commencèrent leur office. Lorsque l'un d'eux se dirigea vers moi je lui montrai ma carte de transport et il hocha la tête. Puis il se dirigea vers la femme. Il lui parla, elle ne répondit pas. Il la secoua, elle ne se réveilla pas.
Il mit deux doigts au niveau du cou de la jeune pétrifiée, juste sous sa mâchoire. Après quelques secondes il se tourna vers l'un de ses collègues et tourna la tête de gauche à droite en signe de négation.
Je me dirigeai alors vers la sortie, délaissant la fascination qui fut mienne pour revenir à la réalité. J'entendis un vague «encore une» alors que je passais à côté du collègue.
Je sortis du tramway et pris une grande bouffée d'air frais. Le vent glacé qui me frappait me ramena de la torpeur que le voyage et la fatigue m'avaient amenés. Puis je repensa à ma journée passée, cette première journée des vacances. Et à la journée à venir, celle durant laquelle je devrai assuré lors d'un rencard. Cette pensée me rendit plus léger, me fit sourire. J'étais revenu à la réalité, à ma réalité.
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