DeletedUser35449
Guest
Bonjour,
J'ai décidé d'écourter mon récit et de ne laissr ce qui autrefois n'était que le prologue d'un roman qui ne verra jamais le jour...
Peut-être un jour, je serai soudain pris d'inspiration et écrirai autre chose
Bonne lecture,
[SPR]La berline noire pénétra par la grille ouverte dans l’immense parking de l’aéroport, faiblement éclairé par quelques lampadaires çà et là. Elle trouva une place facilement, car à cette heure tardive, les voitures présentes sont celles des vacanciers partis plus tôt.
Un homme en uniforme sortit de la voiture, côté conducteur, tandis qu’une silhouette féminine, probablement sa femme, ouvrit la porte arrière droite du véhicule. Elle prit un garçon d’environ huit ans dans ses bras. Le gamin était endormi et, tiré de son sommeil, il se mit à geindre doucement. Le froid de la nuit qui l’entourait lui mordit les mollets, ce qui lui fit remarquer qu’il était en pyjama court. À la faible lueur orangée diffusée par les lampes, on distinguait les yeux brillants d’intelligence de l’enfant, mais aussi son incompréhension concernant le sujet de son réveil quelque peu forcé. Il observait ce qui se passait autour de lui, et, après quelques minutes, remarqua d’autres familles, d’autres enfants qui se déplaçaient sur le parking, prenant la direction du quai d’embarquement central, un immense bâtiment moderne, avec des grandes baies vitrées dans lesquelles se reflétaient les lumières provenant de l’autoroute toute proche, ainsi que celle de la lune, qui formait un croissant parfait. Croissant…
Ils entrèrent dans l’aéroport. Là, des dizaines, peut-être même une voire deux centaines d’hommes, cheveux courts, de tailles différentes, portant tous un uniforme quasi identique, couleur sable, avec des motifs irréguliers ressemblant à ceux que font quelques gouttes d’essence pour moteur dans une flaque d’eau, et affichant tous ou presque des mines attristées, serraient dans leurs bras leurs épouses et leurs gosses. Certains avaient des épaulettes avec des étoiles et des barres, d’autres des barres et de drôles de flèches, d’autres encore seulement des barres ou bien une seule flèche. Lorsqu’ils se voyaient, quelques-uns échangeaient une poignée de main.
Le père répondit uniquement du même signe de main, préférant sans doute garder le silence, et continua son chemin, en direction d’un homme seul, debout devant un portique de sécurité. Il était large d’épaules, assez grand, ses bras musclés étaient croisés sur son torse proéminent et il affichait une mine altière. À sa vue, le gamin enfouit sa tête dans les bras de sa mère, qui fleuraient bon l’orange, tandis que, cette fois-ci, le père adressa en premier le fameux geste de la main à l’homme, en disant à voix haute et claire :
Le ton de sa voix était ferme, ne laissant passer aucune émotion, si ce n’est une autorité qui ne demande pas de contestation. Jamais l’enfant n’avait entendu son père parler ainsi. Ce dernier se mit d’ailleurs à la droite de celui qu’il avait appelé «son colonel », qui commença un long discours, avec des mots qu’il ne connaissait pas, tels que «3ème peloton du 1er régiment », « rikkie » des lettres et des chiffres dans un ordre bizarre. Il comprit cependant que ce qui allait se passer serait une épreuve difficile pour les familles comme pour les pères, les frères et les maris qui partaient. Là, il comprit que son père partait, mais où ?
Un fois le discours fini, le silence s’abattit comme une masse dans la pièce, chacun attendant la suite. Puis, le colonel prononça un « veuillez avancer » d’une voix grave, profonde et sans entrain. Tous les hommes en uniformes se sont mis à passer par le portique, toujours en silence, jetant parfois des coups d’œil derrière eux. Le père est passé dans les derniers, avant dernier en fait, juste avant «son colonel ». Les familles ont pu avancer elles aussi, mais quelques minutes plus tard. Sur la piste, deux immenses avions, les moteurs en route, engloutissaient les derniers soldats. L’enfant, après plusieurs minutes de réflexion, su mettre un nom à ces appareils : des C-130. Son père en parlait souvent ces derniers temps. La mère et son fils regardaient chaque hublot un à un pour distinguer le visage si familier du pater familias. Enfin, la mère glissa à son fils :
L’enfant contempla longtemps le visage faussement souriant de son père qui le fixait, regrettant de ne pas avoir compris plus tôt que celui-ci partait, et de ne pas l’avoir serré dans ses bras. Intérieurement, il se jura d’être sage avec maman, de bien apprendre ses leçons à l’école, d’être gentil avec tout le monde afin qu’à son retour, son père soit fier d’avoir un fils comme lui.
