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Je reprends ici l'idée de Daystias pour composer une galerie. Cela fait quelques temps que j'écris des textes concernant un univers propre, et je pense que celui-ci est suffisamment mûr pour être présentable.
Je compte donc rassembler ici les textes passés et à venir, une zone de commentaires étant déjà à disposition pour vos remarques, corrections ou questions.
Bonne lecture !


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ARCHIPEL : LES ANACHRONISTES
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INTRODUCTION - Traité inachevé - LES EVENEMENTS DE L'ÎLE



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INTRODUCTION
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Commencer une longue histoire, c'est comme monter sur un navire en plein large.

Certes, c'est d'abord apparaitre dans un lieu inédit, déjà peuplé d'un équipage et au cap depuis longtemps établi. Et même si l'on prend plaisir à le découvrir et à le suivre, peut-on réellement saisir tout ce que ce petit monde a vécu avant que nous ne le rencontrions ? Sait-on combien de rencontres, combien d'escales et d'aventures cet univers a-t-il déjà traversé pour en arriver à ce moment précis de son histoire où il nous permet de le rejoindre ? Combien de coups d'avance l'histoire a-t-elle sur le lecteur ? Difficile de le savoir.

Mais c’est aussi arriver à un tournant, où personnages et lecteurs se retrouvent à égalité. Parce qu’il suffit que l'histoire prenne ce tournant comme un navire change de cap pour que tout change. On fait alors face à un nouvel horizon et c'est ensemble que personnages et lecteurs le découvrent.​
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PARTIE I
[SPR]
INITIATIVE

Il existe dans la ville de Lyon une maison de pierres blanches, grande comme un hôtel et postée fièrement à la jonction de la rue Godefroy et du quai de Serbie. Aucune porte ni aucune fenêtre n'en décore ses bases et cette disposition peu courante en centre-ville lui donne un air de forteresse. Il y a bien sa demi-cour élégante ouverte sur la rue Godefroy et qui donne au bâtiment sa forme en C, ainsi qu'un petit jardin qui pointe vers le nord, mais de solides grilles forgées en verrouillent les accès et une épaisse haie se charge de garder à distance les regards curieux. En fait, ce n'est qu'en levant la tête depuis les quais voisins, vers les fenêtres des étages, que l'on peut espérer en scruter l'intérieur. Et même de ce point d’observation, il faudrait être un bien fin observateur pour discerner que tout le second étage n'est en réalité occupé que par une seule et même pièce : une bibliothèque.

Dans l'histoire de Séverine, le tournant prit forme dans cette bibliothèque.
Ce n'était certes pas la plus grande qu'elle ait vu, ni même la plus belle. Mais depuis que Séverine se trouvait à l'intérieur, confortablement adossée contre une étagère, devant une grande fenêtre qui donnait vue sur l'averse de ce soir... Elle ressentait une paix, une douceur qu'elle n'avait pas trouvée depuis longtemps.
La maison présentait sa façade ouvragée au Rhône et, depuis l'endroit où elle patientait, Séverine pouvait voir à travers une pluie paisible les lumières de la ville qui chatouillaient la surface du fleuve. Une chaleur confortable régnait dans la grande pièce en même temps qu'une douce lumière. Un air de Jazz flottait dans l'air et Séverine crut reconnaitre les voix de Louis Armstrong et d'Ella Fitzgerald entre les notes langoureuses de la trompette.

Stars shining bright above you...
Night breezes seem to whisper "I love you..."


Ambiance feutrée...

- Vous vous rendez compte, glissa-t-elle en quittant son point d'observation, que l'ambiance de ce rendez-vous n'a strictement rien de professionnelle...

Elle s'adressait à l'homme qui la suivait du regard, assis dans un des fauteuils au centre de la bibliothèque et qui afficha un sourire malicieux.

