DeletedUser
Guest
Pas de la grande littérature mais j'ai retrouvé ça dans mes dossiers et ça reste une histoire intéressante. Voilà le début.
[SPR]La maison était grande, et lugubre. Lugubre était un adjectif qui lui convenait très bien. Elle était un décor de film d’horreur. Une imposante et vieille maison de bois et de pierres perdue au milieu d’un grand jardin sauvage, entre deux chênes immenses aux membrures orangées, et dont les feuilles parsemaient le sol de leurs couleurs éclatantes. Les pièces étaient vastes et certaines poussiéreuses. Il y avait une atmosphère de luxe désuet, comme seules les vieilles maisons lugubres pouvaient en créer. Cette impression ressortait des papiers peints moisis et du mobilier ancien, des chandeliers recouverts de toiles cotonneuses, et des tapis miteux qui recouvraient le plancher usé.
Elle était lugubre car on sentait très bien que personne n’y vivait. Le poste de télévision à écran cathodique se dissimulait derrière une épaisse pellicule grise qui n’aurait pas permis le visionnage de programmes télévisés. Les placards étaient vides, et l’argent des couverts avait verdi. Aucun appareil électrique ne fonctionnait d’ailleurs, dans cette baraque sinistre. Dans n’importe quel habitat moderne, il suffit de faire silence et de tendre l’oreille pour entendre le doux ronronnement d’un engin quelconque, lecteur DVD ou ordinateur, frigo ou micro-onde, et le noir n’est jamais complet, toujours peuplé d’une horde de petits yeux rouges que sont les voyants OFF des machines.
Pourtant, on pouvait remarquer des traces, dans la poussière omniprésente. Des marques d’activité prouvant que quelqu’un allait régulièrement de la porte d’entrée au lourd frontispice de bois, jusqu’aux escaliers de pierre qui montaient à l’étage, et suivant les couloirs, pénétrait dans une chambre. Aussi spacieuse qu’abandonnée, cette chambre ne contenait qu’un lit où l’on ne semblait pas beaucoup dormir, et des armoires pleines de vêtements. Ah, enfin un signe de vie.
Car ces vêtements étaient indubitablement neufs, et fréquemment portés. Il y en avait de toutes sortes, des élégants costumes noirs coupés courts et plutôt serrés, accompagnés des chemises blanches, bleues ou noires, et d’une profusion de cravates, jusqu’aux T-shirt, jean et blousons de cuir comme s’en vêtiraient des jeunes adolescents.
Une seconde porte s’ouvrait dans la chambre. Elle menait à une pièce tenant du bureau, où siégeait d’ailleurs un établi entouré de multitudes de tiroirs de rangements, dans lesquels on trouvait à peu près tout et n’importe quoi, tels clous rouillés et morceaux de cailloux divers, ou encore or, diamants et pierres précieuses.
Et un fauteuil. Du genre avachi avec des coussins de velours rembourrés. Il y avait une ombre, assise. Une ombre, car seules les fenêtres crasses laissaient filtrer la lumière, alors que toutes les ampoules s’étaient depuis longtemps et définitivement éteintes. Cette silhouette immobile et silencieuse comme la mort était un jeune garçon dont on n’aurait pu dire l’âge, sinon, qu’il était jeune. Il avait les cheveux noirs et les yeux nébuleux.
Mais personne ne vivait dans cette maison lugubre. Plus précisément, elle n’était habitée par personne de vivant.[/SPR]
[SPR]La maison était grande, et lugubre. Lugubre était un adjectif qui lui convenait très bien. Elle était un décor de film d’horreur. Une imposante et vieille maison de bois et de pierres perdue au milieu d’un grand jardin sauvage, entre deux chênes immenses aux membrures orangées, et dont les feuilles parsemaient le sol de leurs couleurs éclatantes. Les pièces étaient vastes et certaines poussiéreuses. Il y avait une atmosphère de luxe désuet, comme seules les vieilles maisons lugubres pouvaient en créer. Cette impression ressortait des papiers peints moisis et du mobilier ancien, des chandeliers recouverts de toiles cotonneuses, et des tapis miteux qui recouvraient le plancher usé.
Elle était lugubre car on sentait très bien que personne n’y vivait. Le poste de télévision à écran cathodique se dissimulait derrière une épaisse pellicule grise qui n’aurait pas permis le visionnage de programmes télévisés. Les placards étaient vides, et l’argent des couverts avait verdi. Aucun appareil électrique ne fonctionnait d’ailleurs, dans cette baraque sinistre. Dans n’importe quel habitat moderne, il suffit de faire silence et de tendre l’oreille pour entendre le doux ronronnement d’un engin quelconque, lecteur DVD ou ordinateur, frigo ou micro-onde, et le noir n’est jamais complet, toujours peuplé d’une horde de petits yeux rouges que sont les voyants OFF des machines.
Pourtant, on pouvait remarquer des traces, dans la poussière omniprésente. Des marques d’activité prouvant que quelqu’un allait régulièrement de la porte d’entrée au lourd frontispice de bois, jusqu’aux escaliers de pierre qui montaient à l’étage, et suivant les couloirs, pénétrait dans une chambre. Aussi spacieuse qu’abandonnée, cette chambre ne contenait qu’un lit où l’on ne semblait pas beaucoup dormir, et des armoires pleines de vêtements. Ah, enfin un signe de vie.
Car ces vêtements étaient indubitablement neufs, et fréquemment portés. Il y en avait de toutes sortes, des élégants costumes noirs coupés courts et plutôt serrés, accompagnés des chemises blanches, bleues ou noires, et d’une profusion de cravates, jusqu’aux T-shirt, jean et blousons de cuir comme s’en vêtiraient des jeunes adolescents.
Une seconde porte s’ouvrait dans la chambre. Elle menait à une pièce tenant du bureau, où siégeait d’ailleurs un établi entouré de multitudes de tiroirs de rangements, dans lesquels on trouvait à peu près tout et n’importe quoi, tels clous rouillés et morceaux de cailloux divers, ou encore or, diamants et pierres précieuses.
Et un fauteuil. Du genre avachi avec des coussins de velours rembourrés. Il y avait une ombre, assise. Une ombre, car seules les fenêtres crasses laissaient filtrer la lumière, alors que toutes les ampoules s’étaient depuis longtemps et définitivement éteintes. Cette silhouette immobile et silencieuse comme la mort était un jeune garçon dont on n’aurait pu dire l’âge, sinon, qu’il était jeune. Il avait les cheveux noirs et les yeux nébuleux.
Mais personne ne vivait dans cette maison lugubre. Plus précisément, elle n’était habitée par personne de vivant.[/SPR]