[Coécriture] Le Règne Des Ténèbres [Oeuvre seule]

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DeletedUser7903

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Bonsoir,

Le fruit d’un dur labeur vous est ce soir proposé … Un travail de longue haleine, vous permettant de vivre (et surtout de lire) une histoire ancienne … un mythe que l’on ne vous a jamais conté … Une légende oubliée …

Approchez-vous et entendez l’histoire que nous allons vous conter …

Pour vos commentaires, c'est par ici : LIEN

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Notre monde est ravagé.


Le vent se lève, accompagné par d'imposants noirs nuages, et fait danser le sable de couleur ocre dans de voluptueux tournoiements.

L’atmosphère s’alourdit. Oppressante, elle empêche de respirer. Aussitôt que la pluie se met à tomber, la lourde chaleur laisse place au froid incisif. Les gouttes s’écrasent sur le sable, et creusent des cratères de par leurs poids.



Notre monde est détruit.​

Les dieux nous ont abandonnés. Les dieux nous haïssent, ravagent nos terres, et laissent libre cours à leur colère.

Zeus, le maître de l’Olympe, détruit nos villes et nos cultures, et par là, anéantit tous nos espoirs à travers de ténébreux orages.

Poséidon, seigneur des océans, libère de terribles tempêtes, qui démolissent et réduisent à néant nos flottes, mais aussi des monstruosités sans nom dans nos mers.

Délaissant sa bonté et sa justesse, Héra nous ignore, nous, les hommes, êtres à la fois vulgaires et couards.

Arès, dieu de la guerre, déchaîne des hordes de monstres sur les terres lointaines, qui assiègent les cités, pour, enfin, exterminer les hommes y habitant.

Hermès nous abandonne, et nous laisse vivre dans la pauvreté absolue, car nous sommes incapable de commercer sans faire couler le sang.

Héphaïstos libère le feu de ses forges à travers nos villes, pour les brûler et les mettre à sac. On raconte que des monstres de flammes et d’ombres surgissent des ténèbres pour emporter nos frères et nos sœurs dans les profondeurs infernales de la Terre.

Athéna retire la grâce de la réflexion et de l’art, laissant l’humanité seule et abandonnée dans la noirceur libérée par Zeus.

Apollon chante notre fin, de sa voix douce et mélodieuse, mais il nous a enlevé toute réception de sa beauté : désormais, seules nos plaintes amères et lugubres, seuls nos cris de douleur fendent le silence.

Hadès, maître des enfers, réfléchit et observe... Que fait-il ? Que veut-il ? Il attend patiemment, tapis dans l'ombre qui lui est sienne...



Notre monde est défait.​

L’humanité court à sa perte … Les dieux nous ont abandonnés. Nous sera-t-il seulement possible de nous relever, de nous battre et de nous sauver de cette fin ?

On entend des murmures dans les enfers … Les dieux de l’Olympe craignent et tremblent, car eux savent ce qu'il va advenir de l'humanité.



Chante ô Muse comment deux vaillantes jeunes femmes,
Descendantes des divinités olympiennes elles-mêmes, ont réussi à ramener l'ordre et la sérénité sur nos terres,
Chante comment elles ont sacrifié tant de choses pour que le sourire revienne sur nos lèvres,
Chante, enfin, à quel point elles ont fait preuve de bravoure pour affronter des monstres plus horribles les uns que les autres,
Chante le mythe de Dioné et Calypso ...
 
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DeletedUser16174

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La Grèce, cet endroit si paisible et si agréable naguère, est en proie à de terribles tourments. Pas une seule cité n'échappe à la colère divine, pas un seul homme n'est exempt du châtiment des dieux . Certes, certaines cités sont relativement protégées : les punitions qui leur sont affligées sont plus supportables que pour d'autres, les dieux plus enclins à retenir leur haine farouche. Thèbes, dont la notoriété ne fait plus de doutes, est l'une des cités que l'on peut considérer comme bienheureuses : les dieux ne demandent qu'un "simple" sacrifice de 100 boeufs, et de 2 jeunes gens de bonne famille à chaque solstice ; en échange, les dieux épargnent les Thébains.

Mais cette soumission n'est pas au goût de tous : les autres Grecs crient à la trahison, à la couardise, et disent des Thébains qu'ils sont des hommes faibles, et des suppôts des Olympiens, indignes de leur fondateur Cadmos. Le coût de cette paix leur fait horreur, cette liberté sacrifiée les dégoûte. De leur côté, les Thébains clament leur innocence, tentent de raisonner leurs semblables de l'utilité de cet asservissement forcé. Au sein même de la communauté, le débat fait rage. Certains voient dans cette soumission une négation de la bravoure des habitants, de la virilité de leurs soldats, et de la noblesse de leurs dirigeants. D'autres trouvent, dans ce sacrifice, source de
bonheur et d'espoir.

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La dispute​

"Source de bonheur et d'espoir ?", crie une voix féminine, "j'espère, mère, que vous plaisantez !"

Cette voix, c'est celle de Dioné, fille de riches marchands thébains, Autolycos et Ismène. Dans cette voix, on sent une certaine fierté effarouchée, mais aussi une grande force et une grande volonté. Elle est jeune - elle est seulement âgée d'une vingtaine d'années - mais ses traits trahissent une certaine maturité d'esprit. Elle est plutôt grande, svelte et élancée. Sa taille - nerveuse - est généralement ceinte d'un baudrier, et la tunique qui la couvre, est celle des guerriers : ses bras et ses genoux sont intégralement découverts permettant ainsi à la jeune femme une plus grande liberté dans ses mouvements. Ses yeux sont d'un bleu pur, et ses cheveux, coupés courts et bouclés, sont d'un noir de jais, ce qui tranche singulièrement avec sa peau pâle. Elle n'est pas particulièrement belle, mais sa stature, emprunte de noblesse, impressionne ses interlocuteurs.

Dans la scène qui nous occupe, elle se tient face à sa mère, les bras croisés et l'attitude renfrognée. On dirait une amazone : ses yeux étincellent, et défient sa mère. Sur le visage de cette-dernière, on y voit la marque du temps et de l'expérience, mais aussi celle de la tristesse et du malheur. Ses vêtements maintes fois portés, ont piètre allure. Le contraste entre la mère et la fille est tel qu'au premier coup d'oeil on ne peut soupçonner un quelconque lien de parenté. De même, la discussion qui les oppose accroit ce sentiment de différence.

" Ma chère enfant, c'est pourtant la vérité, répliqua la vieille femme, : la bénédiction des dieux nous permet de vivre sereinement, de songer à un futur... Notre futur !

- Mais quel futur, mère ? Je vous le demande ! Des innocents sont tués, et nous, nous restons insensibles face à une telle barbarie ! Où est donc passé le courage qui faisait l'apanage de nos ancêtres ?

- Nous sommes courageux d'accepter ce sacrifice, Dioné, dit gravement sa mère."

Dioné réprime un rire. Décidément, sa mère la surprendra toujours : elle ne comprend pas ou ne veut pas comprendre que l'histoire de Thèbes est désormais sans avenir. Même si les dieux daignent se montrer cléments envers les Thébains, la pression autour de la cité est telle qu'elle étouffe la moindre opportunité de changement. Mais, la jeune femme fait partie de ces mécontents qui conspuent la politique castratrice du roi de Thèbes, Antinoos, et qui, de fait, aspirent à une toute autre destinée. Par ailleurs, les mesures coercitives des dieux la fortifient dans son jugement : elle fera tout pour que la liberté déploie de nouveau ses ailes au-dessus de Thèbes, doit-elle mourir. Mais lorsqu'elle en parle autour de soi, elle ne reçoit que moqueries et insultes. Ces fous s'aveuglent volontairement, grand bien leur fasse ! Après tout, l'aventure l'appelle ailleurs, car le carcan dans lequel elle est maintenue l'insupporte. Elle veut vivre, vivre de ses propres choix, et ne plus courber la tête comme le font ses amis.

"Hé bien, moi, je ne veux pas de ce sacrifice ! Mère, écoutez-moi bien : je sens un bouillonnement au fond de moi-même, et ce bouillonnement m'incite à partir d'ici, à m'échapper de ce repère de soldats fantoches ! Si Père voyait cela, il pleurerait de honte et m'approuverait !

- Ne dis pas ça Dioné !" On sent une pointe d'angoisse apparaître dans la voix d'Ismène. "J'ai déjà perdu ton Père dans la guerre qui opposa Thèbes contre Athènes, et je ne veux pas te perdre à ton tour . Je t'aime, ma fille. Oh, Dioné, Dioné, pourquoi es-tu sujette à ces pensées insensées ? Réfléchis un instant, et comprends enfin pourquoi des jeunes gens se sacrifient pour que nous puissions vivre dans la paix et non plus dans le carnage et le malheur.

-Ah oui ? Vous croyez que des enfants de 10 ans ont leurs mots à dire ? gronde Dioné. Vraiment, Mère, je ne vous suis plus. Accepter une telle infamie...

-Et comment vas-tu t'y prendre pour régler tout ça ? Comment ?! hurle sa mère dans un accès d'hystérie. "

Dioné réfléchit un instant. Il est vrai qu'elle n'a pas de plan bien défini, mais elle ressent un appel, un appel qui la tiraille au plus profond de son être. Même si elle se range à l'avis de sa mère, elle sait qu'elle ne peut résister à cette voix tentaculaire. La volonté de combattre, la rage de vaincre occupent son esprit nuit et jour. C'est d'ailleurs une caractéristique qui n'est pas partagé dans sa famille. Si son père avait un sens de l'honneur aigu, il n'était pour autant pas assoiffé de combats et de sang, il était même plutôt pacifiste. Quant à sa mère, elle est pour un parti garant de l'ordre, et ce genre de sentiments propre aux têtes brûlées la rebute. Dioné en fait justement les frais.