- Il est tard, répondit-il, je suis chez moi et je n'ai jamais su être professionnel. Détendez-vous, servez-nous un verre et dites-moi pourquoi vous avez demandé à me voir.

Séverine afficha à son tour un sourire et se tourna vers celui qui était un client potentiel.
Propriétaire des lieux, Raphaël Candres était encore jeune. Les lieux qu’il possédait, eux, confirmaient qu’il était fortuné. Quant aux recherches effectuées avec soin par la jeune femme, elles n'avaient révélé aucune famille proche, ni aucune avec laquelle il aurait entretenu un lien sérieux. C'était un client tout indiqué.
Et quand Séverine prit et feuilleta un livre posé en évidence parmi les autres, elle sourit un peu plus encore et sut que Raphaël Candres était en fait un client parfait. Alors, tenant L'Île au Trésor toujours entre les mains, elle continua vers le bar et commença.

- Comme vous le savez déjà, je représente la société INITIATIVE. Ce nom ne vous est pas inconnu, j'imagine.
- Il ne m'est pas inconnu, confirma Candres.
- Bien. Notre secteur d'activité est l'innovation technologique et nos projets ont toujours étaient des plus sérieux. Et même si nous avons toujours préféré rester en retrait des projecteurs, nos offres ont toujours été des plus lucratives pour nos clients. Nous ne proposons rien à la légère.
- Ce que je sais surtout d’INITIATIVE, ce qui me parait le plus important, c’est que vous avez déposé le bilan depuis des années et qu'INITIATIVE n'a plus jamais donné signe de vie depuis. Je ne suis même certain que les nouvelles générations n'en ont jamais entendu parler.

Séverine posa le livre sur la petite table où trônaient bouteilles et verres et se retourna vers Raphaël.

- Nous avions nos raisons. Des raisons suffisamment importantes pour disparaitre.
- Je suis curieux de les connaitre.
- C'est bien pour cela que je suis aujourd'hui devant vous.

Toujours souriant mais visiblement dubitatif, Raphaël haussa un sourcil.

- Devant moi, seule et sans plus de preuve de ce que vous avancez, vous voulez dire ? Et encore, je suis sûr qu'en fouillant aux bons endroits on trouverait les restes administratifs ou les archives fiscales d'INITIATIVE. Tandis que vous, il n'y a que votre visage qui m'évoque quelque chose. A ce sujet, vous a-t-on déjà dis à quel point vous ressembliez à Jennifer Connelly ?

Séverine s'appuya contre le bar et se retint de lever les yeux au ciel. Oui, on le lui avait déjà fait remarquer. Et oui, il était vrai qu’elle lui ressemblait. Elle lui ressemblait même beaucoup, à la façon d’une sœur jumelle avec quinze ans d’écart.
La jeune femme avait les mêmes longs cheveux de jais de l'actrice, de la même couleur que les épais sourcils qui ourlaient son regard. C'était ce regard qui fascinait. Il laissait entrevoir ce qu'elle était, un charme délicat et une volonté implacable réunis dans deux yeux verts aux éclats enfantins.

- On me l'a déjà dit, en effet.
- Toujours est-il, continua Raphaël, que vous ne devez votre présence ici qu'à la curiosité que m'inspire votre demande. Alors épargnez-moi la brochure de présentation et venez-en au fait.

Enfin, pensa Séverine, ils allaient pouvoir passer aux choses sérieuses. Elle rassembla ses pensées puis commença.

- J'imagine qu'il est inutile que je vous demande si vous avez entendu parler des expériences de réalité virtuelle, vous avez certainement dû les essayer vous-même. Elles sont aussi attrayantes que limitées. Il y a de cela quelques années, INITIATIVE s'est intéressé à ce domaine et à l'application de nouvelles technologies pour le révolutionner. Mais comme toute révolution qui souhaite réussir, celle-ci a demandé de la préparation. Beaucoup de préparation. Nous avons donc pris notre temps et avons développé un univers virtuel que nous nommons aujourd’hui Archipel. Afin de préserver l'avance que nous prenions et les découvertes que nous réalisions, et pour rassembler les fonds nécessaires à notre projet, nous avons vendu une à une nos filiales jusqu'à finalement disparaitre du marché mondial. Cela a été un énorme sacrifice, mais...
- Attendez un peu, l'interrompit Candres.