Sa mère ne lui répond que brièvement. Elle aussi contemple son mari, une larme discrète perlant au coin de son œil gauche.
Il ne comprend pas le sens de cette phrase, malgré l’intelligence dont il bénéficie.
Pourquoi sa mère lui parle-t-elle ainsi, sans précision, une chose qu’il sait qu’elle apprécie ? Mais il se retient de poser la question. Il entend les moteurs des C-130 tourner plus vite, il ressent le courant d’air qu’ils produisent, il sent, il sait que son père va s’éloigner loin, pendant beaucoup de dodos et juste parce qu’il aime son travail et qu’il veut une vie meilleure pour sa famille. Maintenant il pleure. Il veut quitter les bras de sa mère, où il se trouve depuis maintenant plus d’une heure. Il veut courir jusqu’à l’énorme avion où son père se trouve, ouvrir la porte métallique et sauter dans les bras de son père en le suppliant de rester avec lui… mais sa mère le tient fermement, et il sait que ni les pleurs, ni le chantage ni les débats ne la feront lâcher prise. Donc il regarde, impuissant, l’avion de son père avancer lentement sur la piste, tourner légèrement, emprunter une autre piste, accélérer pour enfin décoller et s’éloigner jusqu’à devenir une ombre rapetissant de plus en plus dans la nuit. [/SPR]
J'ai décidé d'écourter mon récit et de ne laissr ce qui autrefois n'était que le prologue d'un roman qui ne verra jamais le jour...
Peut-être un jour, je serai soudain pris d'inspiration et écrirai autre chose
Bonne lecture,
[SPR]La berline noire pénétra par la grille ouverte dans l’immense parking de l’aéroport, faiblement éclairé par quelques lampadaires çà et là. Elle trouva une place facilement, car à cette heure tardive, les voitures présentes sont celles des vacanciers partis plus tôt.
Un homme en uniforme sortit de la voiture, côté conducteur, tandis qu’une silhouette féminine, probablement sa femme, ouvrit la porte arrière droite du véhicule. Elle prit un garçon d’environ huit ans dans ses bras. Le gamin était endormi et, tiré de son sommeil, il se mit à geindre doucement. Le froid de la nuit qui l’entourait lui mordit les mollets, ce qui lui fit remarquer qu’il était en pyjama court. À la faible lueur orangée diffusée par les lampes, on distinguait les yeux brillants d’intelligence de l’enfant, mais aussi son incompréhension concernant le sujet de son réveil quelque peu forcé. Il observait ce qui se passait autour de lui, et, après quelques minutes, remarqua d’autres familles, d’autres enfants qui se déplaçaient sur le parking, prenant la direction du quai d’embarquement central, un immense bâtiment moderne, avec des grandes baies vitrées dans lesquelles se reflétaient les lumières provenant de l’autoroute toute proche, ainsi que celle de la lune, qui formait un croissant parfait. Croissant…
- J’ai faim, dit d’une faible voix l’enfant.
- Chhhut, lui chuchota doucement sa mère.
- Chhhut, lui chuchota doucement sa mère.
Ils entrèrent dans l’aéroport. Là, des dizaines, peut-être même une voire deux centaines d’hommes, cheveux courts, de tailles différentes, portant tous un uniforme quasi identique, couleur sable, avec des motifs irréguliers ressemblant à ceux que font quelques gouttes d’essence pour moteur dans une flaque d’eau, et affichant tous ou presque des mines attristées, serraient dans leurs bras leurs épouses et leurs gosses. Certains avaient des épaulettes avec des étoiles et des barres, d’autres des barres et de drôles de flèches, d’autres encore seulement des barres ou bien une seule flèche. Lorsqu’ils se voyaient, quelques-uns échangeaient une poignée de main.
- Mon Major, fit un homme à l’intention du père de l’enfant, en portant sa main droite à la tempe et en gonflant légèrement sa poitrine.
Le père répondit uniquement du même signe de main, préférant sans doute garder le silence, et continua son chemin, en direction d’un homme seul, debout devant un portique de sécurité. Il était large d’épaules, assez grand, ses bras musclés étaient croisés sur son torse proéminent et il affichait une mine altière. À sa vue, le gamin enfouit sa tête dans les bras de sa mère, qui fleuraient bon l’orange, tandis que, cette fois-ci, le père adressa en premier le fameux geste de la main à l’homme, en disant à voix haute et claire :
- Mon Colonel.