" Mon plan, je l'aurai en cours de route... commence Dioné.

- En cours de route ?! Vraiment ?! coupe sa mère. Avec ça, je vais te retrouver morte au premier croisement de chemins ! Ma f...

- Ca suffit ! rugit Dioné. J'en ai assez ! Assez de cette cité qui ne mérite plus son renom de bravoure, assez de t'entendre dire que tout va pour le mieux ! Je pars, mère, adieu !

- Dioné, non !"

Mais il est trop tard. Sa fille attrape son manteau et sa bourse et part d'un pas décidé de sa maison. Cette fois-ci, elle ne se perd pas en vaines paroles, cette fois-ci, elle agit, et pour de vrai. L'aventure... quel mot délicieux, quel mot enivrant ! Elle se sent de taille d'affronter ces dieux tortionnaires et cruels, qui trainent l'Humanité dans la boue. Une fois arrivée sur le port qui se trouve à plusieurs lieues au nord de Thèbes, elle s'arrête et regarde la mer qui semble calme et paisible. C'est d'ailleurs l'un des rares rivages grecs qui présentent une mer aussi laiteuse. Elle repense à sa mère, et sent un pincement dans son coeur. Elle s'en veut quelque peu de s'être laissée emporter, mais il le fallait. Si elle veut aller de l'avant, elle doit couper, en quelque sorte, le cordon, et voguer de sa propre barque. Certes, elle ne sait pas où celle-ci va l'emmener, mais elle sent qu'une grande épopée se prépare. Et cette idée la réjouit du plus profond de son âme.

 
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DeletedUser7903

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La Grèce, cette contrée anciennement si calme et si plaisante, est aujourd’hui terre de tourments et débâcles. La vie n’est plus ce qu’elle était, les dieux haïssent l’humanité. Certaines cités survivent tant bien que mal tandis que d’autres ne sont plus que champs de ruines et villes abandonnées. Personne ne se souvient comme tout a commencé … personne ne se souviendra pourquoi nous ne sommes plus là. On raconte que la vie va s’éteindre.

Samos, ancienne cité portuaire florissante n’est aujourd’hui plus qu’une ombre. Elle est dévastée et la noirceur recouvre tous les murs. Le port est rempli de bateau aux coques pourrissantes et au plancher dévasté par les mousses et la pourriture. Elle est tout le contraire, raconte-t-on, de Thèbes qui survit en s’étant allié avec les anciens dieux. Samos n’est qu’une ruine où survivent les délaissés et les clochards. Même les gardes de la cité ne sont plus ce qu’ils étaient.


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- Trouvez-moi cette sorcière … annonce clairement la voix ténébreuse et grasse du chasseur de têtes, comme on l’appelle ici. Trouvez là, et vous serez bien payé. Il jette sa bourse en l’air, laissant apparaître quelques pièces d’or avant que sa main ne se referme dessus.

Le chasseur de têtes … l’homme à craindre dans cette région sinistre et reculée qu’est devenue la province de Samos. Son regard, d’un bleu glacial est capable de transpercer l’âme et de vous faire ressentir la froideur la plus absolue au fond de vos entrailles.

Les hommes présents dans la pièce sont mal rasés, leurs regards malicieux sont tournés vers les pièces d’or contenu dans la main du chasseur de têtes. Le sourire de ce dernier s’élargit en observant l’avidité qui les anime. Il raccroche la bourse à sa ceinture et énonce de voix sombre qu’il est temps d’y aller. Les hommes se dispersent dans le noir des rues voisines, comme des ombres, ils se cachent à la vue de tous et commencent à marcher dans les rues, les couteaux à portée de main.

- Je te trouverais … Je te trouverais, murmure la voix lugubre du chasseur de têtes.


La lune est pleine ce soir, qui dispense lentement sa lumière crue et blafarde sur la vieille cité de Samos. Quelques nuages d’un noir de jais volètent çà et là, transposant des tâches d’ombres et d’invisibilité.

On peut distinguer un jeu femme, fine et svelte, ces longs cheveux ondulant dans la légère brise. Elle porte dans son dos un carquois et un arc, aussi fin et délicat que les traits de cette apparition sont doux et exquis. Son regard vif et acéré suit les formes brumeuses et cachées qui se baladent dans les sinistres rues. Elle se laisse alors glisser silencieusement du toit et disparaît dans l’ombre d’une rue.

On entend alors un hurlement de peur qui s’arrête aussitôt … désagréable sensation que de savoir la mort rôdant dans les rues, prête à vous sauter à la gorge, à verser votre sang sur les pierres mal taillées ornant le sol. Un second déchire la nuit, bafouant quelques mots incompréhensibles. Et puis un troisième.
L’un après l’autre, les hommes chassant la sorcière tombent dans les limbes de l’oubli, n’étant rien de plus qu’un tribu à payer pour survivre. Les gorges tranchées, les cœurs transpercés et les yeux crevés, c’est ainsi qu’elle les laisse, comme trace de son passage. Parfois, on aperçoit le reflet de la lune sur la lame, où le sang glisse comme l’eau sur la peau, mais il est déjà trop tard pour espérer fuir et survivre. C’est alors que la lame rencontre la peau, la tranchant comme s’il ne s’agissait que d’un morceau de viande tendre n’offrant aucune résistance. Et c’est là que les cris s’arrêtent, dans les bulles gargouillant à travers le sang chaud et frais, giclant par saccades et qui arrose les murs environnants.

Le chasseur de têtes entend tous les cris et en les dénombrant, il sait qu’il est le dernier, qu’il n’y a plus personne. Il attend patiemment, debout sur la petite place, pleinement éclairée par la lumière de la lune. Il la voit, montant les marches, belle et terrible en même temps, admirable et désirable tout en étant repoussante et menaçante.


- Je ne devrais pas être étonnée, je suppose ? demande-t-elle d’une voix douce et attirante, comme la voluptueuse mélodie que l’on peu entendre avant de s’endormir. Qu’est ce que tu fais là ?
- Ce que je fais là ? Ha ha ha ! Je ne fais que ce que l’on m’ordonne ma chère, et ça tu le sais ! J’exécute ses ordres.
- Ne prononce pas son nom ici, dit-elle de sa voix calme et posée, comme un avertissement à ne point ignorer.
- Et qui es-tu, toi, pour te permettre de t’adresser à moi comme ça ?
- Garde ta langue derrière tes dents et ferme donc cette bouche qui n’a que trop parlé ! Garde tes mots pour toi, méprisable ensorceleur.
- De nous deux, on sait bien qui est quoi … Toi et moi savons très bien ce qu’il adviendra lorsqu’il t’appellera … Mais est-ce que tu répondras ?
- Garde tes mots pour toi ! hurle-t-elle en s’élançant vers le chasseur de têtes.

Il est surpris par la vivacité de son action. Elle plante sa lame dans son épaule, lui arrachant un cri de douleur, transperçant le calme de la petite place. Il tombe, déséquilibré par la force de Calypso. Le sang perle déjà à sa bouche, l’empêchant de respirer normalement.

Elle retire la lame vivement, lui arrachant un gargouillement épais et gras avant qu’il n’éclate de rire.

- Tu ne sais pas ce que tu viens de faire …
- Ne t’inquiète pas pour moi, je le sais très bien. Passe donc le bonjour à mon père.

Elle lui tranche alors la gorge et son sang se déverse sur les pierres blanches en un liquide visqueux et poisseux.

Elle s’éloigne lentement, sans un regard en arrière pour ces morts laissés pour compte. Les nuages se dispersent et désormais la pleine lumière de lune éclaire les rues. Il n’y plus d’ombres, plus de noirceur … pour l’instant du moins.

Et le vent murmure alors, d’une tonalité sans égale, d’une douceur sans pareille, le nom de Calypso …

 
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DeletedUser16174

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Quelques jours après l'incident entre la mère et la fille, la ville de Thèbes est touchée par des catastrophes naturelles d' une violence inouïe, et rappelle aux autochtones l'époque où Thèbes n'avait pas encore signé le pacte. En effet, la ville subit un déchaînement des éléments. La foudre, venant de nulle part, semble crever le ciel de ses piques lumineuses et déchire, dans un bruit assourdissant, l'ensemble de la cité. De son côté, le feu lèche avec amour les maisonnées faites de bois, dégageant une fumée qui encombre les bronches et étouffe les habitants. Des trous apparaissent un peu partout et on y voit sortir de terribles engeances qui capturent les hommes pour les emmener dans les tréfonds de la Terre. On les distingue à peine de l'ombre dans laquelle ils sont enveloppés, mais on devine aisément l'horreur de leur apparence.

Cette mascarade divine se joue sur un air de gémissements plaintifs, et d'hurlements de terreur. Le spectacle est aussi affligeant que terrible : ici, des hommes se font égorgés, là, des femmes et des enfants, partis se protéger dans leurs masures, sont brûlés vifs.

"Les Dieux sont en colère", crie-t-on un peu partout.

