Le jour de l’an du grand guerrier Calias

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DeletedUser2461

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Récit du réveillon d’un guerrier athénien lors d’un siège d’Athènes par une ville ennemie à l’époque de la Grèce antique - concours Grepolis Times - 2012​



Le jour de l’an du grand guerrier Calias​

Calias2.jpg


Calias caressa l’empennage de la flèche dans le sens du plumage avant de tendre son arc. Il avait vu tant d’archers pratiquer ce geste juste avant de décocher leurs traits mortels, qu’il s’était lui aussi approprié ce rituel avant chaque tir. Lorsqu’il estima le bon moment, il laissa la flèche filer sur la cible. L’oiseau tomba du ciel à quelques pas de là.

Il ramassa le pigeon ; l’animal avait une belle robe blanche mouchetée de tâches brunes comme tous les autres pigeons des jours précédents. Calias le glissa dans le sac qui pendait à son coté.

Très tôt ce matin, il avait quitté l’opulent quartier situé au nord de la ville pour rejoindre la colline des Muses. Ici, nulle bâtisse n’était construite, la végétation cachait du petit gibier et aucun arbre n’obstruait la vue du ciel. Aujourd’hui, il avait tué un lièvre, deux grives et un pigeon. Bien sûr, cela ne suffirait pas à nourrir tous les convives invités ce soir au banquet donné par son père mais depuis deux lunes, la chasse lui servait de prétexte pour s’entrainer à l’arc en toute discrétion car Calias n’avait pas encore l’âge de l’éphébie.

Il enviait Démétrios son frère ainé, jeune éphèbe âgé de dix-neuf ans et bientôt citoyen d’Athènes qui avait eu la chance de pratiquer plus d’une année durant, un entrainement militaire intensif parmi les hoplites athéniens. Il se retrouvait maintenant en garnison dans la ville pour la protéger de la menace ennemie. Calias ne savait pas très bien quelles cités étaient en guerre contre sa ville aimée. A treize ans, il apprenait la grammatikê à l’école mais ignorait tout de la politique.

La colline des Muses offrait au spectateur une vue plongeante sur Athènes et seul l’Acropole s’y dérobait. Ce point culminant au centre de la cité, parsemé de temples en l’honneur des dieux, ravivait la fierté et l’espoir des athéniens. Il était le témoin de la naissance d’Athènes et en serait son protecteur. Mais au fil du temps, les hommes avaient jugé préférable d’édifier de hautes murailles entourant la ville. En promenant son regard sur les longs Murs, Calias devina au loin vers l’ouest, le port du Pirée. Les Murs assuraient la liaison entre le Pirée et Athènes. Par-delà les remparts, il distinguait aussi la fumée des camps de siège ennemis, un spectacle auquel il s’était habitué. Le soleil était à son zénith ; il était l’heure de rentrer et de laisser aux cuisines le gibier de la chasse.


Φ


La maison du magistrat Agnothéos avait été en ébullition toute la journée. Son épouse Myrrhina avait lancé des ordres pour que sa demeure soit la plus accueillante du quartier. Ce soir on fêtait l’arrivée de la nouvelle année et on recevait les personnages notables de la ville ; l’archonte Thrasybule, le polémarque Timocreon, le liturge Cratès… et surtout Démétrios! C’était l’occasion pour Myrrhina de voir son fils. En principe, il aurait dû être affecté ailleurs dans l’une des nombreuses garnisons de l’Attique mais la guerre avec Sparte avait tout chamboulé ; le jeune homme remplissait donc ses devoirs dans le palais de l’Agora. Au moins, pensa-t-elle, il était en sécurité.

Lorsque les invités arrivèrent, elle les accueillit puis se retira dans le gynécée avec une partie des esclaves et les enfants. Il n’était pas convenable pour une femme et les enfants de partager la soirée avec les hommes mais son jeune fils Calias avait insisté pour rester.

