[Récit] Il était une fois une petite île...

Wervel

Citoyen
Il était une fois une petite île perdue dans le crépuscule des mers du Sud. Sa petite côte la plus sûre abritait une petite ville entourée de petits arbres, et le petit ponton qui la reliait à l'océan supportait de ses vieilles planches un vieil homme et Peverell.

Peverell regarda le navire marchand qui l'avait déposé sur ce ponton repartir dans le soleil couchant. Le voyageur savait que cette île était une étape à son voyage et c'était à lui de trouvait un nouveau moyen de transport.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que vous avez là, jeune homme", lui lança le vieillard assis au bord du ponton.

Peverell acquiesça. C'était tout ce qu'il portait en plus de ses vêtement, un héritage d'une histoire de famille, où il avait dû finalement choisir entre cette bourse et une poule empaillée. C'était dire si le choix avait été difficile. Mais sans perdre de temps, le voyageur laissa là le vieux solitaire et alla jusqu'au port.

Deux navires attendaient aux deux extrémités des quais. Peverell trouva celui de gauche bien petit, un peu délabré et quasiment désert. Celui de droite en revanche grouillait d'activité. Il était plus gros, plus lourd et donc plus lent mais en bien meilleur état. Peverell s'y rendit et demanda si le capitaine acceptait de l'emmener au port suivant.

Le capitaine, un gros marchand aux habits criards, accepta de bon cœur, surtout devant les pièces d'or en possession du voyageur. Il ne lui en demanda que quelques pièces et un service : "Je n'ai pas eu le temps d'acheter un tonneau de goudron pour le voyage. Rapportez-en un et votre place est validée ! Libre à vous de le négocier au meilleur prix."

Peverell accepta le défi et se dirigea vers la petite place de la petite ville. Il passa devant la taverne qui bruissait de bruit, et une serveuse lui lança : "Viens te rafraichir ici, beau voyageur !" mais Peverell déclina l'offre.

Il trouva également le poste des garde-côtes que les gardes gardaient et l'un d'eux l'interpella : "Besoin d'aide, citoyen ?" mais Peverell l'assura du contraire.

Enfin il arriva aux boutiques des marchands où les affaires marchaient et, tout à fait confiant, il demanda à ces derniers où il pouvait se procurer un tonneau de goudron et on lui indiqua le vieux quartier.

Il y avait une atmosphère pesante dans ce vieux quartier. Le doux bruit de l'océan et le tumulte du centre s'estompa à mesure et le soleil toucha l'horizon quand Peverell approcha de sa destination : un vieil entrepôt à l'odeur de goudron construit à l'orée de la forêt. Tout en s'avançant vers le bâtiment malodorant, il aperçut un groupe de jeunes gens qui vagabondaient oisivement depuis une autre rue. Eux aussi le remarquèrent immédiatement. Lui et son or.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que tu as là, l'ami", lui lança le plus grand d'entre eux, tandis que les autres l'encerclaient. Privé d'issues, Peverell objecta qu'il ne cherchait ni bagarre ni ennuis, mais seulement un tonneau de goudron.

Les malfrats s'esclaffèrent d'un air entendu, puis se jetèrent sur lui, le délestèrent de son or, le prirent par les pieds et l'amenèrent au-dessus d'un tonneau ouvert et dégoulinant de goudron chaud. Alors sans qu'il puisse rien faire, Peverell se retrouva plongé la tête la première dans le liquide visqueux et...



Il était une deuxième fois une petite île perdue dans le crépuscule des mers du Sud. Sa petite côte la plus sûre abritait une petite ville entourée de petits arbres, et le petit ponton qui la reliait à l'océan supportait de ses vieilles planches un vieil homme et Peverell quelque peu frustré mais pas surpris.

Peverell ne s'étonna pas de voir à nouveau le navire marchand qui l'avait déposé sur ce ponton repartir dans le soleil couchant. Il savait que si une histoire finit mal, c'est pour mieux recommencer. Et il devait toujours trouver un nouveau moyen de transport.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que vous avez là, jeune homme", lui lança le vieillard assis au bord du ponton.