La stupeur cède le pas à la panique et à l'incompréhension : les Thébains ont toujours respecté la parole divine, mais quelle est leur récompense de tant de piété ? L'anéantissement de leur ville, et de leur liberté si chèrement achetée.


De sa tour d'ivoire, le roi Antinoos assiste, impuissant, à ce désastre.

"Sire, l'oracle que vous avez quémandé, est arrivé, chuchote un serviteur à l'oreille de son maître.

-Fort bien, amenez-la moi."

Le serviteur, d'un mouvement sec de la tête, fait signe aux gardes de laisser passer la porte-parole des dieux. Celle-ci est incroyablement jeune : elle a, au plus, une dizaine d'années, mais les traits graves de son jeune visage impose à celui qui la regarde un silence respectueux.

"Jeune fille, qui a reçu le don de prophéties des mains du lumineux Phoibos, dis-moi pourquoi les dieux s'acharnent sur nous ; pourquoi leur haine implacable détruit tout ce que nous tentions de sauvegarder ? "

On sent dans la voix du roi une certaine fébrilité, et c'est même tout son corps qui est parcouru de convulsions.

"Nous avons tout fait, tout essayé ! Nous adorons nos dieux, nous n'avons rien à nous reprocher, continue-t-il aux bords des larmes. Pourquoi nous punit-on ? C'est totalement injuste !"

La jeune sibylle reste muette, le regard vague, et le corps inerte. Tout d'un coup, elle entre dans une espèce de transe qui la soulève à quelques centimètres du sol. Son corps se crispe, ses pupilles se dilatent, sa bouche laisse échapper des murmures rauques incompréhensibles. Quelques minutes après, la jeune fille reprend son maintien habituel, et d'une voix monocorde, clame :

"Ô mortels, roi, princes, soldats, femmes, enfants et vieillards, votre plus grande faute est de forger les chaines de votre propre perte. Pour mieux détruire le Pacte, vous faites prospérer la vermine qui ronge les liens sacrés. De Thèbes la Grande, il ne restera, demain à l'aube, qu'un tas de débris fumants."

Sur le visage de chacun, on peut y lire l'horreur et la stupéfaction. Personne n'ose vraiment croire à ce que vient de dire l'oracle.

"Vous voulez dire que nous vous... trahissons ? demande le roi complètement dérouté." Sa question reste lettre morte. Sans dire un mot de plus, la sibylle sort de la salle d'un pas éthéré, laissant derrière elle une salle hébétée.

*********************************************************​

Même à des kilomètres de Thèbes, la Nature n'est pas amicale avec les hommes. La mer est entrée dans une sorte de ballet anarchique avec les autres éléments, tandis que le vent l' accompagne de son souffle pesant. Les bateaux qui se trouvent dans la rade, sont chahutés, renversés, retournés ; le quai n'est plus qu'un immense spectacle de désolation et de destruction et tous les habitants de ce petit port ont fui ce massacre.

Tous ? Non. Dioné se tient droite face au déluge, comme si, par sa désinvolture, elle veut provoquer les dieux. Elle a, d'ailleurs, depuis longtemps flairé la supercherie divine, c'est-à-dire que ce fameux pacte entre les dieux et les thébains n'était qu'un répit, pour elle, avant la tempête. Ses sentiments sont, de fait, partagés entre une vive colère, mais aussi de l'inquiétude pour les Thébains, et plus particulièrement pour sa mère restée en ville. Que se passe-t-il là bas ? Sont-ils sauf ? Mais au fond d'elle-même, elle sait que la fin de Thèbes et de ses habitants est arrivée. Sa mère, sa chère mère... Que va-t-il lui arriver ? La mort, oui, la mort ! tout comme l'immense majorité des habitants de Thèbes... A cette pensée, une haine implacable la saisit : elle vengera sa mère. Non, mieux, elle vengera Thèbes toute entière de cet infâme parjure...

Soudain, un bruit sourd près d'elle la sort de sa torpeur.

"Qui va là ? crie-t-elle."

Elle n'a, en guise de réponse, que ses propres paroles en écho. Mais malgré tout, elle sent une présence près d'elle.

"Qui êtes-vous ? continue-t-elle. Je sais que vous êtes là, montrez-vous !"

Toujours rien. La jeune femme décide de prendre un morceau de bois qui se trouve à proximité d'elle en guise d'arme. La respiration haletante, elle s'approche, méfiante, du lieu incriminé...
 
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DeletedUser7903

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Le port de Samos est délabré … triste et sombre. La moisissure s’incruste entre les pierres et la mousse rend le sol glissant et sale. La puanteur d’un poisson pourri s’élève dans l’air, odeur pestilentielle se déversant entre les vieilles maisons encrassées et souillées par la noirceur de Samos.

D
e nombreuses coques délabrées gisent et flottent sur les eaux huileuses d’un noir sans nul pareil. Les voiles sombres sont déchirés, et claquent dans le vent. Le soleil est voilé, invisible, dispersant une lueur à peine blafarde.

Le port de Samos est une horreur sans nom …



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- C’est une véritable ruine. Une coque à peine capable de flotter encore sur les eaux. Et vous devriez le savoir, que peu d’entre nous s’éloignent trop des côtes … Vous savez bien, la peur des eaux noires.
- J’ai besoin d’un bateau avec un équipage, annonce Calypso d’un ton froid et glacial, tout en observant l’homme au visage ravagé.
- Je ne peux rien faire pour vous … Il faut que vous …
- Suffit.

Tout en lui coupant la parole, Calypso se retourne et s’éloigne vers un autre homme présent sur le port, proche d’une coque tout aussi horrible que la dernière.
Encore une fois, il ne s’agit que d’un homme dont les tripes sont déjà parties, loin, pour s’éloigner des zones où la terreur règne. Encore une fois, celui-ci ne peut rien pour elle.

Calypso s’éloigne alors prestement du port et remonte les rues froides de Samos en se dirigeant vers un ancien balcon, lui permettant alors d’observer pleinement le port et les navires voguant à proximité.

Les vieux navires ne supporteront pas un voyage dans les eaux lointaines. S’ils restent près des côtes, c’est dans l’unique espoir de pouvoir revenir promptement en cas de soucis. Mais la plupart n’y arrivent jamais et se brisent sur les rochers pointus fermant les baies de Samos.


L
e regard vif et acéré, elle observe les bateaux sur les flots calmes et paisibles. C’est chose rare en ces temps troublés. Certains ont l’air d’être plus robustes et l’on peut voir les pêcheurs jetant les filets dans l’eau dégoûtante dans l’espérance folle et vaine de ramener quelques maigres pitances. Mais c’est bien souvent là source de désillusion. Lorsqu’ils remontent leurs filets, c’est pour y trouver des poissons maigres et immangeables ou alors des nombreuses algues impropres à la consommation. Les temps sont durs … La vie tout autant.

Les heures passent, les nuages s’estompent et le vent commence à tomber. Calypso observe toujours l’immensité de l’océan s’ouvrant devant Samos en attendant de voir une voile au loin. Lorsque le soleil apparait alors en dessous du dernier nuage, frôlant la surface de l’eau, elle aperçoit une forme fugace et presque impossible à discerner. Un navire voguant vers Samos, les voiles hautes et d’un noir d’encre. Les rames sont sorties à bâbord et à tribord et les hommes sont en train de souquer ferme pour que le navire quitte les eaux sombres du lointain océan.

Calypso se redresse et met sa main pour se couvrir les yeux de la puissance du soleil. Elle regarde le navire avec une attention renouvelée. Sa coque semble robuste et ses 3 mâts également. Les voiles sont propres et solidement attachées. La figure de proue ressemble, à s’y méprendre, à une furie des anciens dieux. Elle regarde encore une fois le navire de sa haute position et lorsqu’il s’avère que celui-ci réduit sa voilure et que les hommes réduisent la cadence pour pénétrer dans le port de Samos, elle se laisse tomber agilement dans les rues alors sombres pour rejoindre le port hâtivement.


- Allez bande de bras cassés, rangez moi les voiles ! Remontez les cordages ! Que les rames soient rentrées ! Faites attention à la coque !
- Capitaine, le port de Samos est réellement … pourri.
- Je le sais bien. Que les armes soient aiguisées, nous repartirons demain. Les lances doivent être prêtes et le cordage solidement attaché. Que des hommes aillent chercher nourriture et vin pour ce soir. Que demain ils soient prêts.
- Bien capitaine.

Le capitaine, un homme à la stature haute et à la barbe finement ciselé observe le port de ses yeux sombres. Son regard glacial regarde les hommes sales et puants vagabondant sur le port, mais il remarque alors la silhouette fine d’une femme aux cheveux ondulant dans la brise légère et malodorante de ce port délabré. Elle s’avance sur le ponton de bois pourrissant et regarde le navire d’un regard profond et silencieux.

- Qui êtes-vous ? demande le capitaine d’une voix grave et ténébreuse.
- Une simple voyageuse … j’ai besoin de rejoindre d’autres côtes. Est-ce possible ?
- Vous êtes armé à ce que je vois. Savez-vous simplement manier cet arc et votre épée ? questionne le capitaine hilare avant d’une flèche siffle à son oreille et se plante dans le gouvernail.
- Cela répond-il à votre question ? Un sourire fin illumine les traits de Calypso.
- Votre nom ? réclame le capitaine.
- Calypso …
- Bienvenue sur le passeur noir !

En pénétrant sur le navire, elle observe les hommes, tous de grands gaillards, musclés et basanés. Des cicatrices ornent leurs visages, arborées comme des récompenses et des marques de prestiges.


- Capitaine, pourquoi l’avoir prit à notre bord ? demande négligemment le second du navire.
- Parce que je sens que nous allons avoir besoin de sa présence lorsque nous mettrons la main sur ce monstre … Parce qu’elle nous sera utile lorsque nous croiserons les fers avec le Kraken.

 

DeletedUser16174

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La respiration haletante, elle s'approche, méfiante, du lieu incriminé...


La révélation​


La luminosité est telle qu'on ne voit guère au-delà de cinq mètres devant soi. Et il faut bien dire que cela n'arrange pas l'affaire de notre héroïne. Celle-ci tente vainement de discerner parmi les ténèbres la chose ou la personne qui venait d'apparaître. Elle se sent fébrile, dans une sorte d'état second qu'elle n'a jamais connu auparavant. Elle est comme une bête chassant sa proie, prête à bondir, à l'affût du moindre mouvement, du moindre bruit, du moindre faux pas de son adversaire.

Le bruit émane de derrière les débris d'un des entrepôts du port. Et, au fur et à mesure que Dioné se rapproche du tas de ruine, son rythme s'accélère, donnant l'impression que la chose ressent elle aussi la même excitation que la jeune Thébaine. Lorsque celle-ci arrive à proximité de la source, le bruit stoppe net : le raclement sourd laisse place à un murmure rauque qui répète inlassablement, tel un écho, le prénom de la jeune femme.

"Comment connaissez-vous mon nom ? crie-t-elle, surprise. Sortez de là, lâche !"

Dioné ne reçoit qu'en guise de réponse, un rire aigue. Enfin, l'être mystérieux apparait : sa physionomie est hideuse et ferait frissonner n'importe quel mortel ordinaire, ce qui, vous vous en doutez bien, n'est pas le cas de notre héroïne. Cet être est une femme grande et forte, et sa musculature anormalement développée. On comprend aisément son penchant pour l'art de la guerre par son apparence : elle porte armure, casque et cnémides. Quant à son visage, il est étroit et parcouru d'affreuses balafres. Ses yeux sont petits et exorbités, et sa bouche semble former un perpétuel rictus.

"Par tous les dieux... commence à dire Dioné.

- Dioné de Thèbes, enfin tu es face à moi ! Depuis le temps qu'on me parlait de toi... Je brûlais d'envie de te connaître. Oh, mais je suis impolie, je ne me suis pas présentée : je suis Phobos, déesse de la Terreur, et compagne d'armes du dieu Arès.

- Et vous êtes venue pour me tuer, j'imagine.

- Pas si vite, mortelle, pas si vite. Vous êtes au courant, je pense, de la prophétie qui vous concerne ? demande la déesse d'un ton mielleux.
- La prophétie ? Quelle prophétie ?

- Aaah, la jeune lionne n'est pas au courant de ses origines, n'est-ce pas ?

- Mes origines ? Bien sûr que oui ! Je suis la fille d'Autolycos et de...

-... et d'Ismène de Thèbes. Oui, oui, oui c'est ce que tout le monde s'accorde à dire. Mais..., dit-elle dans un souffle, ce n'est pas la vérité !"


A ces mots, elle se rapproche de Dioné, l'air satisfaite d'elle-même. Son visage n'est plus qu'à quelques centimètres de la jeune femme. Une odeur putride emplit les narines de Dioné, comme si elle était à côté de vieilles carcasses pourrissantes.

"Et quelle est cette vérité ? demande Dioné, dédaigneuse.

- Votre mère ne vous a jamais relaté les circonstances étranges de votre venue au monde ? Non ? Oh, comme c'est dommage... Bien, bien, bien,
laissez-moi vous expliquer tout cela."


Elle prend Dioné par la main, et la fait s'assoir à côté d'elle, sur un morceau de mur. Tout en lui caressant la main, elle lui dit dans un ton de confidence :

"Il arrive parfois que nous soyons sûrs de nos connaissances, mais il s'avère que nous nous trompons lourdement. Vous croyez être la fille d'Autolycos et d'Ismène ? Et bien, non. Les dieux aiment rendre visite aux mortels, et bien souvent à leurs femmes. Le Père des Dieux, Zeus, est celui qui compte le plus de "visites" à son actif, au grand dam de sa femme par ailleurs. Mais il n'est pas le seul, ses enfants sont aussi de grands coureurs : Phoibos, Dionysos mais aussi mon maître, Arès...

- Je ne vois pas le rapport avec mon histoire, ni avec la prophétie.

- Soyez patiente, répond la déesse avec sécheresse. " Reprenant un ton plus doux, elle continue en ces termes :

"Et donc, disais-je, Arès aime lui aussi descendre jusqu'aux mortels de temps à autre, en-dehors des champs de batailles bien sûr. Or, il s'est entiché d'une jolie jeune femme, qui s'était retrouvée seule après le départ - récent - de son époux. Prenant les traits d'un fort joli pâtre, il se mit en quête de la séduire. Et comme rien ne résiste aux toutes-puissantes divinités, mon maître put se prélasser dans les bras de sa belle. Mais comme toute conquête, celle-ci fut éphémère, et bientôt Arès repartit vers de nouveaux horizons, vers de nouvelles femmes, laissant son amante dans une honte sans pareille. Et cette honte, ce fut un enfant : ce fut vous, Dioné. Oui, votre père n'est pas cet imbécile d'Autolycos, mais le massacreur des foules, le magnifique Arès ! "

La jeune femme, pendant tout le récit de la déesse ne pipe mot : elle ne parvient pas à réaliser qu'elle n'est pas une simple mortelle, mais en réalité une demie-déesse.

"Venons-en à la prophétie... Ah, je crains que ce soit le passage le plus ennuyeux pour vous. Oh oui... "

La déesse rapproche la jeune femme d'elle et lui murmure dans l'oreille :

"Vous qui maîtrisez le destin de chaque mortel, vous ne pouvez échapper au vôtre. Vous qui furent les bourreaux, vous voilà maintenant victimes. Votre propre chaire issue du monde d'en bas sonnera la trompette de votre crépuscule. Voilà ce que l'Oracle dit. Voilà pourquoi je suis ici.

- Et c'est pour ça que vous tuez des milliers d'innocents ? Si vous saviez que je devais mourir, pourquoi avoir assassiné autant de gens ? gronde Dioné.

- Ma chérie, vous ne vous rappellez pas de l'histoire de ce titan, Prométhée ? Il sauva l'Humanité d'un terrible faux pas, en lui donnant la possibilité de maîtriser le feu divin. Ainsi, les hommes purent survivre. Mais Zeus, outragé par un tel affront, envoya un nouveau fléau : la femme. Nous pensions que les mortels allaient se tenir tranquilles pour l'éternité, jusqu'à ce que l'Oracle nous prouve le contraire. Alors, une bonne fois pour toute, l'Assemblée des Bienheureux Olympiens ont décidé de détruire l'Humanité.

- Donc au final, vous êtes venue pour me tuer.

- Oui, bien sûr, bien sûr... Mais je voulais tout de même vous expliquer pourquoi. Après tout, vous êtes la fille du dieu de la guerre... "

En prononçant ces mots, elle sort un poignard de son fourreau, tout en serrant fermement Dioné contre elle.

"Meurs", lui souffle-t-elle dans l'oreille.

Mais Dioné ne lui laisse pas l'occasion d'accomplir son funeste plan : la déesse n'avait pas remarqué que la jeune femme avait ramassé prestement une pierre. De toutes ses forces, elle frappe Phobos en pleine tête, et se met à courir le plus vite possible. Celle-ci se met à crier de rage, et poursuit avec hargne la jeune Thébaine. Elle est presque au niveau de Dioné, lorsque soudain une force invisible enveloppe la Terreur et la fait disparaître dans un bruit assourdissant.

Elle ne sait pas qui ni quoi est à l'origine de cette disparition, mais elle sait que "cette chose" l'a protégée. Après s'être remise de ses émotions, elle continue son chemin, méditative, jusqu'à une plage jouxtant le port. Ainsi les dieux sont contre elle. Que va-t-elle faire ? Où trouver un asile ? De l'aide ? Mais de nouveau, un élément l'a fait sortir de ses réflexions. Il fait trop sombre pour que Dioné puisse apercevoir quoique ce soit...
 
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L’océan … lieu désormais maudit où l’homme n’est plus à sa place.
L’océan … sombre et noir, contrée des abominations divines que l’on veut voir.
L’océan … endroit où nul ne s’aventure plus.


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Le vent ne souffle pas, les voiles restent désespérément pendues, ne pouvant faire se mouvoir l’immobile navire en train de cuire sous l’implacable soleil. Les hommes dégoulinent de transpiration en souquant ferme, dans l’espoir de gagner quelques nautiques sur leur proie. Les cris du capitaine donnent du courage aux hommes … ou serait-ce la peur du fouet du bourreau qui fait qu’ils se donnent pleinement ? Ou alors l’espoir d’une somme d’or faramineuse lors de la capture de la bête ?

Calypso se tient à l’avant du navire et observe l’immensité plate de l’océan. Pas une vague, pas une voile, pas un oiseau … Elle se souvient du temps où quelques mouettes faisaient compagnes des bâtiments au large, tentant ça et là de récupérer un poisson une fois la pêche accomplie … Mais tout ceci est révolu. Tout ceci fait partie des anciens temps.