Séverine s'interrompit donc.

- Vous êtes en train de me dire que l'une des plus grandes entreprises de ce monde s'est éteinte volontairement pour créer... un jeu vidéo ?

Séverine fixa son client du regard.

- C'est à peu près ça.

Un blanc s'installa dans le dialogue, à peine dérangé par Franck Sinatra clamant Life's a wonderful thing à travers la pièce.

- Et il est bien, au moins ? finit par demander Candres
- Le meilleur investissement que nous ayons jamais fait, affirma Séverine en se retournant pour servir deux verres. Vous avez une préférence ?
- Il y a une bouteille spéciale sans étiquette, servez m'en un verre.
- Pourrais-je savoir de quoi il s'agit ?
- Non, éluda Candres tandis qu'elle versait le liquide incolore, avant de se choisir pour elle-même un vin rosé des Charentes.
- Tout cela est bel et bon, poursuivit l'homme, mais j'imagine que vous n'êtes pas venu jusqu'à ma porte pour que je vous offre un verre pendant que vous crânez à propos du nouveau jouet de votre patron.
- Le jouet dont nous parlons va révolutionner le monde, fit la jeune femme en se retournant avec les deux verres. Mais avant cela, il lui faut encore passer une série de tests coûteux. INITIATIVE recherche donc des investisseurs privés pour finaliser son projet.
- Ah! Nous y voilà.
- C’est-à-dire*?
- L’argent…
- Cela vous étonne ?
- Non.
- Bien. A ce stade de notre discussion, vous savez ce que nous voulons et vous vous demandez ce que nous avons à vous offrir. Sachez que dans cette phase de test, nous ne recherchons pas seulement des investisseurs mais également des candidats pour y participer.
- Des bêta-testeurs ?
- Des joueurs, corrigea Séverine en lui tendant son verre. La partie technique est achevée, c’est le contenu que nous souhaitons analyser et confirmer, ainsi qu’observer l’impact qu’il aura sur nos futurs clients.
- Et vous êtes à court de personnel*?
- Lorsque l’on veut garder un secret, M. Candres, on limite le nombre de ses détenteurs. Et comme je viens de le dire, nous ne cherchons pas l’expertise de professionnel mais le ressenti du grand public. Sans oublier que nous aimons choyer nos investisseurs. Vous voyez où je veux en venir ?

Candres garda le silence tout en avalant une gorgée de sa boisson. Puis il posa sa tête contre le dossier de son fauteuil, ferma les yeux et fit le vide. Alors il pesa le pour et le contre. Oui, il comprenait où elle voulait en venir. Il se doutait que son argent viendrait sur le tapis dès qu'elle était arrivée chez lui, mais jamais il ne se serait douter qu'on lui demanderait de jouer les testeurs pour le jeu d'une entreprise fantôme. C'était idiot. C'était insensé. Mais c'était également... intrigant.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, la lumière de la pièce lui éblouit légèrement la vue, mais Séverine était toujours là, à le fixer en souriant.

- En admettant que je possèderais des fonds disponibles pour votre affaire, en quoi une expérience de réalité virtuelle m'intéresserait-elle ?

Le sourire de Séverine s'agrandit un peu plus.

- Une démonstration vous ferait peut-être entrevoir la réponse ?

Sans attendre de réponse, elle se dirigea sous le regard de Raphaël vers la porte derrière laquelle se trouvait l'escalier principal.

- Je peux savoir où vous compter aller ?
- Venez ici, je vous prie.

