Ornot :
Tu dis que la liberté ne se situe pas forcément dans l'extrême. Et bien c'est totalement contradictoire avec ce que je comprends de ton texte précédent. Je rappelle que tu as écrit :
Pour la majorité, tout les matins, nous nous levons, nous allons travailler. Nous regardons des programmes imposés par la télé. Nous lisons des informations imposées par la presse. Nous nous marions, nous faisons des enfants, parce que c'est comme ça, que c'est dans l'ordre des choses, et que c'est logique!!!! Moi je dis non! Je refuse de suivre la masse.
C'est quand même plus extrême que mon idée, qui manque je te l'accorde d'originalité en soi. Cependant, mon envie de voyager en Afrique viens d'une passion que j'ai pour ce continent depuis très longtemps qui n'a rien de commun avec "la masse". De plus n'ayant jamais regardé la télévision de toute ma vie, je ne considère pas mon esprit comme "formaté par les médias".
Tu écris qu'il vaut mieux rester en France pour aider les pauvres, qui sont cachés par les médias, si je te suis bien. Je sais pertinemment que la pauvreté existe dans les pays riches, mais tu ne peux pas la comparer à la misère de l'hémisphère sud. De plus, le système éducatif en France est excellent et donne à tous les nouveaux nés (par tous, je pense à l'énorme majorité qui a accès à l'éducation) une chance de se hisser aux plus hauts postes. Inutile de commencer à me sortir l'éternel pamphlet sur les inégalités du système éducatif, etc. Je suis fils d'ouvrier, j'ai connu ces inégalités et je m'en suis très bien sorti, alors tout le monde le peut, il suffit de s'en donner les moyens.
Tu dis également que tu veux faire des études poussées, voyager, c'est en quelque sorte ta solution si j'ai bien compris... Tout le monde n'a pas les moyens de le faire.
Bon je pense avoir réfuté ce point dans le cas des pays développés, tels que la France, puisque je suis la preuve vivante que si. Ici, tout le monde a les moyens de le faire. Bien évidemment ce n'est pas le cas dans le monde entier, d'où mon rêve d'aller contribuer au système éducatif d'un pays moins développé comme celui de nombreux pays d'Afrique. Ma façon de faire en sorte que tout le monde ait une chance de s'en sortir, ou tout du moins de contribuer à cette belle idée.
Et je suis également très enthousiaste à l'idée de débattre avec toi. Excuse moi d'avoir "simplifié" tes pensées, mais c'est peut-être le signe qu'elles n'étaient pas exprimées suffisamment clairement. C'est pour moi aussi difficile de communiquer avec précision une réflexion qui est, ne vous en déplaise, très élaborée.
Je vais maintenant revenir sur ce qu'a ajouté Yamamoto, mais mes réflexions sont valables également pour l'argumentation de Ornot. Vous parlez de formatage par la société, et comparez la société à un troupeau de moutons, fort bien. Ce que je vais écrire maintenant est important, vous devriez y réfléchir. Avez vous conscience que toutes les idées que vous avez exposées jusqu'à présent sont préconçues ? Pour commencer, avez vous inventé la fameuse comparaison du mouton ? Non, vous l'avez lue quelque part. Et comme 99% de la population, vous avez intégré ces idées qui ne véhiculent pas par les médias, mais qui n'en sont pas moins un effet de masse : l'homme est un mouton, l'homme est manipulé, l'homme est opprimé. Ouvrez les yeux:
tout le monde pense comme vous. Le fait que je sois le seul sur ce sujet à soutenir la thèse opposée à la votre, n'est-ce pas la parfaite illustration de ce point ? Évidemment il y a bien l'avis des cyniques et des pragmatiques qui n'ont jamais réfléchi à ces questions, et celui ci est encore moins valable, je vous l'accorde.
