Stef se regarda dans la glace, comme tous les matins, juste après s'être réveillé. Il ouvrit la bouche et grimaça.
_ Ouuh, j'ai vraiment besoin de me brosser les dents.
Mais pour ça il devait invoquer le magicien des brosses à dents et répondre à son énigme. C'est parce qu'il échouait tout le temps qu'il ne parvenait jamais à se brosser les dents.
Il souffla sur le miroir et écrivit le numéro du magicien des brosses à dents dans la buée.
Aussitôt il apparut.
_ Eh bien, chaque jour qui passe tu as encore une plus sale gueule que le précédent, s'exclama le petit être barbu et quelque peu malotru.
_ Si tu te décidais à me donner ma brosse à dents, ce serait peut être différent, grogna Stef en se grattant le visage.
Il n'était pas non plus rasé depuis plusieurs années. Un de ces jours, il devrait réussir à gagner le concours de mimes du magicien des rasoirs. Mais il n'était vraiment pas très bon pour ça.
_ Allez, dis moi ta devinette, lâcha t-il empreint de lassitude.
_ Très bien, prépare toi ! Qu'est ce qui grandit ponctuellement, qui est poilu et sauvage ?
_ Eh bien, euh, j'ai bien une idée mais... hésita Stef la tête pleine de mauvaises pensées.
Le magicien, qui pouvait lire les esprits, sautilla sur place, tout excité.
_ Eh non, ce n'était pas ça ! C'était une loupe !
_ Une loupe ? s'étonna Stef qui ne voyait guère le rapport entre les différents éléments.
_ Oui, une loupe grandit si tu t'en approches, elle est poilue et sauvage !
_ Je n'ai jamais vu de loupe poilue, et je vois mal comment un objet pourrait être sauvage, contesta Stef décontenancé.
_ Je ne parle pas de l'objet, triple idiot, mais de la femelle du loup. La loupe ! Tu comprends ? C'est un jeu de mot !
Et sur ce, il disparu dans un tourbillon de dentifrice, mais sans laisser de brosse à dent. Plein de rage, Stef frappa sur le miroir.
_ Revient, revient espèce d'incapable, la femelle du loup c'est la louve, pas la loupe !
Mais le magicien des brosses à dent ne venait qu'une fois par jour, et il devrait attendre le lendemain pour l'invoquer à nouveau. C'était bien la raison pour laquelle il ne parvenait jamais à se brosser les dents. Autant l'humour que la connaissance du dictionnaire faisaient défaut au magicien des brosses à dent, et il était ardu de deviner à quoi il pouvait bien penser.
Avec un soupir, Stef souffla une fois encore sur la glace, et écrivit, plein d'appréhension, le numéro du magicien des rasoirs.