Le ton de sa voix était ferme, ne laissant passer aucune émotion, si ce n’est une autorité qui ne demande pas de contestation. Jamais l’enfant n’avait entendu son père parler ainsi. Ce dernier se mit d’ailleurs à la droite de celui qu’il avait appelé «son colonel », qui commença un long discours, avec des mots qu’il ne connaissait pas, tels que «3ème peloton du 1er régiment », « rikkie » des lettres et des chiffres dans un ordre bizarre. Il comprit cependant que ce qui allait se passer serait une épreuve difficile pour les familles comme pour les pères, les frères et les maris qui partaient. Là, il comprit que son père partait, mais où ?
Un fois le discours fini, le silence s’abattit comme une masse dans la pièce, chacun attendant la suite. Puis, le colonel prononça un « veuillez avancer » d’une voix grave, profonde et sans entrain. Tous les hommes en uniformes se sont mis à passer par le portique, toujours en silence, jetant parfois des coups d’œil derrière eux. Le père est passé dans les derniers, avant dernier en fait, juste avant «son colonel ». Les familles ont pu avancer elles aussi, mais quelques minutes plus tard. Sur la piste, deux immenses avions, les moteurs en route, engloutissaient les derniers soldats. L’enfant, après plusieurs minutes de réflexion, su mettre un nom à ces appareils : des C-130. Son père en parlait souvent ces derniers temps. La mère et son fils regardaient chaque hublot un à un pour distinguer le visage si familier du pater familias. Enfin, la mère glissa à son fils :
- Regarde la fenêtre juste au-dessus de l’aile du premier avion
- Où ça, où ça ?
- Là, répondit-elle en désignant un hublot avec l’index.
- Où ça, où ça ?
- Là, répondit-elle en désignant un hublot avec l’index.
L’enfant contempla longtemps le visage faussement souriant de son père qui le fixait, regrettant de ne pas avoir compris plus tôt que celui-ci partait, et de ne pas l’avoir serré dans ses bras. Intérieurement, il se jura d’être sage avec maman, de bien apprendre ses leçons à l’école, d’être gentil avec tout le monde afin qu’à son retour, son père soit fier d’avoir un fils comme lui.
- Où part papa ?
- Loin.
- Il part en vacances sans nous ?
- Ce ne sont pas de vacances.
- Loin.
- Il part en vacances sans nous ?
- Ce ne sont pas de vacances.
Sa mère ne lui répond que brièvement. Elle aussi contemple son mari, une larme discrète perlant au coin de son œil gauche.
- Pourquoi part-il alors ?
- Parce qu’il aime son travail, et parce qu’il veut que nous ayons une vie meilleure.
- Parce qu’il aime son travail, et parce qu’il veut que nous ayons une vie meilleure.
Il ne comprend pas le sens de cette phrase, malgré l’intelligence dont il bénéficie.
- Quand revient-il ?
- Dans beaucoup de dodos.
- Tant que ça ?
- Oui.
- Combien ?
- Beaucoup.
- Dans beaucoup de dodos.
- Tant que ça ?
- Oui.
- Combien ?
- Beaucoup.
Pourquoi sa mère lui parle-t-elle ainsi, sans précision, une chose qu’il sait qu’elle apprécie ? Mais il se retient de poser la question. Il entend les moteurs des C-130 tourner plus vite, il ressent le courant d’air qu’ils produisent, il sent, il sait que son père va s’éloigner loin, pendant beaucoup de dodos et juste parce qu’il aime son travail et qu’il veut une vie meilleure pour sa famille. Maintenant il pleure. Il veut quitter les bras de sa mère, où il se trouve depuis maintenant plus d’une heure. Il veut courir jusqu’à l’énorme avion où son père se trouve, ouvrir la porte métallique et sauter dans les bras de son père en le suppliant de rester avec lui… mais sa mère le tient fermement, et il sait que ni les pleurs, ni le chantage ni les débats ne la feront lâcher prise. Donc il regarde, impuissant, l’avion de son père avancer lentement sur la piste, tourner légèrement, emprunter une autre piste, accélérer pour enfin décoller et s’éloigner jusqu’à devenir une ombre rapetissant de plus en plus dans la nuit. [/SPR]
Dernière édition par un modérateur: