Bonjour à tous et à toutes,
Je suis resté à l'écart de ce sujet qui fait débat depuis maintenant quelques temps.
J'ai lu quelques-uns de vos commentaires, et quelques clarifications s'imposent, de mon humble avis.
Avant de commencer, je me présente, pour que les choses soient claires (toujours cette histoire de transparence...retenez bien ce mot) dès le départ : je suis de sexe masculin, de confession musulmane, et je vais bientôt pratiquer la médecine (vous comprendrez le pourquoi de cette précision par la suite).
Bien. Premièrement, je constate qu'on parle beaucoup de traditions, de laïcité, d'amalgame, de droits des femmes...tout ça mélangé dans un joli melting-pot tout rose dans le meilleur des mondes possibles.
De plus, quelqu'un écrivait qu'il y avait beaucoup de tabous autour de ce débat. Il ne devrait pas y en avoir.
Il est primordial de ne pas tout mélanger. La laïcité n'a rien à voir avec le droit des femmes. La Burqa n'a, en soi, rien à voir avec le droit des femmes. (ne vous énervez pas, et lisez jusqu'au bout)
La laïcité. Si on lit certains commentaires de personnes se disant Athées, on penserait que la laïcité est la " RELIGION de la NON-RELIGION ", autrement dit, pour ces personnes, la laïcité, c'est un lieu où aucune religion n'est admise.
Or, ce n'est pas ça "être laïque". Etre laïque, c'est la liberté de culte. C'est permettre à chacun de pratiquer sa religion. Ce n'est pas restreindre la religion et sa pratique. Non.
Ensuite, en quoi la Burqa est-elle un frein à la liberté de la Femme ?
La Burqa, EN SOI, empêche-t-elle une femme de manger ? D'étudier ? De parler ? D'avoir une conversation, une vie sociale ? Non, messieurs dames les moralisateurs, la Burqa, en soi, n'est pas un facteur limitateur de liberté pour la femme qui la porte.
De quel droit pouvez-vous dire d'une femme qui porte la Burqa qu'elle ne la porte pas de son plein gré ? Seriez vous doté tout à coup de télépathie ?
Une femme qui décide, D'ELLE-MÊME, de porter la Burqa, n'a rien à envier à celle qui porte des soutiens-gorge rembourrés, ou qui, poussées par la pression de la mode et des magazines de beauté en tous genres, porte un style vestimentaire qui, au fond, peut-être, ne lui correspond pas.
PAR CONTRE, une femme qui est CONTRAINTE de porter la Burqa, CONTRE SON GRE donc, voit sa liberté restreinte du même coup. Mais notez bien : il s'agit là d'une atteinte à la liberté de la femme de disposer d'elle-même ; et cette liberté n'est pas atteinte par la Burqa, mais par le fait qu'on l'oblige à FAIRE QUELQUE CHOSE QU'ELLE NE VEUT PAS.
Ne faites pas d'amalgame, et cernez bien les choses. Ce n'est pas fini.
On a donc montré que la Burqa n'était pas un limitateur de liberté pour une femme, à partir du moment où celle-ci décidait de la porter au même titre qu'un jean, une robe, des talons...
Par contre, et c'est là où la loi doit puiser sa raison d'être, la Burqa, au même titre qu'une cagoule, qu'un masque, est un élement limitateur d'idenditification d'une personne. Et dans notre société, pour pouvoir faire certaines choses, il est nécessaire de pouvoir être identifié. La Burqa ne le permet pas, et limite à fortiori les droits de celle qui la porte.
En effet, il suffit de prendre le système d'identification le plus répandu : la carte d'IDENTITE. Le visage est l'élement d'identification de premier ordre, c'est à dire le premier sur la liste (je ne dis pas le meilleur, mais celui qu'on appréhende en premier face à une personne).
Donc, le problème n'est pas du tout un problème de religion ici.
Le problème vient d'une phrase qui est, à mon avis, fondamentale dans une société pour pouvoir vivre en communauté : MA LIBERTE S'ARRETE LA OU COMMENCE CELLE D'AUTRUI.
Porter la Burqa, en soi, ne peut pas être l'objet d'une interdiction. Mais, dans un lieu publique, elle empêche autrui de pouvoir vous IDENTIFIER.
J'illustre cela d'un petit exemple : partons du fait que la Burqa est autorisée. On est dans une aire de jeux, un jour de vacance, les enfants jouent, les parents discutent, surveillent leurs enfants. Parmis ces enfants, il y a deux ou trois petits maghrébins. A un moment, une femme en Burqa s'approche de l'un d'entre eux, le prend par la main, et l'emmène ; l'enfant semble ne pas vouloir partir et semble vouloir continuer à jouer avec ses petits copains. La maman semble ne rien vouloir entendre, et le tire par le bras. Quelques parents regardent la scène de loin, et voient l'enfant et la maman sortir du parc.
Le soir, aux informations, une alerte enlèvement est diffusée à la TV.
Moralité : un pédophile peut profiter de cette impossibilité d'identification et des tabous autour de la question de la Burqa. Est-ce impossible ?
Enfin, pour la question de la religion. Je suis étudiant en médecine, et je suis formé dans l'idée que la VIE importe plus que n'importe quoi d'autre. Que ce soit des considérations traditionnalistes, moralistes, religieuses, politiciennes, la vie et la santé ne se monneyent pas et ne se discutent pas.
Bien sûr, une femme a le droit de choisir son médecin, au même titre que n'importe quel individu de la société. Tant que c'est du domaine de la VOLONTE de la femme, ok.
Par contre, par contre, par contre. Si c'est le MARI qui exige que sa femme ne soit vue que par des doctoresses, pour des raisons purement religieuses ou je ne sais quoi, là, il y a problème.
Pour la Burqa, c'est du même accabit. C'est la volonté de la femme qui prévaut d'abord, puis celle des concitoyens.
En conclusion : la Burqa, si la femme veut la porter, pas de soucis, sauf dans des lieux publiques. Si la femme ne veut pas la porter, c'est un droit. Qu'on l'oblige reviendrait à bafouer sa liberté à disposer d'elle-même.
Merci d'avoir tout lu.
Jonstar, chef du Noyau Dur