Sans comprendre, Raphaël se leva de son fauteuil, non sans difficulté. Il s’en étonna d’abord mais il mit rapidement cela sur le compte de l’engourdissement d’une position gardée trop longtemps. Il se planta devant Séverine qui lui désigna la porte fermée de la main.

- Après vous.

Raphaël haussa un sourcil mais prit tout de même la poignée en main et ouvrit la porte.
Il crut d'abord que la lumière du couloir était restée allumée et son esprit ne comprit pas tout de suite que c’étaient les rayons d'un soleil de midi qui éclairaient son visage. Il ne comprit pas non plus pourquoi à la place d'un carrelage et de murs unis, il se retrouva dans une ruelle pavée, bordée de murs en colombage. En fait, même quand il eut fait quelques pas trébuchant dans cet autre monde et qu'il se retourna bouche bée vers une Séverine qui le regardait toujours souriante sur le seuil de la bibliothèque, il ne comprit rien.
Et c’est à peine s’il réussit à articuler la question qu'il lança à la jeune femme, bien que celle-ci se doutait bien de ce qu'il voulait dire.
La phrase que prononça alors Séverine marqua quant à elle le tournant de l'histoire de Raphaël Candres :

- Bienvenue dans Archipel.

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Intelligence Artificielle

[SPR]... a toujours été un défi partagé par l'humanité en général. Mais jusqu'à maintenant, les résultats que l'on nous présentait étaient loin des rêves et des espoirs que nous attendions. Ce n'était pas un manque de moyen physique. Toute limite physique peut être repoussée, ce n'est qu'une question de temps et de matériel. INITIATIVE avait d'ailleurs depuis longtemps semble-t-il développé des corps androïdes reproduisant parfaitement le corps humain et ses immenses champs de serveurs pouvaient accueillir n'importe quel logiciel.

Ce qui faisait défaut, c'était tout simplement les capacités créatrices de l'homme. C'était l'idée, l'étincelle qui manquait pour faire d'un programme une conscience.

Aussi lorsque INITIATIVE commença à s'intéresser au secret de l'intelligence artificielle, elle aborda la question sous un angle nouveau.

Si l'on devait résumer la méthode générale de l'époque, il s'agissait de construire une intelligence à partir de rien, en poursuivant la quête sur les bases depuis longtemps acquises par ses prédécesseurs pour copier au mieux ce que l'on pouvait observer du fonctionnement de notre propre intelligence.

Or INITIATIVE fit le cheminement inverse. La seule intelligence valable, observable et jugée comme résultat voulu, rester l'esprit humain. L'esprit humain, chose abstraite, trouve son support concret dans le cerveau humain. Cette masse de cellules et de connexions, par son activité ou parfois par son inactivité, gère ainsi les informations venues de l'extérieur, les traite et évolue en conséquence avant de transmettre une réponse. Cette masse de cellule donc ne provient toutefois que d'une seule cellule. Une cellule en apparence simple, issue de l'union d'un ovule et d'un spermatozoïde, mais qui contient un programme aussi simple que sophistiqué, la clé du développement du corps et donc de la conscience humaine : l'ADN.

L'ADN est un code. Et comme tout code, il lui faut un support correspondant pour être utilisé.

INITIATIVE a pu se procurer, par des moyens que j'imagine plus que controversés, un stock impressionnant d'ADN. Transcrire la suite des bases chimiques en données informatiques n'a rien d'extraordinaire. Recréer une cellule en revanche, relève de l'exploit et du génie. Et INITIATIVE l'a fait.

Je ne sais par quel moyen ils y sont parvenus, ni combien de temps cela leur a pris. Toujours est-il qu'en simulant cette cellule souche encodée par un ADN précis, ils sont parvenu à produire le clone virtuel d'un être humain. Une copie parfaite mais prisonnière de son support virtuel.