L’andron de la maison était une vaste pièce de réception richement décorée ; une série de fresques murales décrivaient des scènes de liesse et trois grands lits de banquet étaient accolés aux murs. Dans les coins, de petits braséros allumés répandaient une bonne odeur d’encens.



Agnothéos prit la parole devant ses invités.

« Ce soir, nous rendrons hommage à l’année écoulée et à celle qui arrive. Assiégée par Sparte depuis quatre lunes, Athènes a su résister et elle résistera encore. Cette année sera l'année de notre victoire mais aussi celle de mon fils Démétrios qui passera la docimasie et deviendra citoyen athénien.

- Levons alors nos coupes à Démétrios ! Proposa Timocreon.
Ton fils a innové notre système de communication. Je lui laisserai le soin de te raconter tout ça. Après son éphébie, je souhaiterais le garder au palais ». Le vieux magistrat avait beaucoup d’affection pour le fils de son ami. Chargé des affaires militaires d’Athènes, il avait pris le jeune homme sous son aile.

L’archonte Thrasybule, le magistrat principal d’Athènes intervint.

« Ainsi Démétrios, c’est donc toi l’inventeur de ce procédé ? On m’en a rapporté beaucoup de bien.

- Mes amis, avant de nous en dire davantage sur la situation, je vous propose des divertissements ! »

Agnothéos frappa dans ses mains.

Au son d’une douce musique, des danseuses firent irruption au centre de l’andron ; elles commencèrent à danser tandis que des esclaves déposaient les mets sur de petites tables ; assiettes de crustacés et de coquillages, oiseaux assaisonnés de condiments et de fruits secs.

On servit le vin aux invités qui se délassèrent sur les lits. Calias dédaigna les jeunes danseuses qui se déhanchaient car la personne qu’il admirait le plus et qu’il observait, était son grand frère. Ce grand frère qui faisait la fierté de l’oikos et qui captait toute les attentions. Il conversait en ce moment avec Cratès le liturge, celui qui finançait à ses frais la construction de trières au profit d’Athènes. Calias n’éprouvait pas de jalousie pour son frère ; il était certes très beau et astucieux mais lui se distinguerait plus tard par ses prouesses au combat. Toutes ses victimes ailées abattues en plein vol depuis qu’il s’éclipsait en secret pour s’entrainer, prouvaient son adresse à l’arc. Plus tard lorsque les premiers poils arboreront son menton, il aurait fière allure dans sa tenue d’archer.

Les danseuses et les musiciens se retirèrent et Calias put enfin entendre la grosse voix de Thrasybule détailler la situation d’Athènes.

« Les corinthiens ont envoyé des trières au large du Pirée ; ce qui veut dire que notre approvisionnement par la mer sera très limité. Il est vital de reprendre l’offensive. Pour cela, nous avons besoin de Platées et des autres villes alliées qui prendront en tenaille les forces spartiates. Afin que l’opération soit efficace, il est impératif de coordonner l’attaque en toute discrétion.

- Et c’est là que j’interviens, père ! dit fièrement Démétrios. J’ai élaboré avec nos alliés un système de messages codés.

- Explique toi mon fils, je suis bien curieux de connaître ce mystère.

- Nous avons souvent envoyé des pigeons voyageurs avec des messages attachés à leurs pattes mais ils sont tout de suite identifiables par l’ennemi. En cas d’interception, le message reste indéchiffrable mais l’ennemi est tout de même informé que nous communiquons. Alors, j’ai eu l’idée d’envoyer des messagers sans message…

- Je ne comprends pas.

Timocreon répondit à la place de Démétrios, se délectant de l’étonnement affiché sur le visage de son hôte.

- Agnothéos, te rappelles-tu l’histoire de Thésée qui vainquit le Minotaure ? Son père Egée, roi d’Athènes, avait demandé préalablement à l’équipage et à son fils de hisser une voile blanche à son bateau s’il revenait vivant et une voile noire dans le cas contraire. Ici, c’est la couleur de la robe du pigeon qui donne le sens au message.

