Galathéa

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DeletedUser1635

Guest
[Modeste contribution, inspirée par le développement actuel de ma ville... Rien de très épique, forcément, puisque je suis toujours dans les 7 premiers jours... Donc pour le moment, je suis toujours à bisounoursland. Peut-être que cela changera. ^^ Et surtout, j'espère ne pas toujours écrire seule ;)]

Galathéa est une jeune et paisible cité, étrangement construite au pied d'une falaise abrupte et dangereuse. On pourrait se demander pourquoi les habitants ont choisi cet endroit difficile, qui ne leur permet pas d'espérer d'autres élevages que celui de la chèvre de montagne, ni d'autres voyages que ceux qui commencent par une rude escalade. Mais lorsqu'on regarde vers l'horizon, on reste généralement sans voix : la mer d'un beau turquoise respire la sérénité et s'ouvre sur une jolie petite île enchanteresse aux verts rivages. Et c'est ce qui fait que, pour rien au monde, les Galathéens ne voudraient quitter leur austère caillou et abandonner ce paysage.

Galathea.PNG

Ce matin-là, la cité était en ébullition...

En jouant avec des baguettes de frêne, considérées comme des déchets à la scierie, et un fil à plomb volé à l'architecte le plus grincheux de l'académie, Chrysippe, 11 ans, venait de trouer proprement l'armure de cuir de son soldat de grand frère... L'affaire aurait pu paraître tout à fait banale et totalement inintéressante, ne se soldant que par une retentissante fessée publique de la mère à son garnement, mais Agésilas, le soldat en question, parmi les plus vaillants - ou les plus grandes gueules à défaut - se vantait depuis des semaines d'avoir réussi à fabriquer une armure indestructible et à l'épreuve de toutes les fourches de paysans. Après tout, étant données les bonnes relations que Galathéa entretenait avec les villages barbares alentours, ce n'était pas prendre de gros risques que d'affirmer une telle chose ! Mais manque de pot, le plus jeune de ses frangins venait de pulvériser en un seul projectile son invention et toute sa belle crédibilité...

Et il fallait bien l'avouer, cela faisait couler beaucoup de larmes... de rire ! Ici, tout le monde se connaissait. Agésilas était un homme apprécié et respecté dans la ville : malgré son jeune âge, son enthousiasme l'avait mis de fait à la tête de la petite troupe de combattants qui s'occupait, avec beaucoup d'efficacité, de ramener des précieuses ressources en parcourant vaillamment toute l'île. Mais ses habituelles fanfaronnades, ses plans sur la comète et son intérêt plus que certain mais bien maladroit pour Erastide, la jeune dirigeante de la ville, en faisait aussi l'homme le plus malmené par les commérages et les plaisanteries. Alors une occasion pareille... Pour sûr, on en parlerait encore sur l'agora à la prochaine lunaison ! Et les chasseurs, hilares, proposaient déjà aux matrones venues faire leur marché, toute sorte de viande "tendres comme une armure d'Agésilas" !

Forcément, la nouvelle des déboires du chef soldat ne tarda pas à arriver jusqu'au modeste bureau de la régente... Presque écrasée par une pile de tablettes d'argile déprimante, avec lesquelles elle devait travailler à la planification des prochaines récoltes et réfléchir à l'utilisation des dernières pièces d'argent frappées à l'effigie d'Hermés, Erastide essayait péniblement de survivre à ce supplice qu'était son rôle d'intendante quand une demi-douzaine d'adolescentes déboula comme des furies en gloussant d'avance du récit de l'événement. Comme à son habitude, dès qu'il s'agissait d'Agésilas, la jeune femme commença par soupirer et par prétexter quelques tâches urgentes et indispensables... Mais très vite, emportée par l'esprit bon enfant qui régnait si souvent dans la cité, elle se retrouva à écouter attentivement et fut tiraillée par un sourire bien peu charitable et une compassion un peu plus morale.