Je tiens bien sûr tout cela de seconde main, et je tente de l'expliquer avec mes mots. Les sources venant de l'Ancien Monde sont rares sur Archipel, et souvent sujettes à caution. Ce monde, qui somme toute n'est donc qu'un environnement commun à une multitude de simulations d'êtres humains, recèle encore des secrets. Je ne saurais par exemple expliquer comment ils sont parvenus à me faire entrer avec mes souvenirs, moi qui ne suis pas né dans un ordinateur...

Les souvenirs de mon entrée se font lointains maintenant, et à bien y réfléchir, plus je rédige ce journal, plus il me parait pertinent de les coucher tous par écrit. Il doit forcément y avoir des détails qui me mettront sur la voie.

La première chose dont je me souviens, c'est elle. Elle avec ses yeux verts qui...


Extrait du Troisième Journal de Faugue
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ARCHIPEL : les Anachronistes


INTRODUCTION
[SPR]Parmi toutes les histoires qui formèrent la naissance de l’Empire, la plus remarquable fut celle des Prétoriens. De mémoire des îles, ils furent les premiers et les meilleurs serviteurs de l'Empereur, incarnant à la fois l'excellence, l'obéissance et la volonté du Seigneur des Archipels. Ils posèrent les fondations de la civilisation impériale, en protégèrent le peuple et marquèrent l’imaginaire de toutes les générations qui devaient suivre.

L’histoire des Prétoriens, c’est celle d’un ordre d'élite, de légendes vivantes à qui on donna en toute confiance la protection de l'Empereur.

Et c'est aussi l'histoire d'une confiance trahie, lorsqu'un jour funeste on annonça au monde que l'Empereur avait frôlé la mort dans un vaste attentat et qu’il ne pouvait plus paraître. La nouvelle, déjà terrible, devînt pire encore quand on confirma les rumeurs : ceux en qui on avait cru étaient en réalité des traîtres à leur maître. Des félons qui avaient profité de leur position et avaient rompu leurs serments d'allégeance : les Prétoriens avaient attenté à la vie de l'Empereur, et l'Empire ne pourraient jamais le leur pardonner.

Leur chute fut à la hauteur de leur légende. Ils furent jugés, condamnés, traqués et exterminés. Leur sentence fut exécutée par une armée à l’honneur bafoué et sous les yeux d’un peuple au cœur meurtri. Mais même la disparition des légendes déchues ne sut totalement guérir ces blessures. Une fidélité sans faille avait été perdue et il était inimaginable que l'on puisse la retrouver.

Parce qu'au final l'histoire des Prétoriens est avant tout une histoire de fidélité.

Et cette histoire-là n'est pas encore finie...[/SPR]
Traité inachevé​
[SPR]...et l'obus en lui-même devra présenter la forme la plus basique qui soit, afin d'en optimiser la production à grande échelle et d'en faciliter l'usage par les troupes impériales.

Toujours dans cet objectif, son calibre a été ajusté pour être utilisé par des mortiers de 12, comme toute autre munition. L'usage d'une amorce par poudre a été privilégié, même si le projet Foudre pourrait offrir une alternative intéressante sur le plan de la rapidité d'usage. Cependant il convient de noter que l'uniformité de la partie postérieure de l'obus protège la charge de Dichlore contenue dans l'ogive lors du premier choc de la mise à feu, un point non négligeable...

L'impact contre le sol déclenche le détonateur situé dans la tête d'ogive, dispersant ainsi le gaz et le laissant libre de se répandre dans la zone visée. Cela implique évidemment la répartition du poids vers la tête de l'obus, afin de respecter les principes élémentaires de la balistique. A noter que d'autres détonateurs sont à l'étude, notamment basés sur le principe de l'horlogerie, mais cela fait déjà l'objet d'un autre projet.

La dispersion du gaz se fait par le mouvement d'air sur le lieu de l'impact, un nombre plus nombreux de charges augmentant évidemment l'ampleur de l'attaque. Nos premiers essais sont très encourageants et nous expérimentons différents dosages pour obtenir une létalité quasi-totale dans les zones visées.

