Philtre d'amour et incantations, invoquer Hécate et la Lune, divinités favorables aux amants, donnés par Cimétha, après d' âpres négociations:
Couronner le chaudron avec la laine écarlate d’une brebis, afin que d'enchaîner celle qui cause ma peine, la femme aimée, Pénélope.
Allons, Séléné, brille d’un bel éclat ; car c’est à toi que je veux adresser mes incantations à voix basse, à toi, déesse, et à la souterraine Hécate, qui fait trembler même les chiens, quand elle va le long des tombes et parmi le sang noir. Salut, terrible Hécate, assiste-nous jusqu’au bout et fais que nos enchantements ne le cèdent en rien à ceux de Circé, de Médée et de la blonde Périmède.
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Saupoudrer le feu de farine blanche et dire en même temps : Je répands les os de Pénélope.
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Brûler un laurier à l’intention de Pénélope, tout en disant: comme ce laurier, en prenant feu, crépite avec fracas, comme il s’est brusquement allumé sans laisser de cendre visible, qu’ainsi la flamme réduise en poussière les os de Pénélope !
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Faire fondre de la cire avec l’aide de la déesse: ainsi puisse fondre d’amour à l’instant l' ionienne Pénélope ! Et de même que tourne cette roue d’airain sous l’impulsion d’Aphrodite, qu’ainsi cette femme tournoie devant ma porte !
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Brûler du son, en disant: Toi, Artémis, tu pourrais ébranler même les portes d’acier de l’Hadès et tout ce qu’il y a de plus dur au monde
Lorsque les chiens hurleront, la déesse sera dans les carrefours, vite, faire retentir l’airain.
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Voici que la mer se tait, que se taisent les vents ; mais mon chagrin ne se tait pas dans mon cœur. Je brûle tout entier pour cette femme qui, hélas au lieu d’un époux a fait de moi un misérable perdu.
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Par trois fois faire une libation, et par trois fois, par la déesse, renouveler ce souhait: que ce soit une femme,que ce soit un homme qui partage son lit, qu’elle l’oublie aussi complètement que jadis Thésée oublia, dit-on, dans Dia Ariadne aux belles tresses ! »
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Prendre une frange du manteau de Pénélope. L’effiler et la jeter dans le feu dévorant.
Torcol, attire vers ma demeure cette femme qui est à moi.
Broyer une salamandre et lui porter le lendemain en breuvage. Mais pour le moment, prendre des herbes et en frotter le haut du jambage de sa porte, tant qu’il fait encore nuit et dire en crachant dessus : Je pétris les os de Pénélope.
Écoute d’où est venu mon amour, auguste Séléné.
Ulysse parti, abandonnant les siens, il fallait décider. Qui du plus valeureux, du plus ingénieux, se devait de gouverner. Thrassa, la nourrice de Teucharίdas, me pria d’aller voir la femme qui l'attendait encore et qui par sa sagesse, pouvait seule, décider.
Écoute d’où est venu mon amour, auguste Séléné.
Je la vis, je devins fou, je fus frappé au cœur, infortuné. Mes belles couleurs se fondirent, comment je revins à la maison, je ne le sais pas ; mais, secoué par une fièvre desséchante, je restai étendu dans mon lit dix jours et dix nuits.
Écoute d’où vint mon amour, auguste Séléné.
Mais depuis ce jour, j'attends. Je l'attends elle, elle seule. Elle tisse et tisse toujours, me rabrouant sans cesse, m'enjoignant la patience. Je deviens tout entier plus froid que la neige, sur mon front la sueur afflue pareille à l’humide rosée. Je ne peux articuler un mot, ni même balbutier et, des pieds à la tête, mon beau corps se fige comme une poupée de cire.
Maintenant je vais l’enchaîner par mes philtres ; mais si elle continue à me causer du chagrin, elle ira, j’en jure par les Moires, frapper à la porte d’Hadès, tant sont funestes, j’ose le dire, les poisons que je garde pour elle dans un coffret et que j’ai appris à connaître, ô maîtresse, d’un hôte assyrien.
Mais reçois mon salut et tourne tes chevaux vers l’Océan, déesse auguste. Pour moi je supporterai ma peine comme je l’ai fait jusqu’ici . Adieu, Séléné, au teint brillant; adieu, vous, autres astres qui faites cortège au char de la Nuit paisible.