Peverell l'ignora et avança directement sur le ponton. Deux navires attendaient aux deux extrémités des quais. Peverell se rendit directement à celui de droite et demanda si le capitaine acceptait de l'emmener au port suivant.

Le capitaine, un gros marchand aux habits criards, accepta de bon cœur, surtout devant les pièces d'or en possession du voyageur. "Je n'ai pas eu le temps d'acheter un tonneau de goudron pour le voyage. Rapportez-en un et votre place est validée ! Libre à vous de le négocier au meilleur prix."

Peverell accepta le défi et se dirigea vers la petite place de la petite ville, réfléchissant tout en marchant. Il passa devant la taverne qui bruissait de bruit, et une serveuse lui lança : "Viens te rafraichir ici, beau voyageur !" mais Peverell l'ignora.

Il trouva également le poste des garde-côtes que les gardes gardaient et l'un d'eux l'interpella : "Besoin d'aide, citoyen ?" Peverell s'arrêta. Quoi de mieux pour passer une bande de voyous qu'un soldat bien décidé. Il indiqua donc qu'il était prêt à rémunérer généreusement tout aide pouvant l'aider à rapporter un tonneau de goudron au port sans tarder. Le chef des soldats apparut sur ses mots par la porte :
"Je vous accompagne, annonça-t-il d'un ton abrupt, j'ai besoin d'exercice et quatre bras seront bien assez pour rapporter votre bien !"

Rassuré de sa nouvelle escorte, Peverell arriva aux boutiques des marchands où les affaires marchaient et, toujours confiant, il laissa ces derniers et marcha vers les vieux quartiers de la ville.

Il y avait une atmosphère pesante dans ce vieux quartier. Le doux bruit de l'océan et le tumulte du centre s'estompa à mesure et le soleil toucha l'horizon quand Peverell et le capitaine approchèrent de leur destination : un vieil entrepôt à l'odeur de goudron construit à l'orée de la forêt. Les jeunes gens apparurent encore oisivement depuis une rue voisine.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que tu as là, l'ami", lui lança le plus grand d'entre eux tandis que les autres les encerclaient. Peverell objecta qu'il n'était pas venu seul, qu'il ne cherchait ni bagarre ni ennuis, mais seulement un tonneau de goudron. "Bien sûr que tu n'es pas venu seul, tu es venu avec mon cousin, pouffa de rire le bandit, bientôt suivi par toute la bande, dont le soldat lui-même."

Peverell eut du mal à croire à sa malchance, puis les voyous se jetèrent sur lui, le délestèrent de son or, le prirent par les pieds et l'amenèrent au dessus d'un tonneau ouvert dégoulinant de goudron chaud. Alors sans qu'il puisse rien faire, Peverell se retrouva plongé la tête la première dans le liquide visqueux et...



Il était une troisième fois une petite île perdue dans le crépuscule des mers du Sud. Sa petite côte la plus sûre abritait une petite ville entourée de petits arbres, et le petit ponton qui la reliait à l'océan supportait de ses vieilles planches un vieil homme et un Peverell contrarié.

Sans jeter un regard au navire marchand qui repartait dans le soleil couchant, il partit trouver un nouveau moyen de transport.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que vous avez là, jeune homme", lui lança le vieillard assis au bord du ponton.

Sans l'écouter, Peverell regarda le port. Deux navires attendaient aux deux extrémités des quais. Peut-être ne fallait-il pas juger un navire à sa voilure ? Peverell se rendit donc vers celui de gauche. Il n'y avait à bord ni bruit ni mouvement, aussi le jeune homme s'éloigna du quai. Où pouvait bien se trouver l'équipage. Tout en réfléchissant, il se dirigea vers la petite place de la petite ville. Il passa devant le poste des garde-côtes que les gardes gardaient et l'un d'eux l'interpella : "Besoin d'aide, citoyen ?" Non. Merci.

Il trouva également la taverne qui bruissait de bruit, et une serveuse lui lança : "Viens te rafraichir ici, beau voyageur !" . Bien sûr ! Où trouver des hommes dans un port si ce n'est derrière un verre d'alcool ? Peverell pénétra dans la taverne et ne tarda pas à trouver l'équipage qui festoyait en racontant son dernier voyage.