- Astucieux en effet ! Mais n’oublie pas que du haut de son promontoire, Egée scrutait la mer et vit au loin une voile noire ; Thésée n’avait plus pensé à la voile. Croyant son fils mort, le vieux roi se jeta dans la mer qui porte son nom aujourd’hui.

- Père, nous sommes conscients de cela. C’est pourquoi, nous envoyons le même message pendant sept jours, à raison d’un pigeon par jour. Depuis une semaine, l’information que nous délivrons à nos alliés est la suivante : nous sommes prêts pour une offensive à la prochaine lune. La robe du pigeon est alors « blanche, mouchetée de tâches brunes ». Personne ne se doute que c’est la couleur de ce petit messager qui informe son destinataire et pour l’ennemi, c’est un oiseau comme un autre. Par ailleurs, il faudrait être un archer très habile et se tenir aux aguets tous les matins pour les intercepter. Impossible ! »

Pour donner plus de poids à ses propos, Démétrios arracha sauvagement un morceau de chair à l’os de pigeon qu’il tenait à la main.

« Oui vraiment… il faudrait être un archer doué d'une dextérité remarquable ! »


Calias qui écoutait attentivement son frère devint tout rouge et le dévisagea avec effroi : le souvenir de toutes ses petites victimes ailées jaillit soudainement.

La nouvelle année du grand guerrier Calias venait de commencer…
 
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DeletedUser

Guest
Je vois un récit sans aucun commentaire, fichtre il faut que je le lise, je vois que c'est le grand Adorias, dont je crois avoir déjà lu de jolis textes, diantre, il faut que je le lise, et je le lis et que vois je, un texte bien écrit, au joli style, au vocabulaire riche et qui se lit très souplement.

Continue !
 

DeletedUser26164

Guest
Quel texte bien écrit et agréable à lire! Et surtout, quelle chute! Bravo.
 

DeletedUser2461

Guest
merci pour les compliments... je vais commencer à prendre la grosse tête ! ^^
 

DeletedUser36049

Guest
Magnifique !!! J'aime beaucoup !! La chute est excellente, c'est tout ce qu'il y a à dire !! :D
 

DeletedUser2461

Guest
Une info du reporter Grepos

Fort de ses nombreux voyages en quête d'informations pour le journal Grepolis Times, le jeune reporter Grepos nous rapporte les rumeurs et faits divers qui circulent au-delà des mers de Grepolis.

D'après ce dont nous témoigne le jeune Grepos, en ce moment, marchands et voyageurs propagent les propos mystérieux de la Pythie de Delphes.

Ma curiosité m'a conduit à vérifier cet oracle et... il s'est révélé juste !

Voici cet oracle retransmis par Grepos :


"Quand ta pointure de chaussures sera donnée,
Quand par cinq, tu la multiplieras sans te tromper,
Alors cinquante, tu rajouteras.

Quand le tout, par vingt sera multiplié,
Quand le nombre mille treize y sera rajouté,
Alors de tout ça, ton année de naissance tu enlèveras.

Dans ce nombre de quatre chiffres révélés,
Les deux premiers sont la pointure de tes pieds,
Et les derniers, c'est l'âge que tu as ! "
 
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DeletedUser

Guest
4122 c'est presque ça, j'aurais 22 ans en décembre ^^ pas mal
 

DeletedUser2461

Guest
Tu chausses donc du 41. J'en déduis que ta taille avoisine les 1,70 m... je me trompe ?
 

DeletedUser2461

Guest
je fais 1,80 et je fais du 43/44. L'un de nous a donc des grands pieds ou alors des petits pieds ! ^^
 

DeletedUser

Guest
Tu as de grands pieds, je ne peux rien être d'autre que parfait.
 

DeletedUser2461

Guest
On dit que tout est proportionné dans le corps humain. Donc si j'ai de grands pieds, je dois avoir également autre chose de long...

les oreilles par exemple ! ^^
 

DeletedUser42533

Guest
Bonjour,
la discussion étant inactive depuis plus de 6 Mois, je ferme et j'archive ~
Bonne journée.
Elie
 
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