Palais de Mykonos, par une heure matinale
Du long couloir au sol marbré résonnaient des bruits de pas, se rapprochant peu à peu. Réguliers. Feutrés.
Bientôt, les torches projettèrent une ombre sur le mur Ouest, qui s'étirait à mesure que la forme progressait.
C'est le seigneur Ptitrom qui fit son apparition dans la salle du trône. Il ne s'arrêta pas, prenant la direction du corridor Est, en direction de la salle de réunion du Conseil de guerre.
Là, des hommes rustres, à la barbe hirsute l'attendaient. Il s'agissait de ses généraux, réunits pour lui annoncer une nouvelle dont ils appréhendaient l'effet sur leur chef.
Ptitrom prit place. Il resta un moment silencieux, en jetant un regard circulaire autour de la table. Ses hommes étaient tendus. Qu'est-ce qui pouvait donc les mettre dans un tel état ? se demanda-t-il.
Soudain, il braqua son regard sur l'homme assis juste à sa droite :
- Eh bien, Diakys, qu'y-a-t-il ? Parles-donc ! Pourquoi avoir réuni le Conseil ? J'ai pourtant été bien clair là-dessus, mon cher Diakys, toute réunion de cette importance non justifiée serait payée par la vie de l'incapable !
Le dénommé Diakys, un svelte et jeune général d'infanterie, se leva alors. Il émanait de lui beaucoup d'assurance, mais cela n'était qu'apparence. Son regard, qui évitait celui du sombre seigneur de la Phalange noire, en disait long sur la terreur qui serrait son âme.
- Mon roi, des rapports affluent des quatre coins de notre empire : des forces ennemies sont en marche vers nos cités...
- Une petite attaque de plus... le coupa Ptitrom en soupirant, les veines de sa tempe commençant à palpiter sous sa colère naissante.
Le jeune général, qui regardait droit devant lui, ecquarquilla les yeux, et, en se retournant vers son roi, réagit :
- Il ne s'agit pas d'une simple attaque sans importance, comme celles auxquelles nous avions dû faire face jusqu'à présent, mon roi, non... nos rapports font état de milliers de soldats et de navires !
Ptitrom, qui caressait son glaive, arrêta son geste. Il releva la tête.
- Es-tu certain de la sûreté de ces informations, Diakys ? demanda-t-il avec insistance
- Oui mon roi, le seigneur jibiz aurait même envoyé une missive au seigneur léo29. Ce dernier lui aurait confirmé nos intentions d'entrer en guerre contre nos voisins Némésis. Le seigneur jibiz teste vraissemblablement nos forces, en réaction à votre missive, les défiant de vous attaquer ! Et le voilà maintenant !
- Bien, rassemble les renforts sur les villes frontalières. Rappelle nos troupes parties en exploration au nord...
- Mon roi ?
Ptitrom se retourna, le regard sombre.
- D..devons-nous demander des renforts à nos amis ?
- Douterais-tu de la compétence de mes armées, général Diakys ? fit-il en s'approchant du jeune homme. Ses yeux étaient noir ébène. Aucune émotion ne s'y lisait.
- N..non mon roi.
Durant un long instant, pesant, le silence se fit. Les autres généraux s'étaient arrêtés. Le jeune général devait avoir la vingtaine, pas plus. Il était rare d'avoir l'honneur de siéger à la Table noire à cet âge. Il était le fils d'un grand général de la Phalange noire, mort au combat cet été.
La main de Ptitrom fit un mouvement vers son glaive.
Soudain, il repoussa sa longue cape noire vers l'arrière, en éclatant de rire, et en se retournant, il lança derrière son épaule :
- Ne demande aucun renfort.