Entre deux tournées générales, Peverell parvînt à aborder le capitaine, un vieux loup de mer à la barbe grisonnante. Il négocia une traversée pour un tarif plus élevé que ne l'avait accepté le gros marchand mais qui n'impliquait aucun goudron. Le capitaine accepta et quelques heures plus tard, Peverell se trouvait sur le pont de son navire qui quittait le port. Le vieillard sur son ponton lui fit un grand salut de la main jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point à l'horizon.

Alors seulement Peverell quitta l'île lointaine des yeux et se retourna pour trouver tout l'équipage qui l'encerclait. La nuit tombait pour de bon, mais personne ne s'affairait sur le navire. Peverell eut un mauvais pressentiment quand le capitaine s'avança avec un sourire mauvais vers lui et lui dit : "C'est une bien belle bourse remplie d'or que tu as là, voyageur"

Inutile de dire que rapidement, les marins le délestèrent de son or, le prirent par les pieds et l'amenèrent au dessus de l'eau infinie et que, sans qu'il puisse rien faire, Peverell se retrouva plongé la tête la première dans le liquide glacé et...




Il était une quatrième fois une petite île perdue dans le crépuscule des mers du Sud. Sa petite côte la plus sûre abritait une petite ville entourée de petits arbres, et le petit ponton qui la reliait à l'océan supportait de ses vieilles planches un vieil homme et un Peverell dépité et furieux.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que.." Mais le vieillard ne put finir sa phrase avant que Peverell ne le pousse brusquement à la mer.

Deux navires attendaient aux deux extrémités des quais. Des pirates ou des escrocs. Peut-être Peverell aurait-il dû choisir la poule... Mais il fallait réfléchir. Il est plus facile d'escroquer un escroc que de pirater des pirates. Pouvait-il se fournir un tonneau de goudron avant d'être molesté par la bande de sauvages qui trainait dans le vieux quartier ? Il n'aurait qu'à cacher l'objet du défi hors de vue du gros marchand et l'apporter triomphalement une fois l'accord conclu !

Sa confiance renouvelée, Peverell se rendit vers la petite place de la petite ville. "Viens te rafraichir ici, beau voyageur !" "Besoin d'aide, citoyen ?" Le jeune homme méprisa les appels et bouscula même les marchands dont les affaires marchaient pour finalement trouver le vieux quartier.

Il y avait une atmosphère pesante dans ce vieux quartier. Le doux bruit de l'océan et le tumulte du centre s'estompa à mesure mais le soleil n'avait pas encore toucher l'horizon quand Peverell approcha de sa destination : un vieil entrepôt à l'odeur de goudron construit à l'orée de la forêt.

Peverell s'avança prudemment hors de sa rue et guetta le moindre mouvement. Pas de bande vagabonde. Pas de détrousseurs. Pas de risque ? Un bruit fit sursauter Peverell quand la porte de l'entrepôt s'entrouvrit. Un homme avec un tablier noir de goudron apparut et le regarda curieux :

"Souhaitez-vous acheter un tonneau de goudron ?"

Oui ! Mille fois oui ! Peverell accourut à sa rencontre. La négociation n'en mérita même pas le nom, le voyageur aurait donné tout son or pour enfin quitter cette île. Il commença à faire rouler son tonneau hors de l'entrepôt, puis le mena dans la rue qui descendait vers le port quand il vit au loin le soleil toucher l'horizon...

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que tu as là, l'ami", lui lança une voix dans son dos. Peverell laissa échapper un long, un très long soupir, puis les voyous se jetèrent sur lui, le délestèrent de son or, le prirent par les pieds et l'amenèrent au dessus du tonneau qui cette fois lui appartenait réellement, ouvert et dégoulinant de goudron chaud. Alors toujours sans qu'il puisse rien faire, Peverell se retrouva plongé la tête la première dans le liquide visqueux et...



Il était une cinquième fois une petite île perdue dans le crépuscule des mers du Sud. Sa petite côte la plus sûre abritait une petite ville entourée de petits arbres, et le petit ponton qui la reliait à l'océan supportait de ses vieilles planches un vieil homme et un Peverell désemparé et sans plus aucune confiance.

Peut-être qu'en se jetant à l'eau rapidement, le navire marchand qui l'avait déposé sur ce ponton le récupérerait. Mais il était déjà reparti dans le soleil couchant.

"C'est une bien belle bourse remplie d'or que vous avez là, jeune homme", lui lança le vieillard assis au bord du ponton. Sans même regarder vers les quais, Peverell vint s'asseoir à son côté et laissa lui aussi pendre ses jambes au-dessus de l'eau. A quoi pouvait bien lui servir cet argent, s'il ne pouvait quitter cette île ?

"J'aime cette île, lui dit en réponse le vieil homme. J'aime ses couchers de soleil et voir les navires glisser sur l'eau du port. Les voyageurs passent ici sans prendre le temps de s'y attarder. Comme ils le font partout. Toujours tournés vers ce qu'il y a après, sans prendre le temps de profiter de ce qu'ils traversent ou de ce qu'ils vivent."

Peverell objecta que traverser un tonneau de goudron n'avait rien d'enviable. Le vieillard le regarda sans comprendre.

"Quel idée de se plonger dans le goudron ? Il faut être stupide pour ça ! D'ailleurs le goudron n'est pas de bon augure ici. C'est une famille malfaisante qui en contrôle la production, dont le chef commande l'un des deux seuls navires de l'île. J'ai jadis voulu améliorer les choses, mais le chef des gardes-côtes est de leur côté. Il faudrait un sac d'or au moins aussi rempli que le vôtre pour changer tout ça..."

Le jeune homme se redressa à ses mots. Etait-ce cela ? Après tout pourquoi pas ? Il n'avait rien à perdre, et si ça ne marchait pas, il irait faire un plongeon du côté du vieux quartier.

Le vieillard n'y crut pas lorsqu'il lui offrit son or. Mais l'insistance de Peverell, il accepta et cacha l'or dans ses vêtements amples. Puis il salua le voyageur appauvri et parti vers la ville.

Peverell resta à regarder le soleil se coucher dans l'océan tandis que les étoiles venaient tapisser le ciel. Et c'est vrai, il trouva ça splendide... Il ne remarqua même pas le vieillard revenir à ses côtés, tout sourire en lui annonçant :

"J'ai trouvé comment vous aider à partir !" Peverell eut du mal à y croire mais le vieil homme lui expliqua avoir négocié son départ sur le navire pirate. "C'est une vieille connaissance qui a une dette envers moi et il accepte de nous déposer tous les deux à la prochaine île. C'est un bon bougre, du moment qu'on a rien à se faire voler", dit-il d'un air malicieux en tapotant les pièces d'or soigneusement cachées dans son vêtement.

Peverell remercia longuement son nouvel ami. Le départ étant prévu le lendamain, ils allèrent dîner à la taverne. Le jeune homme y retrouva les marchands heureux de leur journée et découvrit que la serveuse faisait le meilleur rhum arrangé qu'il ai bu un jour. Puis après une nuit de repos, il se retrouva sur le pont du navire aux côtés du vieillard qui regardait le soleil se levait derrière son île.

"Je reviendrais bientôt ici, et l'ordre reviendra avec moi s'y installer, lui confia celui-ci. Sans ton aide, je n'y serais jamais arriver. Aussi vais-je te faire un cadeau..."

Il sortit d'une poche deux objets : un médaillon en ivoire sculptée et une petite montre à gousset au métal érodé par l'air marin. Le vieil homme l'invita à choisir l'un des objets et Peverell, après avoir réfléchi, prit la montre entre ses mains. La pipe retourna définitivement dans la poche dont elle était sortie.

Tout en regardant l'île disparaitre peu à peu, Peverell s'interrogea. Avait-il bien fait de choisir la montre et laisser le médaillon. Ce choix aurait des conséquences sur sa prochaine aventure.

Mais cela c'est une autre histoire...
 
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