Ca … lyp … so …

Elle se retourne prestement et regarde les hommes sur le navire. Tous sont concentrés dans leurs tâches et aucun ne la regarde. Le murmure de son nom ne vient donc pas d’ici. Son regard scrute à nouveau l’océan, dans l’espoir d’apercevoir quelque chose.

Ca … lyp … so … Tu … ne devrais pas être là …


Elle se retourne une nouvelle fois et regarde le capitaine qui la fixe alors de son regard sombre en souriant de ses dents pourries. Son visage dévasté par les journées en mer se détourne alors tout aussi vite que son sourire s’efface. Calypso ne sait quoi penser de cet homme : pourquoi est-elle ici, à bord de son navire ?


- Capitaine … Le soleil est réellement une plaie. Et les hommes réclament une pause … annonce le second.
- Le soleil est une plaie ? Hahaha ! Veux-tu voir ce qu’est une plaie ? demande-t-il en sortant son épée et en la plaquant sur la gorge de son second.
- Non … capitaine, répond le second difficilement.
- Annonce aux hommes qu’ils doivent souquer plus vite s’ils veulent manger ce soir.

Son regard se balade sur son navire, observant les détails de ses anciennes batailles. Observant les cicatrices laissées par cette chose immonde, fils bâtard des océans. Il entend de nouveau les cris de ses hommes morts, happés par les gigantesques tentacules et impitoyablement broyés et écrasés par sa force divine. Il se souvient aussi du cri de détresse du Kraken lorsqu’une lance s’était figée dans son œil droit, le rendant ainsi borgne, mais également plus hargneux. Il s’en était allé néanmoins, laissant le navire continuer sa traque.


Ca … lyp … so … il arrive …


Son regard vif et acéré scrute l’océan. Son regard d’un bleu glacial aperçoit alors quelques rides sur l’avant-bâbord du navire.
- Capitaine … là bas, annonce-t-elle d’un ton calme et plat.
- Il est enfin là. Sortez les armes ! Tout le monde sur le pont ! Préparez-vous ! hurle alors le capitaine, sa voix portant loin sur les eaux lugubres.
- Qu’est-ce donc ? demande-t-elle en s’approchant du capitaine.
- Ça ? C’est le Kraken ma chère … et vous allez vous battre vous aussi si vous voulez survivre ! Le rire dément du capitaine glace le sang des hommes et ces derniers hésitent en observant les vagues prenant de la hauteur et de la vitesse. On se remue tas de larves ! Voulez-vous vivre ? Ou mourir comme vulgaire boustifaille pour cette immonde chose ?!

Calypso sort son arc et arrache une flèche vers les vagues, certaine de toucher la chose se cachant sous la masse marine. La flèche disparait sous l’eau à une vitesse ahurissante. Le capitaine observe la scène en se demandant qui elle était finalement.

Un cri sombre et strident déchire alors les profondeurs aquatiques et les vagues se réduisent d’un coup, désormais simplement plus que petit clapotis à la surface calme et plate de l’océan. Le soleil est à son zénith et la peur des hommes à son paroxysme.


L’eau se soulève alors lourdement près du navire, se déversant en trombes gluantes et sales sur le navire, menaçant de le faire chavirer sous le poids informe de cette nouvelle masse. Les hommes glissent et chutent. Le capitaine hurle ses ordres, demandant aux hommes de se tenir prêts et d’attaquer lorsque le Kraken sortira.

Les tentacules apparaissent alors, membres difformes et abjects, frappant à droite et à gauche sur le navire, malmenant les hommes et les broyant comme de vulgaires jouets en bois dans les mains d’un titan. Les cris d’horreur s’emparent des plus vaillants.

Calypso décoche flèche sur flèche dans la chair tendre des membres de cette chose immonde, lui arrachant de temps à autre des cris stridents et des spasmes musculaires. Mais les hommes perdent courage et espoir face à cette chose … même le capitaine ne donne plus d’ordres et se met à fouetter les hommes pour qu’ils reprennent leurs postes et défendent le navire.
Les lourds tentacules s’effondrent sur la vulgaire coque de bois et se mettent à l’enlacer, massacrant et tordant le bois, réduisant en bouillie les hommes. Un son grave émane alors de sous le navire, faisant trembler les torses. Le temps semble se geler lorsque Calypso observe autour d’elle, voyant les hommes tomber les uns après les autres. Le capitaine lui-même attaque la chose en plantant son épée dans les tentacules visqueux et gluants, avant de disparaître sous le poids et l’assaut répété de la chose.

Ca … lyp … so … tu dois vivre … nous avons besoin de toi …

Les tentacules serrent alors le navire, brisant le bois et la coque. Calypso regarde les hommes mourir et sait que tout est perdu. Le navire se brise en son centre, s’ouvrant sur la gueule béante du Kraken. Elle y décoche encore quelques flèches, par pure politesse envers la chose volant son embarcation. Elle décide alors qu’il est temps qu’elle saute du navire et s’éloigne vers les quelques débris s’éloignant déjà, dans l’espoir de pouvoir s’échouer sur une côte.

L’eau est glaciale, sombre et froide lorsqu’elle y plonge … Elle rejoint un morceau du mât et s’y accroche. Elle se retourne et regarde le monstre géant qui termine de briser la coque en hurlant.


Exténuée, elle se laisse sombrer dans les méandres d’un rêve incertain où le doux nom de Calypso y est murmuré …

 
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Mais de nouveau, un élément suspect l'a faite sortir de ses réflexions. Il fait trop sombre pour que Dioné puisse apercevoir quoique ce soit...

La rencontre​

De nouveau intriguée, elle s'avance vers le bord de la plage où elle a cru voir quelque chose bouger. Est-ce de nouveau une divinité menaçante ? S'il faut se battre avec tous les dieux existants, Dioné est prête à le faire. Son combat contre la déesse Phobos lui a pourtant démontré que, pour le moment, elle n'est pas apte à faire face à une puissance supérieure. Malgré tout, sa volonté et sa bravoure lui permettent d'affronter l'adversité sans sourciller et sans craindre la puissance adverse. D'aucuns trouveraient Dioné désinvolte voire suicidaire, mais celle-ci ne se soucie guère du danger qu'elle peut encourir. Après tout, elle a choisi cette voie, et donc, elle continue coûte que coûte à y cheminer, doit-elle en périr.

La voilà désormais sur le sable humide et elle se rapproche dangereusement de l'objet de l'investigation. Celui-ci s'avère être en fait une femme de prime abord inoffensive, étendue, inerte sur la plage, la tête posée sur un morceau de bois. Une naufragée, sûrement. Dioné se met à genoux, à côté de la femme et la prend dans ses bras pour l'examiner et s'assurer qu'elle vit encore. Qu'a-t-elle bien pu vivre pour arriver jusqu'ici ? Elle décide de la transporter dans un endroit au sec, afin qu'elle puisse reprendre ses esprits convenablement, en n'oubliant pas de ramasser son armement. Elle remonte ainsi toute la plage, avec la rescapée dans ses bras. Elle traverse ensuite le chemin qu'elle avait pris précédemment, et s'enfonce dans une allée boisée, qui jouxte la route. L'herbe est ici moelleuse et fraîche, et convient pour le repos bien mérité des deux jeunes femmes.

Elle sort une petite gourde qu'elle garde dans son sac de voyage. Constatant la faible quantité restante, Dioné ne peut s'empêcher de soupirer, mais humidifie tout de même les lèvres de la rescapée. Mais celle-ci reste, malgré tout, immobile. Estimant avoir fait son possible, Dioné se met un peu plus loin pour dormir. Depuis son départ de Thèbes, elle ne s'était pas reposée, et elle s'avoue exténuée à cause de tous les évènements qui se sont passés dernièrement.

De fait, une fois allongée, Morphée ne tarde pas à vaincre sa vigilance et la jeune femme entre dans un sommeil profond. Elle rêve de choses étranges... Dans son rêve, elle voit une jeune femme qui ressemble fortement à l'étrangère échouée sur la plage... Elle se trouve sur un bateau qui subit l'attaque d'un monstre marin : il est immense, et le navire semble être un vulgaire morceau de bois face à sa taille plus qu'imposante. Ses tentacules balayent sans cérémonie tout ce qui se trouvent devant elles, et envoient tout être vivant rejoindre le royaume des Enfers. En quelques minutes, le passeur noir est pulvérisé, et l'étrangère se retrouve expulsée du navire. La vision s'arrête là, et laisse place à un nouveau rêve. Cette fois-ci, c'est elle qui est la protagoniste de l'histoire. Là encore, elle se retrouve dans un endroit inconnu. La luminosité est aveuglante tant la riche décoration étincelle : dorure, marbrure, draperie élégante, tout laisse à supposer que la demeure appartient à une famille fortunée.

Mais elle n'est pas seule : elle se trouve face à un fort beau soldat, dont la mise est très recherchée : son armure est très minutieusement décorée, et représente diverses scènes louant les prouesses d'un héros, voire peut-être de son porteur. La crinière d'un rouge cinabre, se dresse fièrement sur son casque lui-même très ouvragé. Quant à son aspect physique, il a l'apparence et le maintien d'un jeune aristocrate ; sur ses lèvres, on y ressent toute la morgue dont peut disposer un tel individu. Chose étrange, elle ne l'a jamais vu auparavant mais pourtant, elle a la sensation de le connaitre comme si c'était un proche.