Soyons plus rigoureux : je n'ai trouvé dans vos écrits aucun argument original, rien que je n'ai déjà entendu dans des centaines de bouches. Un exemple, Yamamoto cite Bernard Werber. L'homme qui a vendu 15 millions d'exemplaires de ses livres, l'auteur français le plus lu au monde après Marc Levy. J'ai lu beaucoup de ses ouvrages, j'étais moi-même passionné par cet auteur quand j'étais plus jeune. Mais j'ai appris à avoir un œil critique, et vous devriez en faire autant, car cet auteur est extrêmement subversif. Pour être plus précis, il est le parfait manipulateur des masses. Prenons l'exemple de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. Savez-vous que la plupart des articles de ce livre, présenté comme une encyclopédie donc source de vérité, sont totalement faux ? Personnellement, le fait qu'un auteur aussi célèbre véhicule des idées fausses, qui seront immédiatement admises par la moitié de ses 15 millions de lecteurs, ça me donne la chair de poule. Cet auteur est génial, car il a un don pour véhiculer ses opinions politiques en filigrane de tous ce qu'il écrit. Et ce n'est pas très difficile de vous en rendre compte, relisez le maintenant que je vous ai prévenu. Évidemment ses idées sont jolies, et tout le monde a envie d'y croire, parce qu'elles donnent l'impression d'être unique, de sortir de la masse, et d'œuvrer pour le bien commun. Les impressions sont parfois fausses.
La citation que tu nous livre... Je ne saurais dire à quel point je la trouve banale. "Des bergers qui veulent nous faire brouter la même herbe"... Avez vous conscience que tout le monde a toujours accusé les dirigeants d'être des exploiteurs, des manipulateurs ? Il serait temps de regarder plus loin que le bout de son nez. Il y a trois niveaux de réflexion qui sont pour moi évidents, et visiblement vous n'en voyez que les deux premiers. Les voici :
-Premier niveau, le discours de celui qui ne se pose aucune question. Celui qui admet sans réfléchir et qui a une confiance absolue en la société. Très rare, ce sont des imbéciles et ils ne m'intéressent pas.
-Second niveau, ceux qui nient. Qui pensent que le gouvernement vous exploite, vous manipule par les médias. Ceux qui ont entendu ces idées, et les ont assimilées. Certain sont des idiots de la même façon que la catégorie précédente. D'autres n'ont pas conscience du fait qu'ils sont partie sur une base fausse, qu'ils se sont fait eux-même formater par une "réaction populaire face aux gouvernements" (le "s" n'est pas une faute d'orthographe). Il m'est terrible de constater qu'ils combattent ce qu'ils sont eux-même !
-Troisième niveau, ceux qui, à un moment ou à un autre, ont réussi à dépasser ce second niveau. Ceux qui savent, suivez moi bien, qu'il existe un formatage par la société, mais qui savent que cette connaissance est également un formatage et est à prendre avec la plus grande précaution. Ceux, qui ont arrêté de croire en Bernard Werber. Ceux qui réfléchissent longuement, régulièrement à ces questions. Ceux qui cherchent à développer leur propre opinion à tout pris, mais qui sont prêt à en changer à tout moment si ils ont développé une idée plus poussée. Ceux là se lèvent pour aller travailler, comme tout le monde, lisent les informations, comme tout le monde mais ne sont pas des moutons.
Je ne prétends pas détenir la vérité ultime bien entendu. Mon opinion est peut être fausse et je suis prêt à en changer si quelqu'un me présente des idées nouvelles. J'ai été comme vous, j'ai pensé comme vous, et je suis convaincu d'avoir dépassé ce stade, c'est pourquoi je défends une thèse contraire à la votre, et j'espère par là vous aider à sortir du moule que vous êtes persuadés d'avoir quitté (je sens venir les réponses du genre : "on sait bien qu'on est dans le moule, c'est justement ce qu'on explique", ceux qui écriront ça n'ont pas du tout compris ce qui précède).
Pour conclure, de crainte d'obtenir des messages haineux j'ajouterai quelque chose d'important et si ça vous étonne vous devriez relire ce que j'ai écrit à la lumière de cette dernière phrase :
Je ne m'oppose pas à votre thèse mais à la façon dont vous la défendez.