Même si les prototypes du projet Sconse ont déjà donné des résultats pleinement satisfaisants, de nombreux tests et perfectionnements seront donc nécessaires pour confirmer l'ajout de cette nouvelle arme dans l'arsenal de l'Empire. Ceux-ci seront mis en œuvre dès le retour de l'expédition de la Mer des Brumes…

Extrait du Traité inachevé sur les armes chimiques, par le chimiste impérial Saule.
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LES EVENEMENTS DE L'ÎLE
[SPR]La Mer des Brumes n’était pas à proprement parler une mer. Il s’agissait en fait d’un brouillard constant, immense, qui s’étendait en plein milieu d’un océan et qui n’avait de frontières que celles qu’on pouvait voir soi-même. Aussi cette « mer » n’était généralement identifiée sur les cartes maritimes que par une zone large et imprécise, recouverte par les larges lettres qui formaient son nom ; zone que tout capitaine prudent et de bon sens s’appliquait à faire éviter à son navire. Car comme toutes les zones non-cartographiées, la Mer des Brumes était une étendue où il était facile de se perdre. Les îles qui s’y trouvaient n’avaient pas de noms et des récifs escarpés pouvaient surgir à tout instant du brouillard épais. C’était depuis longtemps un endroit lugubre et délaissé, et il arrivait qu’un navire trop téméraire, voulant gagner quelques heures de route, ne finisse finalement jamais la route en question et disparaisse, purement et simplement.

Pourtant, depuis quelques mois déjà, quelque chose avait fait son apparition dans cette zone désertée et des éléments inédits erraient dans ces eaux à l’abri des regards. Des frégates, que l’on croyait perdues depuis la dernière guerre de l’Empire, avaient traversé en secret et en silence le brouillard vers une même direction. Des équipages malveillants sillonnaient la frontière opaque de la Mer des Brumes en quête de proies. Les disparitions s’accumulaient plus que par le passé et des rumeurs inquiètes commençaient à s’insinuer dans les ports.

D’autres navires encore tournaient autour d’îles sans nom, avec un but bien précis : l’expérimentation. Ils naviguaient discrètement, au rythme de leurs essais, en solitaire ou en couple. Le petit brick fin et léger dénommé Sconse, escorté dans son périple par la frégate Vangarde, faisait partie de ces expéditions clandestines.

Cette nuit-là, on avait amené les deux vaisseaux au large d'une de ces îles vierges perdues dans les brumes, dont la baie bordée de falaises avait offert un abri tout désigné au Sconse.

Le petit navire était un brick ordinaire, peu différent des autres vaisseaux de son gabarit. Mais s’il avait peut-être toutes les apparences d’un navire normal, en réalité ce navire expérimental cachait en son sein des secrets interdits, encore inavouables pour le moment. Des secrets qu’il s’appliqua à mettre en œuvre dès qu’il approcha de l’île. Tandis que le Vangarde patrouillait dans les eaux alentours, des détonations puissantes résonnèrent dans l’obscurité, des projectiles s’élevèrent dans la clarté de la lune avant de retomber à travers le brouillard sur la terre ferme.

Lentement, mais sans rien pour l'arrêter, un nuage verdâtre envahit progressivement l’île, jusqu'à la submerger entièrement. Quand le silence revînt, les deux navires continuèrent à se garder à l'écart, et ils le restèrent tout au long de la nuit. Plus tard, les évènements qui devaient suivre ce bombardement seraient désignés officieusement par l’armée impériale comme les « évènements de l’île ».

Mais tout ceci ne démarra qu’au petit matin : quand la brise matinale acheva de disperser au loin la brume malsaine et que le Sconce quitta son protecteur pour aller jeter l’ancre dans la petite baie silencieuse…[/SPR]
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A suivre...​

 
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