Mais ce n'est visiblement pas un visage ami : l'homme tire de son fourreau, l'épée qu'il porte à la ceinture ; Dioné fait de même. Chacun s'avance l'un vers l'autre, sans prononcer un seul mot. Le temps semble soudainement s'être arrêté ; la tension est palpable. Chacun respire bruyamment, vraisemblablement concentrés par le combat qui va s'ensuivre. Puis soudain, le premier contact se fait, les lames s'entrechoquent, et les deux belligérants redoublent de prouesses et d'efforts pour prendre le dessus. Les coups de l'homme sont brutaux et violents, tandis que la jeune thébaine se meut aussi souple qu'une gazelle, et combat gracieusement. Petit à petit, Dioné maîtrise le soldat et l'accule contre l'un des murs de la pièce. Pour se tirer de ce mauvais pas, le guerrier redouble de violence, mais ses coups frappent dans le vide, et commencent à être désordonnés. Profitant d'un moment où sa garde est baissée, Dioné le frappe et celui-ci tombe, désarmé. Il est là, devant elle, à sa merci...

"Dioné, s'il te plait, ne fais pas ça, implore-t-il. Je sais que tu es en colère, mais tout peut changer ! Viens avec moi, et nous pourrions accomplir de grands exploits, tu...
- Il suffit, coupe-t-elle sèchement. Pour tous les actes barbares que tu as perpétré, tu ne mérites pas la vie, toi et ta famille ! S'apitoyer sur toi serait encore trop généreux...
- Ecoute-moi, je t'en prie !
- Non, c'est trop tard maintenant. Il fallait réagir bien avant. Tu as voulu me tuer, maintenant le bourreau se transforme en victime. Vous tous, vous croyez vivre impunément malgré vos crimes, mais c'en est fini maintenant ! Pour moi tu n'es rien, tu n'auras de la valeur que mort, tu ne seras qu'un nom sur la liste de toutes mes victimes... Non, inutile de me supplier, inutile de me regarder ainsi, inutile, enfin, de regretter l'irréparable. Allons, finissons-en maintenant ! L'heure de ton châtiment a sonné, prépare-toi, ce sera rapide. Tu vois, je suis encore trop bonne : je ne te ferai pas souffrir. Par le roi du Chaos... meurs !"

Tout en disant cela, elle lève son épée dans un geste mélodramatique et au moment de l'abattre sur le crâne de son adversaire, un bruit sourd la réveille. Elle se redresse en sursaut, essoufflée, et regarde en direction de la jeune femme naufragée, mais elle n'est plus là. Soupirant fortement, elle se lève brusquement, et commence à marcher nerveusement vers la route, mais un bras la retient aussitôt. Elle se retourne et voit la rescapée cachée derrière un arbre, armée de son arc et de son carquois, qui lui fait signe de la rejoindre. Elle s'exécute, et commence à ouvrir la bouche pour lui parler. La jeune femme la lui ferme immédiatement avec sa main.

"Pour les civilités, on attendra plus tard, lui murmure-t-elle sèchement."

Sa phrase finie, elle tourne la tête en direction de la route, et lui montre de la main une tâche jaune qu'on aperçoit au loin. Petit à petit, celle-ci grossit, et Dioné croit apercevoir un groupe de 4 ou 5 personnes. Elle regarde sa compagne d'infortune et s'étonne du calme froid de la jeune femme, calme qui lui semble même désinvolte. Le groupe est maintenant à leur portée, et Dioné ne sait pas si ses membres sont "amis" ou "ennemis". Il y a quatre hommes et une femme, tous armurés et armés, l'air assez patibulaire. Visiblement, ils recherchent quelqu'un ou quelque chose : ils jettent des regards à droite et à gauche, la mine suspicieuse. Que peuvent-ils bien chercher ? Au moment même où Dioné résout cette question cruciale, sa camarade lâche laconiquement :

"J'espère que cela ne vous dérange pas de devenir une proie de ces bêtes affamées de sang."

Dioné ne répond rien : elle aussi a la même prémonition... Elles vont devoir les combattre. A cette idée, elle sourit, visiblement satisfaite de la tournure que prennent les évènements : après tout, elle est la fille d'Arès, et guerroyer ne lui fait pas peur, bien au contraire... Elle sent déjà l'ivresse du combat s'emparer de tout son être. Certes, la lutte semble inégale entre le groupe armée et elles : le premier est bien équipé, ce que ne l'est pas le second. Mais qu'à cela ne tienne ! Elle sert son gourdin fermement, et s'apprête à fondre sur l'ennemi...
 
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DeletedUser7903

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Que la terre vous soit favorable,
Que l’eau coule à flot,
Et que l’air vous transporte à jamais.


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Calypso observe cette fille, qui semble de bonne famille, avec son air aisé et suffisant, saisir fermement son gourdin de bois, qui semble frêle et aussi utile qu’un poêle au milieu d’un combat rangé. Mais le regard de la jeune fille en dit long sur sa motivation et ses capacités. Sur son envie et sa folie. Sur sa force.

Mais l’étincelle de folie que Calypso lit dans ce regard la met mal à l’aise. Une sorte de folie incontrôlable, capable de faire perdre les esprits et bien plus encore. Calmement Calypso attrape son arc et y encoche une flèche, tout en laissant son regard glisser de cette fille vers le groupe en mouvement sur la route. Il s’agit de soldat en armure de combat, visiblement des déserteurs, ayant quitté les villes proches pour tenter de survivre au cataclysme déclenché par les dieux.


Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, elle regarde sa compagne se lever et courir en direction du groupe de soldat tout en hurlant des obscénités sans nul autre pareil. Le contrôle de sa folie furieuse n’est visiblement par le fort de cette jeune et impétueuse guerrière refoulée.
Le groupe s’arrête en observe la scène en passant d’un air ahuri à celui d’hommes allant pouvoir s’amuser un peu.

- Hahaha ! Regarde moi cette folle Autoch, on dirait qu’elle veut bien plus que nous puissions lui offrir à nous cinq !
- Hé bien, il nous suffit de commencer et de voir si elle en redemandera après !
- Attrapons-la et amusons-nous un peu, lance le troisième !
- Ho oui, j’ai envie de me faire plaisir avec un peu de viande fraîche, surenchérit le quatrième.
- Qu’attendons-nous, hurle le dernier.


Calypso regarde les hommes se défaire de leurs lourdes cuirasses, laissant tomber leurs armes et boucliers, leurs baluchons et leurs casques à même le sol pendant que cette folle continue à courir vers les hommes. Au moment où elle lève sa masse pour l’abattre sur le premier homme, elle se retrouve plaquée au sol, le souffle coupé par l’homme le plus gros de ce groupe. Son rire hilare en dit long sur ce qu’il va maintenant se passer. Les autres s’amusent également en regardant la scène et un des hommes attrape les mains de son infortunée compagne et marche dessus pour l’empêcher de gesticuler. Deux autres attrapent les jambes et les maintiennent ferment ancré dans le sol.

- Alors, ma belle … Qu’elle est ton nom ? J’ai envie de sav…

La flèche de Calypso se plante alors fermement dans l’œil de l’homme, le faisant basculer vers l’arrière, dans la poussière sale de la route.

- Qui est là ?! Qui donc est là ? demande l’un des hommes avant qu’une flèche se plante dans le cou, arrachant des gargouillis et du sang de sa bouche tordue en un rictus abject. Il tombe sur ses genoux, essayant vainement de retenir le liquide poisseux et chaud s’écoulant de son cou.

- Merde, hurle le troisième, en se retournant vivement avec les autres pour récupérer son bouclier et ses armes. Une flèche siffle à ses oreilles en se plantant dans la nuque d’un des hommes prenant déjà ses affaires. Il s’effondre sans faire de bruit, mort sur le coup.

Les deux hommes arrivent et prennent leurs affaires, se retournant vers l’invisible menace maintenant protégés par des boucliers énormes et pesants, avec l’épée dans l’autre main.


- Maintenant on rigole moins, hein ? Maintenant que nous sommes armés, ça rigole moins, hein ?!

Une flèche part aussi vivement que la dernière et se plante dans le genou de l’homme qui s’effondre en hurlant avant que d’autres flèches viennent lui perforer l’estomac, le torse et pour finir la tête en lui arrachant des hurlements ignobles et terriblement douloureux.

Calypso sort alors à ce moment-là de derrière le buisson, l’arc à nouveau rangé dans son dos, sa fine épée à la main. Elle s’avance vers le dernier factionnaire, se déplaçant de façon féline et sensuelle, presque comme dans une danse.

L’homme tremble, la sueur perle sur son front, et ses bras sont tétanisés en regardant cette femme, sortie comme une furie des enfers.

Ca … lyp … so …

L’homme laisse tomber le bouclier, trop pesant pour un combat qui va se jouer à la rapidité et à la vivacité. Alors qu’il lève sa lourde épée, Calypso se jette en avant lui entaillant le bas ventre. Ses tripes se déversent sur le sable et l’homme s’effondre, regardant bêtement ses entrailles le quitter sans pouvoir ne rien faire. Il lève le regard et regarde une épée finement détaillée plonger vers lui.


- Debout … Je crois que je vais devoir t’apprendre certaines choses si tu veux espérer survivre, annonce Calypso à la folle …

 

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***********************​

Dioné est encore abasourdie par ce qui vient de se passer. Cette fureur de se battre lui a ôté toute raison, toute maîtrise de soi. L'ivresse du combat, l'idée de faire couler le sang l'avait, en quelque sorte, enivré. C'était comme si quelqu'un prenait les rênes de son corps et lui enlevait tout contrôle. Tout en se relevant, elle remarque un sourire goguenard sur les lèvres de sa compagne. Elle jette un rapide regard autour d'elle. Le spectacle fait peine à voir : les corps encore chaud des cinq mercenaires gisent le long de la route. D'aucuns trouveraient la vision répugnante mais elle ne dégoûte pas le moins du monde Dioné ; au contraire, ce qui révulse le plus la jeune femme, c'est de ne pas avoir été partie prenante dans cette joute. Cet écœurement est tel que son amour-propre est piqué au vif, et la rancœur violente. Quelques temps auparavant, elle n'aurait jamais eu de telles pensées, mais en même temps que sa colère grandit, son caractère change . Oh, elle n'a jamais été une fille calme, mais tout de même, ce soudain accès de violence la laisse dubitative...

Elle opine du chef lorsque Calypso lui dit, non sans ironie, qu'elle a encore beaucoup à apprendre. Après tout, on ne née pas guerrier, mais on le devient. Et justement, Dioné n'a jamais reçu un quelconque enseignement militaire. Elle était destinée à épouser un homme issu de son milieu, à savoir celui des commerçants. Elle aurait du devenir la maîtresse de la maisonnée, des domestiques, et éduquer avec amour et tendresse ses enfants, fruits d'une union douce et paisible. La paix, Dioné ne la retrouvera que lorsqu'elle aura accompli ce qu'elle estime être son devoir. Mais au fond d'elle-même, elle craint que cette histoire ne la change jusqu'à un point de non retour. Cette envie tenace de tuer l'excite, mais en même temps l'effraie.

"Être la fille du Dieu de La Guerre ne permet pas de gagner tous les combats d'un claquement de doigts, très chère Dioné...

- Je ne l'ai jamais pensé, répond Dioné vexée.

- Bien sûr, bien sûr... Et c'est pour cela que tu te jettes comme une demeurée dans la mêlée ? Cela dit, tu es la fille d'Arès, mais pas d'Athéna... La réflexion et la stratégie ne sont pas les points forts de ton père... Et comme on le dit si bien : "Tel parent, tel enfant", ajoute-t-elle, un immense sourire aux lèvres."

Dioné bouillonne en son fort intérieur. Il est vrai qu'elle s'est comportée comme une idiote, mais elle ne supporte pas à l'idée qu'on lui fasse une quelconque remarque sur cet échec cuisant. A l'heure actuelle, elle ne peut rien faire d'autre que de ravaler sa fierté et de se taire. Mais elle se promet de montrer à cette Calypso qu'elle n'est pas qu'une jeune chienne impétueuse qui agit sans réfléchir.

"Je ne le fais pas consciemment, on dirait qu'une force supérieure me pousse à me battre...

- Oh, c'est bien ce que je disais à l'instant : l'atavisme familial. Cette rage guerrière est typique d'Arès, mais jusqu'à maintenant, ça ne lui a pas réussi..."
Quoiqu'elle dise, Calypso la rembarre non sans une pointe de cruauté. Dioné réfléchit un instant, puis un détail qui lui avait échappé jusqu'à maintenant, lui frappe l'esprit : comment se fait-il qu'elle connaisse son nom alors que pour l'instant, elle ne s'est pas présentée, et jamais son nom n'a été prononcé, de même que pour son ascendance divine ?

"Tu sembles me connaître alors que moi-même, je ne connais que ton nom... "

Calypso la fixe fermement du regard et se rapproche d'elle.

"Tu crois vraiment ne pas me connaître ? Réfléchis bien - si tu en es capable - et tu verras que je ne te suis pas si inconnue. "

Le plus intrigant, c'est que Calypso ne lui est effectivement pas totalement étrangère. De plus, elle sent au plus profond d'elle-même que leur rencontre n'est pas une pure coïncidence.

"Toi aussi, tu as un père qui supporte mal les affres de la paternité ? se décide-t-elle à demander enfin."

- Et oui. Malheureusement, on dit bien qu'on peut choisir ses amis, et pas sa famille, répond Calypso d'un air faussement ennuyé. J'avoue que la cohésion familiale n'est pas au top. Mon père a essayé une dizaine de fois de m'assassiner... J'ai vu de meilleures marques d'affection. Enfin ! Je m'y suis faite, et je ne compte plus le nombre de mercenaires à sa botte, tués par mes soins. Trêve de bavardage fille d'Arès, je crois que tu ferais mieux de t'équiper avec de véritables armes et de lâcher ce gourdin juste bon à battre le linge, ajoute-t-elle d'un ton mielleux.

- Attends ! Tu ne m'as pas dit de qui tu étais la fille.

- Mais tu le sais déjà, Dioné, dit-elle simplement en lui tapotant sa joue. "

Dioné grimace : elle est fatiguée de ce ton plein de condescendance. Soit, jusqu'à maintenant, c'est Calypso qui mène la danse, notamment par sa maîtrise d'elle-même et de ses armes, et la jeune Thébaine doit s'avouer qu'elle est à la fois jalouse mais aussi admirative de sa nouvelle compagne. Ses méditations finies, elle se décide finalement de prendre des armes et protections laissées par les mercenaires. Désormais, elle possède une épée de fer de bel ouvrage, un lourd bouclier de cuir, un casque couvrant la moitié de son visage - de sa nuque, jusqu'au bas de son nez - et une légère armure d'écailles. Certes, le tout n'est pas harmonieux, mais cela a l'avantage d'offrir à Dioné la possibilité d'engager, dans de meilleures conditions, les prochains combats : elle ressemble enfin à une guerrière digne de ce nom.
 
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DeletedUser7903

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Un mot pour une folle ...
Une folle pour une chose ...
Une chose pour les réunir ...


Les portes d'or

Calypso observe Dionée, cette jeune femme, qui à la moindre accroche est capable de foncer tête baissée, sa raison laissant place à la folie, legs de son paternel, dieu de la guerre. Aussi impitoyable soit-il, il s'est lié à une femme mortelle, pour donner naissance à cette jeune femme, d'une beauté ravageuse ... mais aussi hautaine que sa haute stature dans la société a pu lui permettre. Sa démarche est celle d'une personne peu habituée à évoluer dans la rapidité et la précipitation ... cela risque d'être un problème si un combat arrive prochainement.
Calypso remarque également que son nouvel équipement a l'air de la gêner dans ses mouvements, qui ressemble, à s'y méprendre, avec les gardes sacrés des temples, incapable de se mouvoir dans leurs armures. Elle se laisse glisser derrière Dionée pour observer à quel point le poids de ses nouvelles acquisitions l'embarrasse.


- Est-ce que tes armes et tes protections te dérangent, Dionée ? demande Calypso d'un ton rude.
- Quoi ? Si ... mes nouvelles acquisitions me dérangent ? questionne la jeune femme essoufflée.
- Oui ... tu voudrais peut-être que je reformule mes dires pour que tu les comprennes ?
- Comment oses-tu t'adresser à moi ainsi ? T'es-tu seulement regardé ?
- Hooo ... aurais-je touché un point sensible de Sa Majesté incapable de marcher avec un peu de poids et d'inconfort ? réplique Calypso avec un sourire narquois sur les lèvres.


Dionée lève alors son épée et hurle en chargeant sur Calypso qui l'évite en faisant un pas de côté. Elle se retourne vivement tentant d'asséner un coup de bouclier dans les côtes de la fille d'Hadès qui saute prestement en arrière, retombant avec une légèreté déconcertante sur ses pieds. Dionée glisse alors l'épée au dessus du bouclier et se met à tourner autour de la femme, comme lorsque deux danseurs se tournent autour. Son regard vif et acéré observe Calypso, détaillant parfaitement ses mouvements tout en tentant de trouver une faille ...

Elle n'est plus elle même. Elle est ... enragée .... et donnera le meilleur d'elle même.

Dionée s'avance d'un pas rapide, lançant son épée dans un coup bien porté à l'abdomen. En pivotant sur elle même, Calypso évite le coup et lui assène un coup derrière la tête à l'aide du pommeau de son épée. Elle trébuche au sol, s'effondrant sur le bouclier et soulevant de la poussière autour d'elle.

- Relève-toi ... Nous n'en avons pas terminé.


Dionée se relève en hurlant, laissant la rage encore augmenter en elle en regardant le sourire éclairant les traits de Calypso.
Elle se glisse en avant, volant presque au-dessus du sable et commence à frapper de taille et d'estoc sur Calypso qui n'évite les coups qu'en se mouvant de droite à gauche, de haut en bas. Dionée lève son épée, attirant le regard de Calypso et décide alors d'avancer d'un pas, lui enfonçant le bouclier dans les côtes, l'essoufflant par un coup aussi net et bien porté. Calypso saute en arrière, évitant tout de même le coup d'épée qui s'écrase violemment dans le sable fin de cette route miteuse.
Le soleil éclaire les deux jeunes femmes, qui se regardent et se jugent l'une et l'autre. Calypso attrape son arc et décroche une flèche à une vitesse ahurissante en direction de Dionée qui ne l'évite de justesse en levant son bouclier.


- Tu t'améliores, annonce Calypso en rangeant son arc. Nous devons continuer à avancer. Nous reprendrons tout ceci plus tard.

