En quête d'une fin

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En quête d'une fin​
Chapitre I

[SPR]

Un voile blanc soustrayait à l'humanité le soleil, pourtant ce dernier faisait briller la neige tel un parterre de diamants. Les arbres endormis, nus et sombres, le perçaient comme autant de pals effrayants. Alors que le froid régnait d'une sèche et piquante manière, tannant les vivants, que le sol craquait au rythme des pas, les figures glabres et déjà graves des écuyers marquaient le coup de ces deux jours de marche forcée. Leurs corps frêles et pâles témoignaient dans leurs maladresses ce que leurs visages hagards exprimaient aussi, c'est à dire la souffrance inouïe de quelques chats de salon jetés aux égouts. Les succédaient des chevaliers énergiques, parés d'une réserve analogue, qui veillaient sans intervenir et paraissaient hâtés d'en finir, malgré le semblant de fierté qu'ils revêtaient.

Selon la tradition les écuyers avançaient en tête, non sans courage, et au devant des dangers. Mais pour avoir vécu cette expérience avant eux, Archibald savait la peine qu'ils connaissaient. Ils devaient se sentir impuissants, acculés par le devoir vers la mort. Plus que cela, ils leur en voulaient à cet instant d'une haine inversement proportionnelle à leur jeune âge. Pour y être lui même passé, le prince rejoignait les envies de meurtre et de révolte qui tenaillaient certainement leurs tripes. Seulement les hommes faits qui les suivaient étaient armés, alors qu'eux ne survivraient que par la seule force de leurs bras, des ressources offertes par l'environnement et surtout du temps qu'il leur faudrait pour développer leur esprit d'équipe. Ce dernier n'était guère contracté aux premiers jours du passage car l'orgueil fleurit merveilleusement bien sur un crâne jouvenceau. Leurs aînés comptaient sur leur bon sens face à la mort. Sans doute une poignée d'écuyers mourrait avant la fin de cette seconde journée, de sorte que l'initiation passait pour une purge, la suppression naturelle des plus faibles.

Alors qu'on les presserait ce soir contre des femmes busquées à l'étranglement, aux femmes audacieuses et aux pas chaloupés, à la parole câline, au geste bavard et aux baisers furieux, ils devaient maintenant souffrir du diable sinon comme l'ensemble des damnés à travers la rage tempétueuse des blizzards et le sol tranchant des Hautes-Tertres.

Ne leur avaient été accordé que peu de haillons, si bien qu'ils s'exposaient aux meurtrissures de l'hiver. Les parties de leurs corps découvertes se peignaient d'un rouge éclatant et tournaient parfois au violet, ce qui n'allait pas sans attiser la panique dans leurs rangs. On miraient avec terreur les adultes, flambant de désarroi et menaçant de couler s'ils n'étaient à cette épreuve très vite enlevés.

L'après-midi touchait à sa fin et l'ascension du versant aboutit au fameux Col des Faucons. Louée à la montagne, une arche liait la crête ici ébréchée. Fixés aux colonnes de celle-ci, les deux rapaces d'airain par leur haut regard maintenaient à l'horizon la gloire passée du territoire auquel ils donnaient accès. Sous leurs ailes étirées restaient le même nombre de foyers, lesquels donnaient au métal des statues des lueurs de vie à vous en faire pâlir les morts.

Campaient près des âtres les gardiens naguère redoutés de cette frontière. Aujourd'hui maints squelettes devaient se retourner dans leurs tombes, les crânes fissurés par la honte. N'étaient là que des pouilleux, des gueux carapacés et malodorants, indignes de leurs uniformes et qui ne sauraient résister à la plus minime troupe d'écorcheurs.

Flanquant l'arche, la façade d'une tour accompagnait la vertigineuse crête, et sa porte menait, Archibald l'avait lu, sur une véritable forteresse souterraine creusée dans le ventre de la montagne. Mais à voir la garnison actuelle, il tenait de l'espérance de penser qu'un seul quart était entretenu. Un lierre particulièrement féroce dévorait la moitié de l'édifice et les pierres délogées qui jonchaient le lieu laissaient à penser sur l'ancienneté de cette digestion.

Le prince fit signe à Barnabé, le capitaine, pour lui emprunter ses doigts grossiers et faciliter sa descente du cheval. Une fois à terre, il pesta : il avait atterri pieds joints dans une flaque de boue. Mirant sa zibeline et son plastron couvert d'une fine pellicule de neige, il les épousseta furieusement. Les écuyers auraient ri, s'ils n'étaient tant diminués. Néanmoins la troupe grinçait à la vue de ce manège, mais lui n'avait rien à faire de ce que pensaient ses hommes de lui. Pourtant quand Barnabé, qui rougissait de honte, l'invita à rejoindre l'arche, il ne refusa pas.

Archibald sentit le froid, qui s'agrippant à son visage gracile, lui lacérait la peau, mordait dans ses joues et tentait de crever ses yeux. Il s'était protégé la traversée durant avec ses fourrures, seulement il devait maintenant montrer patte blanche et tenir son rang. Sur sa tête reposait un fin camail de fer blanc, dont la maille semblait plus délicate encore que son porteur.

Sanglé à sa selle, la barbute familiale rutilait, comme enveloppée des reflets de la gloire de chaque ancêtre l'ayant ceint à sa tête. Le prince n'osait la mettre. S'il avait bien une grande estime de lui-même, il savait pour autant qu'il ne la méritait pas, ne serait-ce que parce que son père le rabâchait assez souvent pour l'avoir persuadé.