En tout logique, elle aurait dû mettre les cafteuses dehors et les gronder voire les punir pour la familiarité avec laquelle elles s'adressaient à elle et pour le temps qu'elles lui faisaient perdre. C'était potentiellement ainsi qu'agissaient les chefs des d'autres cités en tout cas. Mais la jeune femme, elle, était bien trop heureuse qu'on vienne la sortir de ce bagne pour s'offusquer de quoi que ce soit, et de toute façon, les honneurs, le protocole, les apparences, lui avaient toujours méchamment tapé sur les nerfs. Cette place gouvernante, elle ne l'avait pas choisie, au contraire ! C'était le conseil de la cité qui avait décidé qu'elle était la plus apte à la tenir, étant données ses pré-dispositions pour l'organisation et son efficacité à trouver des solutions à des problèmes impossibles. Hélas, ces "qualités" n'étaient que le pendant de sa paresse naturelle... Qui peut être plus imaginatif pour faire au plus vite et au moindre effort que celui qui veut à tout prix éviter les corvées ? Mais là, impossible de se soustraire à la pression populaire... Et le pire c'est que la cité tout entière comptait sur elle ! De quoi donner le sens du devoir aux plus récalcitrants des fainéants... et Zeus savait qu'Erastide en était pourtant !

En attendant, l'opportunité si plaisante d'oublier un peu son calvaire lui avait rendu le sourire et elle ne se priva pas elle aussi d'inventer quelques bons mots sur la mésaventure en demandant des détails croustillants. Et pour fêter l'événement, elle avait sorti un bocal d'olives en liqueur - la spécialité de la ville ! - qu'elle avait chapardé dans les réserves. (Sa promotion était encore récente et elle ne s'était toujours pas faite à l'idée qu'il pouvait désormais lui suffire d'en demander...)

Mais bientôt, la rumeur enfla à l'extérieur... et il fut rapidement évident que toute la ville était en train d'affluer vers ce qui servait de bureau d'intendance. Que se passait-il encore ?! Erastide planqua précipitamment les olives et tenta d'effacer tout aussi prestement son expression enjouée pour retrouver un air sérieux de circonstance et se tenir prête à toute éventualité. Seulement, quand elle vit débarquer Agésilas, qui brandissait victorieusement des baguettes en bois, et qui avait été suivi par toute une foule de curieux, elle ne put faire mieux que de cacher son sourire irrépressible derrière une de ses maudites tablettes de comptabilité. Sourire d'autant plus irrépressible que le jeune homme était à nouveau enflammé par quelque exploit.


- Intendante Erastide !! J'ai trouvé cent fois mieux que l'"armure pare-fourche" ! J'ai inventé une nouvelle arme ! Un truc absolument génial et destructeur !!

Il tendit devant lui, avec une fierté infinie, le fameux bout de frêne qui ne paraissait pas bien impressionnant en fait.

- Euh... Oui, Agésilas... Si vous le dites...
- Mais si ! Mais si !!! Je vous assure ! On tend une corde, entre les deux bouts, on tire dessus, et avec la souplesse du bois, ça projette une tige très très loin ! Et très vite ! Ça vous percerait n'importe quoi !
- Oh... Même les armures les plus indestructibles ?

Elle n'avait pu retenir la remarque assassine, mais malgré le ton largement malicieux, voire carrément moqueur, le jeune homme ne l'entendit pas. Il poursuivit ses explications avec véhémence, tout en essayant maladroitement d'attacher le fil aux extrémités de l'arc pour faire une démonstration... pour la plus grande distraction des citoyens amassés devant la porte.

- Et c'est léger en plus ! Avec ça, on va pouvoir voyager plus rapidement, tout en se faisant respecter et on va pouvoir ramener encore plus de ressources ! Des pierres, pour monter le rempart... Et du bois pour agrandir la mine ! Grâce à ça, on va même pouvoir faire un bateau, et on pourra aller s'installer sur l'île d'en face ! Ça ne vous dirait pas, vous, la semaine prochaine, d'aller construire un phare de l'autre côté du bras de mer ? Un phare gigantesque, qui illuminera toutes les îles à des kilomètres à la ronde !

Et tout à ses projets de gloire, le jeune homme ressortit en courant de la pièce et tendit avec ampleur l'arc qu'il venait de fabriquer, visant directement le soleil, tant qu'à faire. Les enfants s'écartèrent de son chemin en riant, et tous étaient là comme au spectacle. Le silence se fit alors que le jeune commandant se concentrait... Il tirait, et tirait encore sur la corde, bandant ses muscles pour que la démonstration n'en soit que plus impressionnante... Et soudain, la corde vibra... mais le bruit fut aussitôt recouvert par un juron alors que ce qui aurait dû servir de flèche tomba lamentablement au pied du soldat, sous les rires et les applaudissements de la foule, ébahie de cette expérience des plus... probantes.

Erastide s'approcha du fougueux guerrier qui, frustré et humilié, foudroyait déjà toute la ville du regard... Elle ne pouvait réprimer tout à fait son sourire, mais elle s'y efforçait fermement, ne voulant pas ajouter de cruauté à ce cuisant échec. Elle vint lui tapoter gentiment l'épaule, dans un geste qui se voulait réconfortant.


- Euh... Oui, bien sûr Agésilas... Nous allons faire tout cela. Mais... si on essayait d'abord de voir ce qu'on peut faire de cette espèce d'arc en bois ? Je suis sûre qu'avec un peu d'entraînement on pourra chasser des chèvres ou des oiseaux très efficacement...

Le jeune homme ramassa sa flèche en prenant violemment sur lui pour ne pas la briser. Puis il se pencha vers l'intendante. Son regard était infiniment contrarié, mais empli d'une détermination sans faille et il lui chuchota, comme si c'était la chose la plus importante qu'il ne lui ait jamais dite :

- Vous verrez... Je vais perfectionner mon arme, et bientôt, mon projectile traversera le chenal !

Aaaah la naïveté et l'optimisme des civilisations naissantes... Quoi de plus touchant n'est-ce pas ? Et pourtant, dès lors que Galathéa commencera à rayonner davantage, au point de provoquer la convoitise de cités voisines trop guerrières, qu'adviendra-t-il d'elle et de ses sympathiques habitants ? Sauront-ils se défendre et se battre pour leurs rêves et leur indépendance ? Seul l'avenir le dira... Ou les oracles, peut-être.
 
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DeletedUser1635

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La promesse qu'avait fait Agésilas ne cessait de le préoccuper. Depuis des jours ils expérimentaient son nouvel instrument, cherchant à le rendre plus efficace, plus solide, plus rapide, ne se satisfaisant d'aucun progrès, aussi conséquent soit-il. Pourtant, son arc était devenu l'une des principales armes de la cité et de nombreux soldats avaient été formés à son maniement, permettant les espoirs les plus fous en terme de conquête de nouveaux territoires. Éleuthère, le propre père de l'intendante, une légende locale, avait même décidé de quitter le Conseil - ou le ramassis de vieillards bien pensants, comme il le disait lui-même - pour reprendre la voie des armes au service de la ville et participer à l'élaboration de quelques plans d'avenir.

Mais malgré tous ses efforts, Agésilas dut hélas se rendre à l'évidence... Aucune de ses flèches ne parviendrait de l'autre côté du chenal sans qu'il n'y aille lui-même... Et il n'était pas question qu'Erastide l'en croit incapable ni ne reste sur les dernières railleries à son sujet, même si, du fait de sa générosité naturelle, elle semblait les avoir déjà oubliées...

***​

L'aube n'avait pas encore pointé à l'horizon et l'intendante dormait enfin, du sommeil du travailleur éreinté. Elle n'avait cessé sa comptabilité que lorsque l'huile de sa lampe avait finalement été consommée et qu'elle n'avait pas eu le courage d'aller en trouver quelques réserves. Ces nuits étaient courtes ces derniers temps. Encouragés par les derniers progrès, les citoyens en demandaient encore davantage, et le tout jeune marché qui avait été établi au centre de la cité était devenu en très peu de temps le lieu idéal pour relayer et amplifier si c'était encore possible tous les projets fumeux d'Agésilas. Combien de fois l'avait-elle maudit et envoyé à Hadés ces dernières heures ? Bien sûr, il en faisait lui-même énormément, mais tout de même. Était-ce bien raisonnable que de faire tourner ainsi la scierie à plein régime alors que l'entrepôt était déjà trop petit, obligeant la jeune intendante à déployer des trésors d'ingéniosité pour jongler avec toutes ces ressources qui apparaissaient à un rythme effréné et ne pas les gaspiller ?! Et voilà... Elle était en train de rêver qu'elle se faisait écraser par une montagne de tablettes d'argile qu'elle avait été obligée de déplacer dans les réserves pour pouvoir mieux agencer les dernières pierres extraites de la carrière... Elle ne pouvait plus bouger ! Et elle ne voyait qu'une faible lumière à travers l'amas qui l'assaillait... une lumière qui grossissait ?

La jeune femme se réveilla en sursaut, et découvrit, penché au dessus de son lit, un Agésilas souriant muni d'une lanterne sourde. Elle poussa un petit cri de surprise et se redressa vivement.


- Par Héra, Agésilas, vous n'êtes pas bien !! Vous m'avez fichu une de ces trouilles !

Pourtant, le jeune homme souriait toujours. Quand il avait cette tête-là, c'est qu'il avait eu une nouvelle idée, ou éventuellement qu'il était arrivé à en concrétiser une... Essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur, Erastide s'inquiéta brusquement... Avait-il la folie de se réjouir de...

- J'espère que nous ne sommes pas attaqués au moins...
- Non. Mais il faut que je vous montre quelque chose ! Venez avec moi...

Et c'est qu'il ne lui laissa même pas le choix le bougre ! Il la prit délicatement par la main et il l'entraîna sans autre forme de discussion vers la plage, pieds nus, les cheveux défaits et en simple tunique... Erastide avait du mal à y croire et réalisait difficilement. Le commandant de la garde, torse nu et tout à fait amène, venait de s'introduire chez elle, en pleine nuit, et il la réveillait juste pour le plaisir de lui montrer "quelque chose" ?!! Et elle, pour elle ne savait quelle obscure raison, était en train de le suivre au lieu de lui coller son pied aux fesses ? Une vague de démence aurait-elle frappé la ville ?!

Elle s'arrêta brusquement, furieuse. Ah ça, que les stratèges ne lui vantent plus jamais les intérêts de l'effet de surprise ! Elle venait de comprendre par l'exemple de quoi il s'agissait. Elle dégagea sa main et posa ses poings sur ses hanches, de l'air sévère qui calmait immédiatement tous les gamins turbulents qu'elle pouvait croiser au marché.


- Il est totalement hors de question que je fasse un pas de plus sans une explication !

Mais loin de réfréner l'enthousiasme du guerrier, celui-ci n'en sourit que davantage... ce qui eut le don de déstabiliser complètement la jeune femme.

- Vous auriez tort : le soleil va bientôt se lever et la vue va être absolument magnifique sur le port...
- Sur... le port ?

Profitant de ce qu'elle soit à nouveau sous le coup de la stupéfaction, avec une audace incroyable, il vint reprendre la main de l'intendante, la baiser gracieusement comme pour s'excuser, le regard brillant, et il l'entraîna à nouveau en pressant le pas, en direction du chemin de ronde du rempart... Erastide était abasourdie. Un port ? Mais quel port ?! Il est vrai qu'elle n'avait pas eu beaucoup de temps pour aller plus loin que l'entrepôt ces derniers jours, et à chaque fois qu'elle avait voulu s'autoriser une promenade au bord de la mer, Chrysippe ou quelques autres garnements étaient venus l'informer de problèmes urgents à régler. Mais tout de même, un port ? Dans la ville ?

Et alors qu'il lui faisait gravir les marches qui montaient sur le mur de défense, Erastide percuta soudain. Chrysippe, forcément... Les deux frangins étaient de mèche, c'était évident ! Le gamin la surveillait et avait détourné son attention avec une simplicité effarante, tantôt de la plage, tantôt de l'entrepôt... Et... Et c'était donc ainsi qu'elle avait pu miraculeusement faire entrer toutes les ressources dans ces satanées réserves !! Ils s'étaient débrouillés pour en prélever discrètement, ce qui expliquait pourquoi malgré ses comptes faits et refaits, elle ne comprenait rien à ses propres calculs depuis quelque temps... C'était bien la peine de se battre pour convaincre le conseil qu'il valait mieux d'abord agrandir le sénat ou améliorer les services de renseignement ! Comment avait-elle pu être aussi facile à berner ?

Avec prévenance - mais où avait-il subitement trouvé autant d'assurance et de charme ? - et un minutage quasi-parfait, Agésilas l'amena jusqu'au bord du rempart. Le soleil était sur le point de percer, à l'Est, et la jeune femme put découvrir, aux premiers rayons, combien la détermination d'un seul homme peut faire la différence. Sous son regard, s'étalaient un port et une nef flambant neuve, que les ouvriers étaient en train de mettre à l'eau. Elle en resta sans voix, subjuguée.

Agésilas attendit un peu en retrait, profitant de son petit effet et fier comme un paon - Héra ne l'avait pas inspiré pour rien -, puis il vint se pencher à l'oreille de la jeune femme... Encore quelques instants et il la prendrait même par la taille...


- Je vous l'avais bien dit que la vue serait belle... Et maintenant, notre cité possède un bateau... Et bientôt, nous traverserons la mer...

Mais, si Héra inspirait l'amoureux de son mieux, il n'en était pas de même pour Hermès qui n'avait pas daigné lui accorder sa chance... Une ombre massive se dessina sur le mur, non loin d'eux, et une voix grave, grondante et impressionnante se fit bientôt entendre. Pour un peu, on aurait dit Zeus lui-même, et en colère en plus !

- Un NAVIRE ! Pas un bateau, un navire, crénom ! Ou un vaisseau à la limite ! Veux-tu donc que Poséidon te noie, espèce de vaurien ? Et crois-tu vraiment qu'avec un pareil manque de respect pour mon navire, je vais te laisser mettre tes sales pattes sur ma fille !

Et quoi qu'il soit deux fois plus jeune, mieux entraîné au maniement de toute sorte d'armes et d'une confiance en lui au delà de toute limite en temps normal, Agésilas sursauta et fit trois pas sur le côté, les mains sagement rangées dans son dos, pour laisser place à l'intransigeance du père de la belle. Il se le reprocha aussitôt... mais trop tard. Non, vraiment, Hermès n'avait pas été sympa sur ce coup-là...
 
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DeletedUser

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Le voyage fut long et... Long. Pas un navire à piller et couler. Mer d'huile. Pas de mutinerie à mater. Rien! Ah si! Ils avaient pas prévu assez à bouffer pour un voyage aussi long, du coup Cyphilis dû lui aussi se serrer la ceinture comme un vulguaire membre d'équipage... Faut dire aussi que le capitaine du navire, embauché au rabais, savait pas lire une carte, ça aide pas.

Bref, quand la vigie se mit à gueuler comme un putois: "Teeeewwwe à twwibowddd!!! Tout le monde fut soulagé. Au moins ils pourraient trouver de la flotte fraiche et du gibier à défaut de croiser un clampin du coin.
Bon ce que la vigie avait pas dit, c'est qu'en plus d'y avoir de la terre à tribord, y'avait un port, un bateau, des remparts et une ville qui s'étendait derrière, mais au moins ils étaient contents. Cyphilis demanda donc à ce qu'on dirige le "bâtiment" vers le port, mais sans manoeuvre hostile, du genre foncer tout droit et tant pis pour ce qu'il y a en travers.
En s'approchant de plus en plus, il aperçut trois personnes levées de bonne heure, sans doute pour les acceuillir comme il se doit. Mais apparemment ça discutaillait ferme. Ils ne devaient pas être d'accord sur l'étendue de la débauche de faste et de volupté à déployer pour un si grand évenement.
 