Dionée l'observe, ne sachant que trop quoi faire. Elle se décide à reprendre ses affaires et la rejoint à peine plus loin.
C'est alors qu'à l'horizon elles aperçoivent les immenses portes d'or de la cité d'Athènes. Elles y seront avant que la nuit tombe, annonce Calypso.

N'y va pas ...
 
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Déception. Rage. Vengeance. Voilà les trois mots qui résonnent âprement dans la tête de Dioné. Avoir l'apparence d'un guerrier ne fait pas de soi un soldat véritable. Lors des simulacres de combat contre Calypso, Dioné s'est sentie faible, médiocre, indigne du Dieu de la Guerre. Néanmoins, elle sent que lorsque la colère la saisit, elle devient autre, elle devient meilleure. Faut-il pour autant passer par cette extrémité pour réussir à se battre convenablement ? Cette question broie les entrailles de Dioné : il faut qu'elle se maîtrise, ne serait-ce que pour clouer le bec à cette maudite Calypso.

Perdue dans ses pensées, elle ne s'est pas aperçue que Calypso s'était arrêtée devant des portes recouvertes d'or. Elle se fait, par conséquent, vertement rappeler à l'ordre par sa compagne. Grimaçant à l'idée d'offrir un autre sujet de moqueries pour Calypso, Dioné s'arrête sans mot dire devant la majestueuse infrastructure . A côté de cette porte, se trouve un homme très âgé : c'est l'un de ces vieillards vénérables, dont l'âge est la garantie de la probité de ses paroles.

Enfin un visage qui semble ami ! Dioné est exténuée de tout ce qui vient de se passer, et l'idée de pouvoir se poser quelques temps ne lui déplait pas. Tant de choses sont arrivées si brusquement que sa pauvre tête ne parvient guère à fonctionner. Elle s'approche en souriant à l'auguste bonhomme, et avant même qu'elle puisse ouvrir la bouche, celui-ci prononce d'étranges paroles :

"Cette ville n'est pas pour ceux et celles dont le destin compromet l'ordre."

Elle s'arrête quelque peu stupéfaite.

"Plaît-il ?"

Le vieil homme sursaute et regarde Dioné comme s'il venait de se réveiller.

"Bonjour jeune fille, il ne me semble pas vous connaître. Que faites-vous en cette belle cité de Mégare ?"

-... Hé bien, nous nous promenions ma compagne, et moi-même.

-Pffff, ridicule, rétorque Calypso."

Dioné se tourne promptement vers Calypso pour lui faire signe de se taire. Certes, ce n'était pas l'argument le plus convaincant qu'il soit, mais dire au vieillard qu'elles sont deux renégates poursuivies par des créatures en folie, et des dieux fort mécontents n'est guère plus enthousiasmant. Elle reporte son attention sur son interlocuteur et s'aperçoit que celui-ci ne semble que fort peu ébranlé malgré l'inanité de l'argument de Dioné, et ne pipe mot. La jeune femme ne se décourage pas, et continue sa discussion de courtoisie :

"Il s'avère que nous sommes assez fatiguées de notre voyage. De fait, je me demandais s'il y avait moyen de passer une nuit ou deux dans votre ville ? Notre venue est pacifique, cela va de soit."

Aucune réaction.

"Ne vous inquiétez pas, nous ne ferons rien qui compromettra "l'ordre".

- L'ordre, l'ordre, l'ordre... murmure l'ancêtre. Cela n'est pas garanti que...

- Mais de quoi parlez-vous à la fin ? s'impatiente Dioné.

- Mais laisse-le parler, voyons... dit Calypso, d'une voix narquoise."

Soudain, le vieillard se relève brusquement. Son aspect, sa voix ont étrangement changé... C'est comme si... quelque chose est entrain de prendre possession de son être. Ses yeux ne sont plus que deux immenses faisceaux bleus et sa voix semble... céleste. C'est sans nul doute un dieu qui parle désormais à travers la bouche du vieil homme.

"Silence, mortels ! Votre impudence vous amène jusqu'à la fière Mégare, pour propager votre funeste dessein ! Je ne tolérerai pas que vous profaniez le feu sacré de cette ville sans quoi mon châtiment sera terrible."

La voix semble ironique, mais les deux jeunes femmes ne comprennent pas encore le caractère grotesque des propos qui sortent de la bouche du vieil homme.

" Encore des menaces ! fustige Dioné. Vous ne savez faire que cela ! Vous avez détruit Thèbes alors qu'elle devait être épargnée ! Elle s'est sacrifiée et il ne reste plus que des ruines fumantes, témoignage pathétique de votre cruauté sans limite !

- Bravo ! Bravo ! Quelle emphase ! Quelle passion ! Je n'en attendais pas moins. Ah, je vois bien là la fibre paternelle... Cette fougue est si caractéristique d'Arès ! Mais prenez garde à ne pas trop jouer aux têtes brûlées...

- Par ma voix, réso...

- Désolée de casser votre charmante petite conversation, mais là, je dirais qu'il y a un problème, coupe Calypso.

Dioné et le vieillard hypnotisé se retournent vers Calypso, curieux de connaître ce "problème".

"Mais ne vous excusez pas ma belle, je n'en doute pas, vos propos seront profondément éclairants, rétorque l'être divin d'un air goguenard.

- Nous ne sommes pas censés nous attaquer ? Nous sommes celles qui doivent vous anéantir, je suis étonnée que tout d'un coup, il vous prenne l'envie de discuter avec nous."

- Ah, ah, c'est cela votre problème ? Oh, il est inutile que je vous tue..., répond d'une voix doucereuse le dieu.

- Et qui êtes-vous ? surenchérit Dioné.

- Oh, c'est maintenant que vous vous en inquiétez ? Comme vous êtes délicieuses... Quel dommage de devoir vous éliminer. Cela dit, je ne tiens pas à le faire de mes propres mains. Les habitants de cette ville, dont vous cherchez tant l'hospitalité, devront être le sujet de la plus grande attention de votre part.

- Couard ! Lâche ! Comme à chaque fois, Olympiens, vous êtes perchés sur votre mont, tirez les ficelles du jeu, et déléguez à vos mortels favoris ce que vous ne voulez pas faire... ou bien ce que vous ne vous sentez pas capables de faire ? demande Dioné de manière très agressive.

- Tout simplement, parce que nous aimons nous battre contre des adversaires de notre niveau... Autrement dit, vous n'êtes rien, mortelles. Il nous suffirait de peu de choses pour venir à bout de vous... Mais, il s'avère que nous aimons le spectacle. C'est pourquoi, je vous invite cordialement à entrer dans cette ville : croyez-moi vous ne serez pas déçues du voyage..."

Après avoir lancé un rire machiavélique bien timbré, le dieu semble avoir quitté la coquille vide du vieillard, la lueur s'estompant de ses yeux.

"Le mieux serait de ne pas y aller, dit simplement Calypso."

Comment ? L'autre grognasse a décidé de courber l'échine face à ce pantin ? La guerrière si sûre d'elle-même refuse le combat ? Non, Dioné ne peut pas y croire... Prenant un air supérieur, elle lui répond :

" Voyons, aurais-tu peur des dires d'un dieu qui n'a même pas le courage d'apparaître devant nous ? Au final, tu es aussi lâche que lui. Moi, je sais que cette cité va voir ma première victoire !

- Ce n'était pas toi qui étais fatiguée de ce qui venait de se passer ? N'était-ce pas toi aussi qui ne parvenait pas à manier correctement une arme, et qui pourtant, se prend pour une guerrière ?

- Ma fatigue est transcendée par le désir de vengeance, mon inexpérience par la volonté de gagner. "

Dioné sort son épée du fourreau et la tend vers le ciel de manière menaçante.

"Cette victoire leur montrera qu'il faut nous craindre et que nul ne nous arrêtera, pas même ces chiens d'Olympiens !

- Et vu tes dons de guerrière, je suis sûre qu'en très peu de temps, ce sera fini, n'est-ce pas ?

- Cesse donc de m'importuner avec tes moqueries ! lui crie Dioné. Je sens que le temps de la victoire est venue !

- Amusant. Et cela a quelle odeur ?

- Idiote !

- Trêve de bavardages, as-tu un plan en tête ? On ne peut pas y rentrer la tête baissée comme tu sembles vouloir le faire.

- Non, pas encore, dit sèchement Dioné.

- Hé bien, pour ma part, je préconise que nous restions une journée et une nuit complètes, à proximité de cette cité, afin de comprendre son fonctionnement. Peut-être qu'ainsi nous trouverons un moyen d'y entrer sans se faire repérer par les habitants.

- Cela me convient.

Dioné est quelque peu vexée que ce soit Calypso qui ait donné une marche à suivre, mais elle est obligée de s'y plier. Elle suit Calypso sans mot dire jusqu'à la colline, et les deux jeunes femmes se hâtent de construire un campement improvisé avant que la nuit soit totalement tombée. Le point d'observation ainsi mis en place est parfait pour examiner ce qui se passe dans cette mystérieuse cité d'or.

Cette fois, la nuit vient de tomber. Le brillant Hélios, dans le ciel, a enfin fini son tour. Il laisse place à sa soeur Séléné, pour qu'elle éclaire, de sa lumière blanchâtre, le royaume des mortels. Tout semble paisible, et aucun bruit ne parvient aux oreilles des deux guerrières, si ce n'est quelques grognements que l'on entend sporadiquement. D'où vient-il ? Cela n'est pas le bruit qu'un humain ferait, ni même celui d'un animal domestique...

Un monstre ? Qui sait...
 
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