L'escalier était recouvert d'un épais manteau de neige, qui mangeait leurs jambes à mesure qu'ils s'approchaient. Pourvu que personne ne les assaille, ils ne pouvaient être plus vulnérables qu'ainsi ralentis. Avec bonheur, ils aboutirent sans trop tarder au niveau des gardes. Ils les détaillèrent, surpris de n'être reçu par aucun. En réalité, les jappements et les grognements qu'émettaient leurs corps affalés disaient tout de leur sens du devoir, et par conséquent de celui de leur hospitalité. Barnabé voulut en saisir un pour le secouer, néanmoins Archibald lui pointa du doigt l'un deux, réveillé mais discret, qui se soulageait la vessie sur la patte d'un des Faucons.

[/SPR]

(à suivre, la suite de ce chapitre)​
 
Dernière édition par un modérateur:

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Salut,

Toujours aussi superbement bien écrit, avec un vocabulaire sans cesse enrichis, tu t'es débarassé de tournures de phrases trop lourdes, la lecture est très légère, passe vite, même si on sent un certain poids dans la descrition, ressenti dans le rythme de la lecture, avec les longues phrases pleines de mots fleuris, après c'est mon impression personnelle, peut être due à la première lecture, et ce n'est pas gênant du tout.

Tu décris les choses assez bien pour qu'on se l'imagine sans peine, défaut que pouvait avoir d'autres de tes textes je crois, même si franchement, le louée de ton arche fait un peu tiquer, c'est la seule description que l'on peut avoir du mal à comprendre, sinon il faut avoir du vocabulaire pour comprendre certaines autres, sûr que c'est pas à la portée de n'importe qui de lire ton texte ^^

Je pense sans aucun doute que tu es un excellent écrivain et j'espère que tu vas nous écrire encore de grandes choses.
 

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Guest
Famine a dit exactement ce que j'avais l'intention de dire.
C'est magnifiquement bien écris. J'ai bien aimé. L'histoire semble intéressante même si ce n'est pas ça qui frappe à cause de la manière dont c'est écris
Il faut savoir une chose. Pour le commun des mortels, c'est un jargon incompréhensible.
Ce n'est pas avec ce genre de texte que tu t'attireras un grand public, car trop compliqué à comprendre (ou déchiffrer).

Si tu désires avoir un public assez large, il faudra mettre moins d'emphase sur les belles descriptions pour laisser place à des mots plus communs et donc plus de compréhension. Met plutôt l'emphase sur l'histoire, ce que l'on ressent en lisant l'histoire. Personnellement, je lis un roman parce que j'aime l'intrigue. La manière dont c'est écris, c'est plus que facultatif, donc tu réduis ton public pour quelque chose qui n'est pas aussi primordial que d'autres.

Oui, un petit texte écris de cette façon peut être très agréable, mais pas pour un public restreint.

Ensuite, c'est à toi de voir si tu continues d'écrire de cette façon ou si tu élargies ton public, mais au moins, je t'aurai averti.

"Archibald lui pointa du doigt l'un deux, réveillé mais discret, qui se soulageait la vessie sur la patte d'un des Faucons."
J'aime bien l'image lol. Ça décrit très bien ce que tu veux montrer^^
 

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Je viens poser tardivement mon commentaire ici !

J'aime toujours autant ton style, et encore plus celui que tu as en ce moment, il est plus fluide à la lecture même si je me retrouve parfois (et comme "avant") bloquée sur certaines de tes métaphores à baver dessus en me demandant : "Mais comment a-t-il trouvé celle là ?! Il n'est pas humain !". Un changement de style que j'aime beaucoup et que je n'avais pas encore vu dans tes textes (il faut croire que tu ne postes pas assez ici !). Je pense que ce texte-ci est un peu plus accessible à la populace que les autres que tu as fait.

C'est peut être une impression mais tes paragraphes me semblent mieux. Dans le sens mieux répartis. Ou alors est-ce que c'est parce que tu as utilisé la commande Justifier ? :'D

L'histoire en elle même est bonne, il y a de quoi faire et tu nous tiens toujours aussi bien en haleine. Il n'y a plus qu'à continuer sur cette lignée ! Ah, et il faudra que tu m'explique comment tu fais pour trouver tes images pour tes récits ! ;p
 

DeletedUser

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"C'est peut être une impression mais tes paragraphes me semblent mieux. Dans le sens mieux répartis. Ou alors est-ce que c'est parce que tu as utilisé la commande Justifier ?"

Si, si, il a coupé ses paragraphes et il les a organisé, il s'améliore, avant il avait du mal ^^

Enfin je me souviens d'un paragraphe d'une certaine battle qui dure une page entière mais bon... ^^'
 

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Guest
Tout d'abord, merci à tous :-D même si j'avoue avoir harceler certaines personnes ! J'ai effectivement travaillé la forme de sorte qu'elle soit plus accessible, et après en avoir discuté avec Riku, je lui ai fait savoir que je pouvais difficilement aller plus loin aujourd'hui sans faire quelque chose qui ne me corresponde pas, aussi j'espère que cette forme suffise n_n

Ensuite, je rassure tout de suite vos inquiétudes quant à la suite (même si vous les écrivez pas, à force me suivre, vous me connaissez :p), elle est en ce moment même en cours de rédaction ;-)
 

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Guest
Salut,

récit bien écrit, pour moi qui n'est pas très fan des descriptions et métaphores à rallonge^^, j'ai trouvé que la ça collez très bien à l'ambiance qui se dégage de ton texte.
Histoire alléchante, bien que passée au second plan je trouve,
en tout cas je suis pressez de voir la suite, alors au travail^^
 
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