DeletedUser

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A l'époque de cette image charly52 existais encore, maintenant sa cité est à l'abandon : pauvre de lui (snif !)
 

DeletedUser1635

Guest
En entendant la rude voix de son père, Érastide, elle, sortit de sa contemplation et se tourna vers lui tout sourire. A l'évidence, trop abasourdie par la découverte d'un bateau et d'un port dans sa cité, elle n'avait absolument rien perçu de ce qui venait de se passer entre les deux hommes et de la manière dont son intégrité émotionnelle venait d'être sauvée in extremis. Et cette découverte lui paraissait si merveilleuse qu'elle fut enchantée de pouvoir la partager. C'est pourquoi, elle se jeta au cou de son géniteur avec un "Père !!" sonore et enthousiaste, comme pour le remercier de cette si belle surprise.

Ce geste, si simple et si franc, arracha un soupir déconfit à Agésilas qui eut réellement l'impression de s'être fait honteusement volé ce moment. Reprenant un peu de contenance, il s'autorisa d'ailleurs un regard aigri à cet ex-peut-être-futur beau-père bien peu conciliant... et qui le lui rendit bien.

Mais soudain, un sourcil poivre et sel se leva alors que le regard sévère du paternel se perdait vers l'horizon, par-dessus l'épaule de sa fille, abandonnant de ce fait la menace visuel sur le "courageux" prétendant.

Agésilas hésita, en proie à des doutes bien cruels et une paranoïa aussi aiguë que récente. Était-ce une vulgaire ruse pour détourner son attention, pour qu'il regarde derrière lui et que le marin le passe par dessus le rempart sans plus de façon ? Le grand héros de la ville espérait-il vraiment l'avoir avec un truc aussi simple ? Était-ce là toute l'étendue de l'estime qu'il avait pour lui ? En même temps, ce genre de méthode n'était absolument pas dans le caractère d'Éleuthère... et... et peut-être qu'il y avait juste vraiment quelque chose à l'horizon alors... Mais... Si ce n'était pas le cas...

Bien obligée de constater que l'attention de son père avait été brusquement attirée par quelque chose d'inhabituel, Érastide qui n'avait, elle, pas besoin de se méfier, ne se priva pas de satisfaire sa curiosité et découvrit une petite voile à l'horizon. C'était une chose encore très rare au large de Galathéa que de voir des bateaux passer, et cela l'était encore davantage quand la voile grossissait au fur et à mesure, signe qu'il n'était cette fois pas question de passer juste au large.


- Est-ce déjà un navire marchand ? Étais-je donc la seule dans toute la Grèce à ne pas savoir que Galathéa avait un port ?
- Un peu trop gros et trop distingué pour un navire marchand, si tu veux mon avis, répondit l'expert en repoussant doucement la jeune femme pour s'approcher du bord de la muraille.

Jugeant que la coalition était trop peu probable pour que la menace d'une arnaque soit réelle, Agésilas se retourna enfin et découvrit lui-même l'improbable vision. Et ce fut comme un déclic. Dès qu'il s'agit de rosser les cognes, tout le monde se réconcilie...

Alors qu'Érastide en était toujours à se demander comment son père pouvait percevoir la moindre notion de luxe ou de taille sur cette petite tache blanche qu'elle voyait à l'horizon et qu'elle aurait peut-être même hésité à désigner comme une voile si on ne lui avait pas suggéré l'idée, les deux guerriers commençaient déjà à discuter stratégie.


- Si ma vue ne me fait pas encore trop défaut, il est tout seul. Il ne vient donc pas attaquer, s'il n'est pas suicidaire. Mais vient-il seulement faire connaissance ou annoncer une flotte d'invasion complète...
- Tout seul, oui, mais il est quand même gros. Entre 180 et 220 hommes à première vue, selon la manière dont ils sont tassés. Heureusement, avec la falaise, ils ne pourront pas tous débarquer en même temps, mais il va quand même falloir qu'on dispose du monde sur la plage, pour être sûr de ne pas avoir de problème. Combien de temps à votre avis ?
- Le vent leur est favorable. Deux heures, pas plus. Un peu moins si la coque n'est pas trop mal fichue. Il a l'air bien ce navire... J'espère au moins que le gus qui en a pondu le plan est dedans, histoire qu'on puisse discuter de trucs intéressants. Je m'occupe de piéger le port et les accès à la ville, au cas où ils aient envie de faire les zouaves.
- Parfait, je vais donner les consignes aux archers et on va essayer de mettre en place une défense discrète. Un bout de plan fut dessiné à la va-vite dans la poussière du rempart et le jeune homme ajouta : Je vais en poster là, là, et ici en plus des endroits habituels. Et j'en envoie aussi sur votre bat... euh... sur votre navire pour pouvoir mettre le feu aux voiles de l'intrus au besoin.

Un hochement de tête, et tout était dit. Érastide n'en revenait pas et elle se demandait sérieusement si tout ceci n'était pas encore un rêve. Elle n'avait pas bu pourtant. Agésilas et Éleuthère étaient néanmoins sur le point de la planter là, sans un mot de plus. D'une toute petite voix, comme si elle voulait vérifier avec le son de sa voix qu'elle ne dormait plus, elle proposa :
- Et... Et si on tentait une approche un peu plus diplomatique ? Ils sont peut-être juste... perdus ?

Son père se figea en haut des marches de l'escalier du rempart et se tourna vers elle. Sa voix grondante la fit d'ailleurs frissonner par son manque total d'humour.
- Jeune fille, si on a inventé la diplomatie, c'est pour trouver une utilité aux femmes en cas de conflit. Le gamin et moi, on s'occupe de protéger la ville. Tu ne veux quand même pas qu'on fasse ton boulot en plus ! Et habille toi, crénom ! Il n'est même pas question que tu reçoives des étrangers dans cette tenue !

Estomaquée, la jeune femme ne trouva rien à répondre et ne put même pas trouver le moindre réconfort dans un regard d'Agésilas qui était déjà parti, trop content d'oublier son fiasco et d'avoir enfin un peu d'animation. Elle regarda donc son père le suivre et ne retrouva ses esprits que quelques longues minutes plus tard, en se promettant de recruter sa mère pour quelques cours accélérés sur la manière de rembarrer un gougnafier tel que celui auquel elle venait d'avoir à faire, tout père soit-il. D'ailleurs, si le visiteur inconnu était du même acabit - ce qui était probable s'il ne s'annonçait pas -, peut-être valait-il mieux la recruter sur le champ... d'autant qu'un peu d'aide ne serait pas de trop si elle devait organiser l'accueil convenable d'une visite officielle en moins de deux heures de temps. C'est qu'il allait en falloir des repas s'il y avait vraiment 200 hommes à bord de cette barque !



Et c'est ainsi que, une heure et trente neuf minutes plus tard, l'entrée au port de la nef de Cyphilis eut lieu alors qu'une centaine d'archers était dissimulée dans les remparts en support des quelques gardes visibles habituels, des épéistes stationnaient à l'abri des regards dans les grottes de la falaise à l'affût du moindre signal, Agésilas était planté sur le chemin de ronde en veillant à donner toutes les consignes nécessaires à Chrysippe qui lui servait de coursier, et Éleuthère, adossé contre l'abri du port comme un vieux guerrier grabataire, mâchait nonchalamment une tige de foin, en observant avec plaisir mais d'un œil circonspect l'arrivée du vaisseau étranger. Et dans l'allée principale, Érastide, enfin mise convenablement quoique avec simplicité, arriva en pressant le pas - mais sans courir pour ne pas paraître en retard ! - accompagnée de sa mère, sympathique et noble matrone dont la bonhommie se disputait la place sur son visage avec les marques d'un caractère bien trempé, et de quelques membres du sénat parce qu'il n'y avait pas de raisons qu'ils ne se fassent pas réveiller eux aussi aux aurores, alors que c'était leur travail de représenter la cité !

Bref, autant dire que le faste n'était pas le maître mot de cet accueil, et s'il y eut bien des enfants et des commères curieuses pour venir faire une escorte à l'intendante et à sa troupe jusqu'au quai où ils vinrent se poster, tout ceci faisait quand même rudement artisanal quand on sait ce que "apparat" veut dire...
 
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DeletedUser

Guest
Je viens de découvrir et lire tout tes RP, ils sont vraiment super ^_^

Fluides, agréables à lire, prenants, marrants, aérés ... Désolé j'ai plus d'autres compliments en stock :p

En fait ya Ariadné pour le graphisme et Erastide pour les RP, l'équipe de choc qui peut déchirer n'importe quel concours :D
 

DeletedUser3091

Guest
Superbe ! En général je suis assez sévère pour les RP, mais là ton histoire va aux sommets ! On prend un malin plaisir à suivre les péripéties de tes personnages retranscrits dans une écriture prenante, avec presque pas de fautes et avec surtout beaucoup d'humour ! Plus on évolue plus on se passionne, et c'est ça l'ingrédient principal de la réussite !
Continue, j'adore !
(Peut-être que je vais participer, moi aussi...)
 
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DeletedUser

Guest
C'est vraiment très agréable à lire, je n'ai qu'un mot à dire : Encore !
Très beau travail.
 

DeletedUser1635

Guest
[Merci infiniment pour vos commentaires. :eek:

Et pour ce qui est de la suite, peut-être s'écrit-elle ici ?]
 

DeletedUser

Guest
j'aime beaucoup tes écrits et ta plume. c'est un plaisir de te lire.
 

DeletedUser

Guest
Bon. Ca se passait pas forcément mal mais... Comment dire? Ben ils étaient pas tout seuls sur la plage. Apparemment un bateau qui se pointe dans les parages, ça se repère. La reflexion se devait d'être rapide et ordonnée.

_Hey les ptits gars?!
On fait dans la dentelle ou on leur arrache la tête à coup de massue?
_La tête! La tête! La tête!
_Hum...

Il avait ptèt pas emmené la crème de la crème des soldats grecs sur ce coup... Pas un qui remarque l'ironie.
Nan mais ils imaginent quoi? Qu'à deux cent on peut prendre une plage inconnue face aux locaux qui connaissent le coin comme leur poche.

Ils approchaient toujours cependant. Et plus ils approchaient, plus le comité d'acceuil se déssinait. Des femmes et des enfants... Y'avait même des vieilles... On les prenaient clairement pour des clampins là. Pas même un ptit garde pour faire genre. On dirait qu'ils allaient acceuillir de gentils nanimaux tout mignons. Non mais?!


_Les ptits gars... On va faire dans la dentelle. La dentelle torturée...
On fait comme si on était content de les voir. On débarque gentiment, en rangs sérrés, je marche devant. Vous avez tous vos armes et vos armures.
Et une fois qu'elles sont en confiance les greluches, on les déglingue!
_OUUUUAAAAIIIII!!!!!!

Le plan était rodé. Plus qu'à le mettre en pratique.
L'équipage manoeuvrait pour les amener à s'échouer non loin du petit attroupement de bonnes femmes. Le raclement de la coque sur le sable provoqua un bruit de tonerre et l'embarcation s'arrêta. On lança la passerelle et apparut alors, se démarquant devant une forêt de têtes et de piques en contrebas de lui, Cyphilis, dans son armure de parade, rutilante et scintillante au soleil.
 
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